N’hésitez pas à revenir régulièrement sur cet article, puisque nous l’alimenterons, jour après jour, avec tout que nous envoient nos amis dessinateurs, scénaristes, coloristes, libraires, organisateurs de festivals et éditeurs pour vous souhaiter de joyeuses fêtes : et ceci jusqu’à la fin du mois de janvier 2024 !
Lire la suite...« Supermatou » : enfin un album de Jean-Claude Poirier !
Il y a longtemps que nous attendions la publication d’un album signé Jean-Claude Poirier pour vous parler de cet auteur talentueux des années 1960-1970. La parution d’un premier volume des aventures de « Supermatou » — proposées jadis par Pif-Gadget — est donc la bienvenue. Jean-Claude Poirier eut une carrière brève, mais riche, qui rappellera de beaux souvenirs aux lecteurs des journaux de l’époque.
Né en 1942, Jean-Claude Poirier débute en décembre 1961 dans le mensuel Jeunesse joyeuse publié par la SPE. Il y anime les 12 épisodes de 16 pages du « Trésor des 13 maisons » : Roger, sa sœur Mimi et Cristo l’éclusier recherchent un trésor fabuleux légué par le marquis de La Paillerie. Petite curiosité, Cristo a le physique d’Achille Zavatta : c’est que le célèbre clown interprète le personnage de Cristo dans le feuilleton éponyme de la RTF, en 1961. Le scénario délirant écrit par André Poirier est mis en images géométriques assez simplistes par ce jeune dessinateur de 18 ans.
Toujours pour la SPE, Jean-Claude Poirier crée « Maximax », en 1964, dans le mensuel pour filles Paul et Mic, puis dans 15 ans. Il y campe les aventures de Max : un jeune garçon qui, grâce à un cube magique, se transforme en un justicier volant au-dessus de Coquetteville et doté d’une force surnaturelle. Les premiers épisodes ont été réalisés avec la complicité de son ami Jacques Lob.
Deux ans plus tard, il anime « Cactus Papa » dans le mensuel Record du groupe Bayard : une série de récits complets délirants signés Galata (pseudonyme de Danie Dubos) et Lob, ayant pour cadre le monde du cinéma.
En 1967, il réalise une vingtaine de strips pour le quotidien L’Équipe sur le thème du Tour de France.
Il entre à Pif-Gadget avec la création d’« Horace cheval de l’Ouest » : une parodie de western dont les gags commencent dans le n° 1309 du 3 juillet 1970.
« Supermatou » débarque cinq ans plus tard dans le n° 1559 du 21 avril 1975.
Notons aussi six récits complets de « Colinet et Dragono » entre 1978 et 1979 : une parodie de l’univers « Donjons et Dragons ».
Peu avant son décès brutal en 1980, Jean-Claude Poirier crée « Charlotte Poireau » pour l’hebdomadaire Tintin.
Ces récits complets évoquent des enquêtes farfelues — qu’elle raconte à sa voisine chroniqueuse — menées par une vieille détective au menton poilu.
Au fil des pages, le trait anguleux de Jean-Claude Poirier s’arrondit et plonge le lecteur dans l’absurde, avec un réel plaisir.
Héritier de Guillermo Mordillo, Benito Jacovitti, Jacques Kamb et Gotlib, il campe des personnages burlesques évoluant dans des décors sombres et inquiétants.
Lorsqu’il crée l’univers de « Supermatou » en 1975, il sait qu’il est prêt : tant au niveau des dessins qu’à celui des scénarios, riches en trouvailles.
Le jeune Modeste Minet est un bon élève qui habite une banlieue paisible, avec ses parents et son chien Robert.
Lorsque les habitants de Raminagroville dorment, les deux compères se transforment en un duo de super-héros : Supermatou et son Cerveau-Chien.
Les méchants ne manquent pas, dont Agagax : un super-vilain bébé qui devient un génie super-costaud se déplaçant à bord d’un landau transformé en machine volante.
Supermatou est le héros d’une centaine d’histoires dont 45 — publiées de 1975 à 1978 — sont réunies dans ce premier album totalisant 280 pages.
Les couleurs, signées à l’origine par Violaine Poirier, seconde épouse du dessinateur, ont été refaites par Bilitis Poirier : fille de Poirier et de sa première épouse.
La préface, riche en commentaires, est signée Rodolphe Massé, par ailleurs auteur d’un article passionnant dédié à Jean Claude Poirier publié dans le n° 22 de la revue Les Cahiers de la BD (paru le 19 avril dernier).
Mais on doit également à Poirier de nombreux travaux publicitaires (dont une collaboration avec le fameux Malabar) et, dans Pif-Gadget, des animations et des récits complets divers.
Il décède prématurément en 1980 : il avait seulement 37 ans.
Excepté un album broché édité par la Société Parisienne d’Édition en 1965 (« Maximax l’idole de Coquetteville ») et un autre cartonné publié en 1975 aux éditions du Kangourou (consacré à « Horace cheval de l’Ouest »), ainsi que plusieurs éditions pirates (notamment en 2014, aux éditions du Taupinambour ?), les travaux de Jean-Claude Poirier n’ont pas été réunis en album.
Ce gros volume édité par Revival répare cette injustice : espérons que d’autres suivront.
Henri FILIPPINI
Relecture, corrections, rajouts, compléments d’information et mise en pages : Gilles RATIER
« Supermatou T1 » par Jean-Claude Poirier
Éditions Revival (39 €) — EAN : 979-1-0961-1971-4
Bonne nouvelle que la sortie de ce condensé de Supermatou !
Quel bel univers créé par Poirier.
Il me semble, M. Filippini, que vous avez oublié de citer les albums » Klap ». J’ai dans ma collection » tout éclate à Klap » et il en existe un second, me semble t’il…
Poirier signant à l’époque » Helpe »
Bonsoir monsieur Barre !
Vous vous trompez de Poirier !
Dans la série que vous citez, il s’agit d’un pseudonyme du dessinateur Jacques Poirier (et non Jean-Claude)…
Bien cordialement
Gilles Ratier
Damned!
Un Poirier peut en cacher un autre!
Merci de m’éclairer de votre lumière bédéesque
Les éditions Revival prévoient la sortie d’un deuxième tome de » Supermatou » et l’intégrale de » Horace, Cheval de l’Ouest « , elle aussi en deux tomes.
Les sorties s’échelonneront jusqu’en 2025.