La face cachée d’Hollywoodland : deuxième !

Après un premier recueil paru en octobre 2022 (et une prépublication dans le célèbre mensuel éponyme depuis le n° 548 de février de cette même année), les éditions Fluide glacial proposent aujourd’hui le deuxième opus de ce diptyque qui contient huit nouveaux récits doux-amers sur l’âge d’or d’Hollywood. Dans un style rétro et un humour décalé tout à fait appropriés, le dessinateur Éric Maltaite et le scénariste Zidrou se sont fait leur propre cinoche, en nous entraînant dans ces légendaires fifties où le cinémascope américain était à son apogée : histoire de voir ce qui se passait vraiment de l’autre côté de la caméra, alors que l’on va commémorer, cette année, les 100 ans de l’enseigne avec les fameuses lettres de ce véritable symbole de l’entreprise du divertissement.

Ce deuxième volume commence d’ailleurs en 1923, lors de la construction de ce célèbre panneau qui, à l’origine, était destiné à commercialiser le projet immobilier d’un quartier résidentiel : Hollywoodland ! Le tout devait rassembler 13 lettres de 50 pieds de haut sur 30 pieds de large, avec trois tronçons sensés s’éclairer en alternance : HOLLY, puis WOOD, et LAND ensuite. Le publicitaire ne se refusant rien pour réaliser un coup médiatique poussa le souci du détail jusqu’à organiser un convoi de 13 mulets portant, chacun, l’une de ces lettres flamboyantes sur un coteau de la colline qui surplombe le mythique quartier de Los Angeles… Évidemment, rien ne s’est passé comme prévu, mais les lettres restantes deviendront quand même l’incarnation de l’industrie du rêve à travers le monde. Si, si, c’est bien ainsi que cela s’est déroulé : si Zidrou le dit, c’est que c’est vrai !

Bien entendu, oscillant toujours entre cynisme, noirceur et tendresse, le polymorphe et érudit Zidrou jonche ces amusantes petites histoires sans concession sur la légende d’Hollywood de ses habituels dialogues incisifs. Le tout étant mis en valeur par un virtuose trait pur franco-belge (dans la lignée de celui de son père — le grand Will, qui fut, entre autres, le plus important des dessinateurs de la série « Tif et Tondu » —) qu’Éric Maltaite nous assène avec tout le talent qu’on lui connaît…

Par ailleurs, si on recroise, avec plaisir, certains des personnages du premier volume (1), on découvre aussi bien d’autres nouvelles petites mains qui évoluent, au fil du récit choral, loin du glamour et des paillettes… : qu’elles soient gigolo en quête d’argent, cireur de chaussures de Malrose Avenue, peintre d’enseignes de cinéma, ouvreuses, figurants chicanos, blacks ou indiens à la conquête de leurs droits. Cela dit, rassurez-vous, les clins d’œil aux stars du grand écran que sont Katharine Hebpurn, Spencer Tracy, Robert Mitchum, James Dean, Gary Cooper, Leslie Caron, Gene Kelly, Humphey Bogart, Frank Sinatra, Linda Darnell, Shirley Temple, Buster Keaton, John Wayne, Marlene Dietrich ou Rita Hayworth ne manquent pas non plus ! Même si, dans ce réussi deuxième tome, il faut quand même bien reconnaître que les lieux emblématiques de la Cité des anges ont également la part belle.

Notons aussi, pour terminer, que ces petites nouvelles décalées, comptant entre cinq et sept pages chacune, s’intègrent parfaitement dans le renouveau actuel du mensuel Fluide glacial (dont le n° 564 de juin vient de paraître), au milieu d’œuvrettes d’auteurs lorgnant de plus en plus, désormais, un style que l’on peut qualifier de classique : ce qui ne l’empêche pas d’être drôle et percutant ! (2)

Gilles RATIER

(1)  Voir sur BDzoom.com : « 421 : l’intégrale » T3 : jamais plus jamais….

(2)  Voir nos récentes chroniques sur BDzoom.com : « L’Humanité de mes couilles » : « La Genèse » selon Emmanuel Moynot, c’est pas triste !, Toujours prêtes et libres de penser !, Chevrotine et folies douces…, « #Les Mémés » : l’ADN Fluide glacial !, Fluide glacial : un spécial Noël… et un nouveau boss !, « Monsieur Léon » et la couleur des sentiments…

« Hollywoodland » T2 par Éric Maltaite et Zidrou

Éditions Fluide glacial (13,90 €) — EAN : 9 791 038 205 642

Parution 7 juin 2023

Galerie

Une réponse à La face cachée d’Hollywoodland : deuxième !

  1. Patrick BOUSTER dit :

    Belle qualité, du même niveau que le premier.
    Maltaite est fort, on le savait, au moins depuis « 421 ». Ses intégrales sont indispensables.
    Il maintient la permanence du style belge, un trait adaptable, souple et attachant.
    Espérons qu’il rencontre un certain succès avec « Hollywoodland « .

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