L’épopée des 50 années du festival de la BD d’Angoulême !

En janvier 1993, il y eut « Le Grand 20e »… (1) Aujourd’hui, c’est-à-dire 30 ans plus tard, voici « Le 50e » ! Comme le signale Francis Groux, seul survivant des trois fondateurs du festival de la bande dessinée d’Angoulême, « qui aurait pu imaginer, il y a 50 ans, qu’une “petite manifestation” amicale et destinée surtout aux enfants, créée par quelques “fêlés”, deviendrait un événement national, voire international ? » C’est la tumultueuse histoire de cette manifestation, désormais incontournable pour les amateurs et les professionnels, que notre collaborateur Philippe Tomblaine — référent pour notre rubrique « L’Art de… » — raconte dans un passionnant livre de 311 pages publiées aux éditions P.L.G : un beau travail de transmission qui force le respect !

Philippe Tomblaine.

Année après année, Philippe Tomblaine y décortique le programme et les prix du festival, tout en compilant les nombreuses anecdotes qui ont jalonné, pour chaque édition, ce rassemblement des aficionados, à chaque fin du mois de janvier ; le tout agrémenté d’une pléiade de témoignages recueillis auprès de divers scénaristes, dessinateurs, coloristes, éditeurs, fanzineux ou journalistes.

En effet, tous ces acteurs du monde du 9e art le savent bien : de joies en désillusions, cette odyssée angoumoisine a toujours été ponctuée de surprises, de faits politiques ou éditoriaux, et de petites phrases qui ont agité le Landerneau de la BD et même au-delà !

Respectant strictement la chronologie, notre pédagogue historien-écrivain commence évidemment par les prémices de cette « machine à faire des bulles » qui aboutiront, en janvier 1974, au premier Salon international de la bande dessinée d’Angoulême, lancé par les locaux Francis Groux et Jean Mardikian, en compagnie du grand spécialiste du média qu’était Claude Moliterni (lequel fut également l’un des créateurs de votre site préféré : BDzoom.com !).

Dans son sillage, ce véritable défi technique et culturel, qui oscillera toujours entre la volonté d’être un laboratoire de création et celle de rester un écrin mémoriel, entraînera très vite la présence et le soutien d’auteurs aussi réputés aujourd’hui que Claire Bretécher, André Franquin, Hugo Pratt, Morris, Harvey Kurtzman, Moebius ou Hergé.

Bien des années plus tard, en 1996, la manifestation charentaise sera renommée FIBD (Festival international de la bande dessinée). Sans rien perdre de son énergie et de ses ambitions, elle continuera de s’imposer dans un univers devenu de plus en plus complexe et diversifié : entre comics, mangas, albums franco-belges et romans graphiques. Ainsi, pendant un demi-siècle, ce FIBD qui a célébré les artistes du monde entier — à travers nombre d’expositions, de conférences ou de concerts de dessins, avec l’aide de partenariats transmédias, n’a jamais cessé de grandir : en taille, en reconnaissance et donc, parfois, en emballements médiatiques retentissants.

Si la « Cité des Valois » est consciente de ce que sa renommée doit au 9e art, il faut bien aussi constater que la légitimité qu’a fini par obtenir aujourd’hui ce monde de bulles et de cases doit également beaucoup à Angoulême : ville consacrée créative par l’UNESCO, grâce à la bande dessinée, en 2019.

En plus de la scrupuleuse et documentée prose bien illustrée de notre camarade Tomblaine (2), n’oublions pas deux autres chapitres complémentaires, non moins captivants, qui abordent l’histoire du festival off et celle du Prix fanzine (l’une des originalités du FIBD), grâce aux vivantes confidences de deux de leurs animateurs qui, pendant de nombreuses années, furent les témoins privilégiés de ces deux importantes facettes : Bernard Lambert et Philippe Morin.

Bref, non seulement cet ouvrage informatif — compte-rendu (quasi exhaustif) d’une longue épopée qui sera évidemment « à suivre » —, est une source inépuisable de références, mais sa narration tout à fait agréable et participe aussi à un grand plaisir de lecture : il sera donc l’achat indispensable qui complétera et vous fera souvenir de votre visite au 50e festival de la bande dessinée d’Angoulême, du 26 au 30 janvier 2023…

Gilles RATIER  

(1)   « Le Grand 20e », qui sera suivi l’année d’après d’un « Chapitre 21 », est donc l’ancêtre du livre de Philippe Tomblaine.

Publié en 1993 par le quotidien La Charente libre — avec le soutien du Salon international de la bande dessinée et du syndicat de la presse quotidienne régionale —, c’est principalement l’œuvre d’Hervé Cannet qui fut un grand journaliste de La Nouvelle République du Centre Ouest (signant quelquefois Erwan Tancé) et l’un des présidents de l’ACBD (Association des critiques et journalistes de bande dessinée), avec la collaboration de Christian Tua et de Michel Rebière (pour le « Chapitre 21 ») — tous deux journalistes à La Charente libre —, et d’un certain Gilles Ratier…

À noter aussi que Bernard Lambert, contributeur au « 50e » pour la partie off, avait quant à lui participé à l’humoristique, mais très confidentiel, « Petit Trentième » au sein de l’Off, en 2003 : pour les 30 ans du festival d’Angoulême.

(2)   Pour découvrir quelques autres ouvrages de Philippe Tomblaine, voir sur BDzoom.com : Quelques récentes et passionnantes études érudites sur le 9e art pour briller en société !Une copieuse monographie sur André Juillard !Hermann président ! ou De quelques imposantes biographies et autres études patrimoniales sur la BD….

« Le 50e : une odyssée du festival international de la bande dessinée » par Philippe Tomblaine

Éditions P.L.G (20 €) — EAN : 978-2-931072-04-2

Parution 26 janvier 2023

Galerie

8 réponses à L’épopée des 50 années du festival de la BD d’Angoulême !

  1. JC Lebourdais dit :

    Le plus tragique que je vois cette année est la disparition cette fois totale des vendeurs de BD d’occasion qui autrefois justifiaient le côut du déplacement. Ce n’est plus maintenant qu’une usine à dédicaces et un ramassis d’expositions prétentieuses d’auteurs politiquement introduits (ou retraités depuis 20 ans). Cerise sur le gâteau cette année est la logistique, pour acheter son passe, pourquoi faire la queue une seule fois quand on peut faire la queue deux fois… D’abord on achète le ticket 49€ (après avoir demandé à 6 personnes différentes où aller) puis on va l’échanger contre un bracelet dans une autre file d’attente, total du temps perdu jeudi midi, 2h45, à contempler des employés municipaux angoumoisins, les bras croisés, regardant leurs collègues travailler… Vive la France.

    • PATYDOC dit :

      Et le prix du meilleur album pour un non dessinateur ! … la boucle est bouclée !

    • Capitaine Kérosène dit :

      L’organisation du festival d’Angoulême, c’est un festival en soi. Elle est chaque année plus bordélique que la précédente.

      Et sinon, merci M. Ratier pour ce publi-reportage.
      Dans les mentions de fin d’article, il est indiqué un prix de 42 €. Pour lire un déroulé chronologique, ce sera sans moi.
      Mais heureusement, le prix marqué sur la couverture est 20 €. :-)

  2. Henri Khanan dit :

    Je n’y suis pas allé, je boycotte ce festival prétentieux qui néglige le patrimoine et met en vedette les livres indés les plus réfractaires aux ventes. Cette année, je note l’invasion et la conquète des mangas, dans l’espoir de rattrapper Japan-Expo dans son succès?.

    • Capitaine Kérosène dit :

      La présence des mangas s’explique par le désir de rajeunir le public qui fréquente le festival. La dernière fois que je m’y suis rendu, j’ai été frappé par le grand nombre de personnes à cheveux blancs parmi les visiteurs. C’est le public d’amateurs de franco-belge qui ne se renouvelle pas. Les plus jeunes ne jurent plus que par les mangas.
      En terme de fréquentation, c’est vrai que Japan expo fait une sérieuse concurrence à Angoulême, ne serait-ce que parce qu’elle ne se limite pas au manga mais englobe la culture populaire japonaise et asiatique et se déroule dans un seul lieu. Même en étant étranger à la culture manga, on peut y trouver son intérêt.
      A Angoulême, durant le festival, il fait froid et gris, il faut marcher à n’en plus finir entre les différents lieux d’exposition et de débats parfois très éloignés les uns des autres, ou attendre les navettes, et surtout, il n’y a pas assez de lieux d’hébergement. Le week-end est noir de monde. Impossible de discuter avec les auteurs qui font de l’abattage de dédicaces.
      Il faut vraiment être de plus en plus motivé pour se rendre à ce festival. Je pense toujours qu’il devrait être transféré ailleurs et se dérouler pendant une saison plus agréable.

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