« Undertaker T7 » : le retour de Rose Prairie ?

Apparu en 2015, à une époque où le western tentait un retour timide dans le monde de la bande dessinée, « Undertaker » a fortement participé à sa résurrection. « Mister Prairie » est le septième épisode et le premier du quatrième cycle (en deux albums) des aventures de ce croque-mort. Comme le temps passe ! Un récit qui va lui permettre de renouer avec Rose Prairie : l’amour de sa vie. C’est compter sans l’imagination fertile de Xavier Dorison, qui complique sérieusement ces retrouvailles…

Remarqué par la puissance de son tir pendant la guerre de Sécession, Jonas Crow est recherché pour une série de crimes qu’il aurait commis sous l’identité de Lance Strilland.

C’est sous la défroque d’un croque-mort — sur son corbillard itinérant — que notre héros, misanthrope et cynique, parcourt l’Ouest, avec pour seule compagnie Jed le vautour.

Un message signé R. Prairie lui laisse espérer que la belle institutrice qui l’avait quitté pour le sauver — après un long périple mouvementé — souhaite son retour.

Arrivé à Eaden City, petite bourgade du Texas — éminemment sudiste et nostalgique de son passé esclavagiste —, il découvre avec effroi que sa belle est mariée au docteur Randolph Prairie : lequel est l’auteur du message.

Ce dernier lui demande d’effectuer deux enterrements : celui du père Wilson, un curé (mais pas vraiment un saint homme) — mort dans des circonstances étranges —, et celui du fœtus d’une mystérieuse femme pieuse qui s’apprête à avorter. Ils doivent affronter la colère de la bouillante Sister Oz (et de ses ouailles) : une religieuse fanatique au visage d’ange, membre de la Ligue pour la suppression du vice au Texas, prête à tous les excès pour gagner son combat contre l’avortement. Une fois de plus, voilà Jonas Crow mêlé à une affaire dont des femmes — trois ! — sont les protagonistes. Une affaire dont il se serait bien passé.

À la différence d’un banal western, bien que tous les ingrédients du genre soient au rendez-vous, « Undertaker » pose des questions toujours d’actualité sur des sujets tels que le fanatisme religieux, l’avortement, le racisme, la manipulation des idées… Xavier Dorison confronte son héros à des personnages fascinants dont les motivations dépassent le simple divertissement du western classique.

Le dessin fluide de Ralph Meyer, réalisé au pinceau sec, alterne entre gros plans d’une redoutable précision et images larges aux décors évocateurs, méticuleusement tracés d’une main qui ne tremble pas. Les couleurs éclatantes de Caroline Delabie, diplômée en architecture intérieure, habillent ces pages pleines de sensualité, dominées par les tons ocre propres à l’automne. Un album de 62 pages aux images sublimes, signées par un duo d’auteurs rare, respectueux de ses lecteurs et sur le talent desquels nous n’insisterons pas.

Scénariste à la production raisonnable — qui n’a jamais déçu —, Xavier Dorison, né le 8 octobre 1972 à Paris, a signé quelques perles dans tous les genres. On lui doit les séries « Le Troisième Testament » avec Alex Alice, « W.E.S.T » pour Christian Rossi, « HSE » pour Thomas Allart, « Prophet » (le premier album) et « John Long Silver » pour Mathieu Lauffray, « Sanctuaire » pour Christophe Bec, « Aristophania » pour Joël Parnotte, « Le Château des animaux » pour Félix Delep… sans oublier des participations remarquées aux classiques « XIII Mystery » et « Thorgal ».

Né à Paris le 11 août 1971, Ralph Meyer suit les cours de l’École du Louvre, une fois par semaine, dès l’âge de 12 ans. Résidant en Belgique à 20 ans, il suit les cours de l’École Saint-Luc de Liège. Remarqué dès son premier récit en 1996 — la trilogie « Berceuse assassine » avec Philippe Tome —, il dessine « Asgard » avec déjà Xavier Dorison, puis un volume de « XIII Mystery »… Tout en animant « Undertaker » depuis 2015, il illustre couvertures et illustrationsd’albums pour Eddy Mitchell.

Notons, pour les collectionneurs, que Ralph Meyer travaille sur un « goodies » ayant pour thème l’univers d’« Untertaker » : un jeu de cartes reprenant les protagonistes de la série qui sera offert par les éditions Dargaud. Et signalons le très beau dossier de presse qui risque d’être rapidement recherché !

Henri FILIPPINI

« Undertaker T7 : Mister Prairie » par Ralph Meyer et Xavier Dorison

Éditions Dargaud (16,95 €) — EAN : 978-2-5051-1975-3

Parution 10 novembre 2023

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7 réponses à « Undertaker T7 » : le retour de Rose Prairie ?

  1. Patrick BOUSTER dit :

    Petit additif : une co-édition avec la FNAC, présente, sous la même couverture, une pochette en bonus : une dizaine d’ex libris de l’univers de « Undertaker ». Au même prix éditeur.
    Toujours superbe, digne héritage de « Blueberry » pour la facture graphique.

    • Pierre dit :

      Le portefolio qu’on m’a remis à la Fnac du Mans ne contient que 4 exlibris ( il ne pourrait pas en contenir plus)

      • Patrick BOUSTER dit :

        Oui, exact, j’ai surestimé le nombre, auquel il faut ajouter le dessin nb de la couverture de cette pochette.
        Additif 4 (suite et fin ?) : la version Canal BD présente en bonus les ex libris des couvertures des 6 tomes précédents.
        De quoi s’y perdre ! Oh, ma pauvre tête…

  2. drift boss dit :

    Xavier Dorison confronte son héros à des personnages fascinants dont les motivations dépassent le simple divertissement du western classique.

  3. Patrick BOUSTER dit :

    Petit additif 2 : la version Cultura présente une couverture alternative et comme toujours, un cahier spécial de 8 pages. Prix : 18 €, donc un peu plus cher.

  4. PPier dit :

    Petit additif 3 : à l’achat de l’album, mon libraire m’a offert un jeu de cartes Undertaker !

  5. bdcollectors dit :

    Petit additif 4… Mais jusqu’où irons nous ? :)
    Donc info quatre, en Belgique les librairies Slumberland BD-World proposent une version TL à 1200 exemplaires. Cette version est rigoureusement identique au tirage Cultura, excepté l’autocollant en couverture et l’ISBN.

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