Le phare au trésor de Stevenson…

Alors qu’il a une vingtaine d’années, Stevenson se rend sur l’île où son père, ingénieur, construit un phare. Jusque-là, du côté d’Edimbourg, l’étudiant Stevenson s’est plutôt laissé vivre et ce séjour forcé n’est pas vraiment de son goût. Il faut dire que Earraid (Aros, dans le récit) est un îlot difficile d’accès : on peut, deux fois par jour, y accéder à pied sec depuis l’île voisine de Mull au large des côtes écossaises…

Ce monde de rocs dangereux, d’assauts maritimes tempétueux, de brisants assassins (on raconte qu’un vaisseau de l’Invincible Armada s’est échoué sur ces récifs) portent un nom : les Merry Men (qu’on traduit par les joyeux hommes, les gais lurons…). Dans le roman publié en 1882, Charlie, un jeune Écossais en vacances à Aros, décide précisément de retrouver l’épave de l’Espirito Santo et son trésor englouti…

Dans l’album de Chanouga, c’est vraiment Stevenson le héros : un héros d’abord peu motivé par cette terre sauvage, puis de plus en plus fasciné par elle, au point de vivre là une expérience dont on comprend qu’elle a pu alimenter « L’Île au trésor ». Autant dire que l’adaptation de « The Merry Men » prend un tour biographique et personnel qui rend la chronique plus intime, intime et saisissante car le graphisme de Chanouga est tout bonnement impressionniste et impressionnant.

Les mises en couleurs sont d’une puissance évocatrice indiscutable au point que l’oncle qui croit aux êtres maléfiques : la mer étant pour lui « un tombeau peuplé d’âmes égarées ». L’auteur choisit de restituer avec force ces mondes aux vagues monstrueuses, ces brisants sinistres qui hurlent et dansent une terrible « danse de mort », le récit prenant peu à peu une dimension fantastique.

Au cœur du récit, il y a bien évidemment la construction des phares qu’un court mais passionnant dossier (« Écrire avec les phares ») développe, ajoutant au plaisir de la lecture. Cet album est d’ailleurs à compléter par la lecture de « L’Île Vierge : un phare dans les yeux d’Emmanuel Lepage », paru en avril dernier aux éditions Locus Solus.

Construit à la fin du XIXsiècle, le phare de l’île Vierge (Finistère) est le plus haut d’Europe, ouvrant un panorama unique de l’île de Batz à l’île d’Ouessant. Emmanuel Lepage, promu peintre officiel de la Marine en 2021, a réalisé une série de 21 dessins évoquant sa construction, les goémoniers, ou encore le naufrage de l’Amoco-Cadiz survenu à proximité.

Quand on aime les phares, voilà tout simplement deux albums indispensables !

Didier QUELLA-GUYOT ; http://bdzoom.com/author/DidierQG/

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« Merry Men T1 : Souvenirs d’une jeunesse écossaise » par Chanouga et Stevenson

Éditions Paquet (20 €) – EAN : 978-2-88932-173-5

Parution 24 août 2022

« L’Ile Vierge : un phare dans les yeux d’Emmanuel Lepage »

Éditions Locus Solus (17 €) – EAN : 9782368333785

Parution 29 avril 2022

 

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