« Ni web ni master » : un essai technocritique dessiné…

Nous avions annoncé dans notre article collégial « Et pour quelques albums sortis en 2021 de plus… » un nouvel album de David Snug autour de la numérisation de notre monde.
Cet ouvrage vient de sortir chez Nada Éditions, sous le titre « Ni web ni master ».

Au début d’un précédent album (« Dépôt de bilan de compétences »), David Snug recevait une curieuse visite : celle du jeune David Snug. Ce dernier ayant réalisé en classe de 3e, durant les travaux pratiques de techno, une machine à remonter le temps, rend donc visite à son moi actuel : ceci afin de savoir s’il a réussi sa vie. David Snug (version âgé) lui narre son parcours professionnel, des évènements l’ayant amené à réfléchir sur la notion de salariat, l’idéologie
induisant la nécessité de travailler et le fait de s’y conformer ou non.

Ne reculant devant aucun sacrifice scénaristique, David Snug continue à utiliser le gimmick du voyage dans le temps pour lancer « Ni web ni master ». Cette fois, le jeune David Snug est mis à la rue par sa version adulte. Ne retrouvant pas sa machine temporelle il retourne chez son ainé ; mais il ne réussit pas à le contacter, car il n’y a pas de sonnette, mais un clavier numérique dont l’utilisation lui échappe. Le collégien s’endort alors sur le palier de l’immeuble.

Le lendemain, en voulant sortir, David Snug senior découvre l’adolescent à son porche. Il lui explique alors le principe d’un digicode et qu’il aurait dû l’appeler sur son smartphone : instrument méconnu et fascinant pour le jeune Snug.

Curieux face à cet étrange objet qui semble greffé à la main de tout un chacun, l’écolier tanne son double de questions sur son usage et les répercussions de cette prédominance. Ses interrogations abordent les thèmes de l’exploitation des ressources naturelles et d’enfants pour la fabrication de nos appareils numériques, le règne de Google et d’Amazon, la plateformisation de la société, l’avènement de la notation à tout-va, la naissance des réseaux sociaux et de Facebook (l’appli pour s’indigner), l’exploitation des données personnelles…

Avec « Ni web ni master », le travail de David Snug, sous son aspect badin, interroge une fois de plus une thématique peu abordée, et encore moins en bande dessinée. Le regard inexpérimenté, mais pragmatique du candide Snug junior nous met face à l’ingérence du monde numérique et de ses services dans nos vies : une ingérence que nous avons acceptée, rendue possible par notre éblouissement devant le miroir de la facilité.

Tout comme pour « Dépôt de bilan de compétences » qui fut postfacé par le sociologue Julien Bordier, « Ni web ni master » se conclut par une intervention de Cédric Biagini (fondateur des éditions L’Échappée et auteur de « L’Emprise numérique ») qui prolonge la réflexion lancée par David Snug (cette fois-ci l’auteur).

Brigh BARBER

« Ni web ni master » par David Snug
Éditions Nada (15,00 €) — EAN : 9791092457513
Parution 11 février 2022

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