Dix ans après la parution de « Résurrection », la première partie d’un diptyque accouché dans la douleur, voici enfin « Révélations » : conclusion du dernier récit du regretté Philippe Tome, décédé alors qu’il travaillait sur les dernières pages de son scénario. Les éditions Dupuis proposent, enfin, l’intégralité de cette aventure magistralement dessinée par Dan Verlinden, digne successeur de ses deux prédécesseurs : Luc Warnant et Bruno Gazzotti.
Lire la suite...« La Véritable Histoire du Far-West T4 : Little Big Horn » : l’autopsie d’une bataille légendaire…
Inaugurée en mai 2022 avec « Jesse James », la collection La Véritable Histoire du Far-West se poursuit ce mois-ci chez Glénat, avec « Little Big Horn ». Aux côtés de l’historien Farid Ameur, spécialiste de la conquête de l’Ouest, David Goy et Luca Blengino reviennent sur un des événements les plus marquants de l’Histoire américaine avec un album haletant, superbement dessiné par Antoine Giner-Belmonte : digne disciple westernien de Christian Rossi. Un titre qui nous transporte en juin 1876 pour y revivre, comme si nous y étions, cet épisode aussi mythique que polémique des guerres indiennes…
Après les figures « Jesse James » (voir notre chronique), « Wild Bill Hickok » et « Jim Bridger », place donc aux grandes batailles avec « Little Big Horn », avant d’autres titres annoncés tels « Calamity Jane », « Alamo », « Geronimo » ou « La Ruée vers l’or ».
Durant l’été 1874, de l’or est découvert dans les Black Hills (Dakota), la terre sacrée des Sioux. Les négociations entreprises par le gouvernement américain échouent et débouchent au printemps 1876 sur un conflit ouvert. Tandis que trois colonnes militaires sont lancées à la recherche des bandes irréductibles, Sitting Bull décrète l’union sacrée et prend la tête d’une vaste coalition de Sioux et de Cheyennes. Alors que les États-Unis s’apprêtent à fêter le centenaire de leur indépendance, nul n’imagine le désastre à venir…
Alors que le traité de Fort Laramie (1868) interdit la présence de Blancs dans les Black Hills, les rumeurs de découverte de filons aurifères sont confirmées en 1874 par l’expédition de George Armstrong Custer. Alors au sommet de sa gloire, ce héros de la guerre de Sécession permet une ruée vers l’or qui fait notamment la fortune de George Hearst : fondateur du groupe de presse du même nom. Né en 1839, Custer monte rapidement en grade entre 1861 et 1865, s’illustrant notamment à Gettysburg (juillet 1863) et à Cedar Creek (1864). Promu major-général, mais conservant son grade de lieutenant colonel après la guerre civile, il intègre en novembre 1866 le 7e régiment de cavalerie. En 1868, violant le traité de Medicine Lodge, il participe à la sanglante campagne d’hiver contre les Cheyennes retranchés dans leurs camps (bataille de la Washita, dans les plaines d’Oklahoma), en massacrant des vieillards, des femmes et des enfants. Jusqu’en 1874, il reçoit ensuite pour missions successives de protéger les lignes de chemin de fer contre les Sioux, de traquer les migrants et profiteurs de guerre venus des États du nord, ainsi que les affiliés au Ku Klux Klan dans le territoire hostile du Kentucky.
Le 25 juin 1876, dans le Montana, à proximité de la rivière Little Bighorn (petit mouflon), Custer attaque un camp d’Amérindiens Sioux et Cheyennes d’environ 6 500 personnes, om se trouvent 1 700 guerriers menés par les chefs Sitting Bull et Crazy Horse. Avec ses 600 hommes, Custer ne connait en réalité ni la taille du camp ennemi ni sa localisation exacte ! Commencée vers 15h20, la bataille s’achève en une inévitable tragédie pour l’armée américaine à 18h : dépassés en nombre, pris sous les feux croisés dévastateurs d’Amérindiens équipés de fusils à répétition, bientôt achevés au sol, les troupes de Custer succombent sous les assauts. Si certains combats perdurent jusqu’au matin du 26 juin, la victoire amérindienne est éclatante : environ 80 tués, alors que le 7e de cavalerie est décimé (265 morts et 50 blessés). L’ultime résistance de Custer et des tuniques bleues, image (reprise en couverture du présent album) immortalisée par la peinture et la littérature pulp aventureuse, est cependant très vite entourée de controverses.
Critiqué, au fil des époques, pour ses erreurs tactiques, sa beuverie, sa lâcheté, sa perfidie ou sa haine des Amérindiens, Custer entre dans l’Histoire des USA comme un mythe tragique associé à la conquête de l’Ouest. Adulé ou détesté, il demeure à ce jour la personnalité ayant donné lieu au plus d’ouvrages historiques après Lincoln. Au cinéma, on retrouvera Custer et l’humiliante défaite de Little Big Horn mis en scène dans plus de 600 films dont « La Charge fantastique » (Raoul Walsh, 1941), le métaphorique « Massacre de Fort Apache » (John Ford, 1948), « Custer, l’homme de l’ouest » (Robert Siodmak, 1967) et l’incontournable « Little Big Man » (Arthur Penn, 1970). Réalisé dans un style graphique réaliste proche de la ligne initiée par Christian Rossi (« Jim Cutlass », « W.E.S.T. »), l’album est un magnifique écrin n’omettant rien des caractères sordides de cette bataille. Avec, une fois de plus, une interrogation dont on connait déjà la réponse : en matière de responsabilités, entre pionniers et autochtones, la cruauté politique n’est pas là où on l’attend…
Philippe TOMBLAINE
« La Véritable Histoire du Far-West T4 : Little Big Horn » par Antoine Giner-Belmonte, Luca Blengino, David Goy et Farid Ameur
Éditions Glénat (14,95 €) – EAN : 978-2-344040683
Parution 26 avril 2023
Ca a l’air magnifique ! Je vais me l’offrir !
Oui, cela donne envie de le feuilleter et de le lire ! Très belle qualité.
En référence/influence graphique, j’ajouterais Michel Rouge.
La couverture a certainement été inspirée par plusieurs nombreuses peintures westerns sur cette bataille célèbre, mais je remarque aussi l’affiche de Jean Giraud pour le film « Touche pas à la femme blanche ! » de Ferreri, la même scène avec point de vue de face : https://cineuropa.org/fr/film/414764/
Enfin, j’ai un authentique tapis de selle du Général Custer à vendre, si cela intéresse quelqu’un… ; ))