« Nocturnes berlinois » : Corto Maltese fait escale à Berlin…

Corto Maltese abandonne provisoirement les décors exotiques de ses précédentes aventures, le temps de faire escale à Berlin : la ville d’Europe la plus en vogue en ce début des années 1920. Une escapade qui permet au marin flegmatique d’être le héros d’une intrigue originale teintée d’ésotérisme, de croiser quelques jolies filles et de faire un bout de chemin avec de vieux comparses. Un scénario conçu sur mesure pour les amoureux de la série imaginée par Hugo Pratt, que prolongent avec leurs propres talents les Espagnols Juan Diaz Canales et Ruben Pellejero.

Berlin, 1924. En compagnie de son ami le journaliste Roth, correspondant du Frankfurter Zeitung, Corto Maltese débarque à Berlin où il pense retrouver son ancien comparse le professeur Jeremiah Steiner. Il apprend que le corps de son vieil ami, victime d’un assassinat, a été jeté dans la fosse commune destinée aux cadavres non identifiés. Bien décidé à découvrir son assassin, Corto mène l’enquête. Il est sur la piste de la confrérie d’alchimistes Stella Matutita dont les adeptes convoitent la possession du tarot Visconti-Sforza : l’un des plus vieux du monde. De son côté, l’organisation Consul noir — ses membres sont favorables aux nazis et appartiennent à la classe privilégiée — recherche le mystérieux dossier Rathenau. Ce document explosif révèle un complot qu’elle a organisé dans le but de renverser la jeune République de Weimar. Tout au long de cette riche histoire, Corto virevolte au cœur du novateur cinéma allemand, trouve le temps de visiter la mystique Prague et croise la route de célébrités, à l’instar du boxeur Max Schmeling ou de l’actrice Marlene Dietrich. Dans la série, ce récit se place chronologiquement après « Les Helvétiques » : épisode publié en 1988 et où notre héros a rencontré le professeur Steiner.

Tout en suivant une intrigue aux multiples détours, le lecteur curieux découvre les arcanes de la République de Weimar présidée par Ebert qui affronte l’offensive fasciste, alors qu’Hitler est emprisonné. Dans une ambiance polar, les dessins de Ruben Pellejero illustrent avec réalisme le Berlin bouillonnant des années 1920, jouant avec les contrastes entre noir et blanc. Tout en respectant l’univers graphique d’Hugo Pratt, il apporte une touche personnelle par l’utilisation de cadrages audacieux et de mises en couleurs soigneusement travaillées. Cette première escapade loin des décors exotiques des trois premiers albums réalisés par le duo espagnol est une étape importante dans leur vision de l’après Pratt. Ils s’approprient le héros mythique avec gourmandise, l’entraînant au cœur de la vieille Europe aux prises avec ses démons, loin du monde exotique qui est le sien. Après l’épisode déstabilisant, mais non dénué d’intérêt, orchestré par Bastien Vivés (il y aura un second volume l’an prochain), c’est avec un réel plaisir que nous renouons avec « Corto Maltese ».

Pour les nostalgiques des albums en noir et blanc, l’éditeur propose une édition de 88 pages sans les couleurs signées Pellejero, accompagnée d’un dossier illustré de croquis au prix de 25 € (EAN : 978 2 2032 21 677).

Pour les plus fortunés, une édition de luxe de 112 pages au format 31,5 x 40,6 cm sera disponible à partir du 2 novembre prochain, au prix de 150 € (EAN : 978 2 2032 2170 3).

Henri FILIPPINI 

« Corto Maltese T16 : Nocturnes berlinois » par Ruben Pellejero et Juan Diaz Canales

Éditions Casterman (17 €) — EAN : 978 2 2032 2168 0

Parution 7 septembre 2022

Ruben Pellejero et Juan Diaz Canales.

           

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