« Les Aventures de Gérard Crétin » est une bande dessinée en une page proposée dans le mensuel Mikado des éditions jeunesse Milan, entre 1989 et 1994, et c’est la première série de gags que l’immense Florence Cestac (1) a créée spécifiquement pour la presse ! Son antihéros a tendance à être vantard et gaffeur : il croit souvent savoir tout faire mieux que les autres et être le meilleur en tout… Mais il est quand même attachant, car terriblement naïf ! Ainsi, il enchaîne les situations hilarantes et embarrassantes, incarnant, avec une tendre absurdité, certains travers humains. Le trait de la reine du gros nez en BD y est déjà unique, même si elle juge avoir fait quelques progrès depuis. Mais comme le dit elle-même : « un petit coup de nostalgie, ça ne peut pas faire de mal ! »
Lire la suite...Le combat ordinaire 2 : Les quantités négligeables
Marco, installé à la campagne avec Emilie, revient à Paris le temps d’exposer dans une galerie chic. Ses photos ne sont pas vendeuses. Rien de spectaculaire, pas de cadavres exotiques, juste des portraits de vivants en péril – ceux de …
Marco, installé à la campagne avec Emilie, revient à Paris le temps d’exposer dans une galerie chic. Ses photos ne sont pas vendeuses. Rien de spectaculaire, pas de cadavres exotiques, juste des portraits de vivants en péril – ceux de l’atelier 22 du chantier naval, où il retrouve ses copains d’enfance, dont Bastounet qui a voté FN parce qu’il n’émerge plus de la mouise où on l’abandonne. Des beaux portraits d’hommes ordinaires, de « quantités négligeables ». Pendant que le snobisme bat son plein dans la sphère artistique – entre arrogance et auto-satisfaction -, Marco vit sa vie, avec le frangin complice en rigolades, les pilules anti-angoisse avalées par douze, le papa qui s’en va sans rien dire, avant de se faire engloutir par Alzheimer. Et son Emilie qui veut une nouvelle maison pour y loger un bébé.. Tout en ménageant un équilibre vital entre rire et émotion, ce tome 2 du Combat ordinaire va plus loin « où ça fait mal » – entre autres quand Larcenet aborde, avec une infinie pudeur, en images belles à chialer, ce vertige qu’est la mort inéluctable des parents. Par ailleurs, il pose quelques questions cruciales. Comment peut-on être un grand artiste et un sale con ? (Sans réponse.) Comment aimer « l’autre » ? (Les femmes répondent – Emilie, Naïma et la petite factrice.) Comment rigoler avec tout ce qu’on prend sur la poire, comment vaincre la trouille de devenir père à son tour ? Son père lui disait : « Il faut faire des enfants, Marco, ça fait de nous des hommes meilleurs. » Et ce livre aussi – bouleversant, bourré de vie, d’intelligence et de beautés graphiques, formidablement drôle entre deux détresses – fait de nous des hommes meilleurs. C’est rare, en bande dessinée comme ailleurs.