Depuis 2021, chaque année, Tiburce Oger rassemble une belle équipe de dessinateurs et dessinatrices pour évoquer l’Ouest américain à travers des personnages authentiques – le Far West, donc – et l’exploitation de ces territoires par des individus qui oubliaient, bien souvent, qu’ils n’étaient que des colonisateurs assoiffés de richesses…
Lire la suite...Les Profs revisitent la Grande Histoire !
Classique de la bande dessinée jeunesse, « Les Profs » est une série incontournable du catalogue des éditions Bamboo. Sa déclinaison « Les Profs refont l’Histoire », publiée en 2008, n’avait pas connu de suite au grand désespoir des lecteurs. 15 années plus tard, Pica et Sti (au scénario) comblent ce manque.
Oubliant les classes agitées du lycée Fanfaron, nos Profs s’amusent à refaire la Grande Histoire au fil de huit courts épisodes de cinq ou six pages, tous plus farfelus les uns que les autres. Remontant le temps, ils affrontent les dangereux animaux de la faune du créta-lycée, font un détour au lycée Fanfaros au temps de la Grèce antique du quatrième siècle avant J.C, rencontrent Charlemagne et les frères de sainte Professie en l’an de grâce 778, assistent à la première grève moyenâgeuse de l’enseignement en 1229, effectuent un bout de chemin aux côtés de Gladys d’Arc en 1431, croisent le fer avec les mousquetaires du Roy, effectuent une rentrée insolite dans les tranchées en 1915, enfin rejoignent les incorrigibles policiers de Bouliot Ness à Chicago en 1928. Profs comme élèves empruntent, non sans humour ni gourmandise, costumes et identités de leurs lointains ancêtres.
Pica, qui adore dessiner les décors, se régale en plaçant ses personnages dans des situations insolites, laissant sans regret le huis clos des salles de classes modernes à son successeur Simon Léturgie. Tous les protagonistes — l’élève Boulard en tête — sont bien entendu présents au fil de ces parodies historiques imaginées par Sti (Ronan Lefbvre), entré en BD voici une dizaine d’années et qui, pour l’occasion, emprunte avec gourmandise la plume d’Erroc.
À la fin du siècle dernier, le dessinateur Pierre Tranchand, démoralisé après avoir réalisé des milliers de pages avec son compère François Corteggiani, envisage de reprendre son métier d’architecte. Si les histoires publiées par Pif, Djin, le Journal de Mickey… séduisent les jeunes lecteurs, la vente des albums ne décolle pas. Pour une ultime tentative, il simplifie son dessin, prend de nouveaux scénaristes, emprunte les deux premières syllabes du nom de sa mère et devient Pica. Ni « Les Poules à lier » en 1995 (premier essai avec Gilbert Bouchard pour Spirou) ni « Croco et Fastefoude » en 1999 (chez Casterman) comblent ses espoirs. Les gags des « Profs » débutés en décembre 1998 dans Le Journal de Mickey retiennent cependant l’attention d’un jeune éditeur dynamique : Olivier Sulpice, qui vient de fonder les éditions Bamboo. Refusée par plusieurs grands éditeurs, la série — qui compte aujourd’hui 24 albums — dépasse les six millions d’exemplaires vendus.
Victime d’un sévère AVC voici dix ans, Pica confie le dessin à Simon Léturgie dont le talent permet d’assurer un avenir prospère à la série.
Incapable de rester sans dessiner, après une longue rééducation, il publie « L’Écho de la jungle » et « Généalo Jill » chez Bamboo, avant de renouer avec ses chers « Profs » par le biais de leur déclinaison historique.
Henri FILIPPINI
« Les Profs refont l’Histoire » T2 par Pica et Sti
Éditions Bamboo (11,90 €) — EAN : 978 2 8189 9440 5
Parution 25Â mai 2022
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Ce beau succès de Pierre Tranchand fait énormément plaisir, même s’il peut juger qu’il est arrivé bien tard…
Beaucoup de mes confrères n’ont jamais et ne connaitront le succès avec un talent bien supérieur au mien… Si le travail est indispensable pour réussir, la réussite est le fruit de la chance, être là au bon moment avec le bon sujet et les bonnes personnes…
C’est le public qui décide.
Avoir du succès trop vite n’est pas forcément souhaitable, mon ami Laurent Vicomte s’est perdu dans la recherche de la perfection…
Une carrière est longue et il faut tenir le coup, le fait que c’est venu un peu sur le tard m’a permis d’être encore là aujourd’hui.
Pas de regret si ce n’est de n’avoir pas fait aussi bien que je l’aurais voulu.
Mais la perfection n’existe pas, aujourd’hui mon dessin est à mon image, un peu cassé par la vie.
Je fais au mieux avec les moyens qui sont les miens, la passion est toujours là !
Pierre Tranchand -Pica