Le retour de « Druuna » et « Les Arcanes de la maison Fleury » : deux nouveaux albums pour public averti…

Au cours des années 2000, dans le domaine de la bande dessinée pour adultes, les éditeurs ont privilégié, par économie, la publication de reprises d’anciens ouvrages. Réduits au silence par un risque de censure perverse, ils n’avaient pas d’autres solutions pour permettre au genre de survivre. Voici qu’arrivent, après quelques autres deux créations, deux albums inédits de qualité, signés par de véritables professionnels. Preuve que la bande dessinée pour adultes avertis, trop longtemps mise à l’index, renaît de ses cendres (1).

Le monde est ravagé par un virus qui transforme les humains en mutants assoiffés de sang. Afin d’éviter une séparation imposée par le pouvoir des prêtres, Kartes, le compagnon de la belle Druuna, propose à cette dernière de fuir la cité contaminée par le chaos et de gagner la zone interdite : un voyage périlleux fait de rencontres insolites, dangereuses… et très chaudes.

Pendant qu’il travaille à son rythme sur un dixième et ultime chapitre de la série classique, Paolo Eleuteri Serpieri a autorisé la réalisation de ce prequel situé bien avant le récit d’origine débuté en France en 1985 dans Charlie mensuel. Alessio Schreiner, dialoguiste pour la télévision, dont les débuts dans la BD remontent à 1999, a déjà écrit des histoires érotiques pour Giovanna Casatto, Marco Turini… sous le pseudonyme Mr Grady. Eon, jeune dessinateur italien qui vient de publier « Karolus Magnus » chez Soleil, propose des pages soignées au trait inspiré par le travail de Serpieri. Les séquences érotiques, plus nombreuses que dans la version classique, sont beaucoup plus audacieuses dans cette première histoire en 62 pages d’un triptyque qui devrait faire patienter les amoureux de la pulpeuse héroïne. Un cahier graphique de 12 pages présente une sélection d’illustrations signées Serpieri.

Londres, fin du XIXe siècle. Dans le quartier de Whitechapel, le « tueur de Vénus » sème la terreur au sein de la communauté des prostituées londoniennes.

La Maison Fleury, bordel huppé fréquenté par de riches clients, est un lieu de prédilection pour le monstre que traque le commissaire Barnes flanqué de son assistant le jeune Reid.

Érotisme chic, rituels sordides et enquête haletante se croisent au fil d’un scénario riche en rebondissements.

L’auteur italien Gabriele Di Caro (né à Livourne en 1985) propose des pages superbes remplies de jolies filles aux tenues coquines, évoluant dans des décors soignés.

Ce second volet ne manque donc pas de qualités graphiques, mêlant thriller et érotisme.

Elle devrait séduire les amateurs du genre, mais aussi les adeptes de bonnes bandes dessinées classiques.

Voilà donc deux albums qui renouent avec l’érotisme soigné, sans vulgarité au scénario, et qui sont dignes des créations de la grande époque qui avaient permis à la bande dessinée pour adulte de s’imposer à la fin du siècle dernier.

Henri FILIPPINI 

 

(1)  Voir aussi Grégory Mardon croque l’« Amour cru » !.

 

« Druuna au commencement T1 : Espoirs » par Eon et Alessio Schreiner

Éditions Glénat/Lo Scarabeo (15,50 €) — EAN : 978 2 3440 5212 9

Parution 16 février

« Les Arcanes de la Maison Fleury T2 : Les Coulisses » par Gabriele Di Caro

Éditions Tabou (17 €) — EAN : 978 2 3595 4178 6

Parution 25 janvier

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