Créé par l’écrivain irlandais Bram Stoker en 1897 — et inspiré par le personnage historique du comte Vlad III de Valachie, qui vécut au XVe siècle —, « Dracula » s’apparente autant à un roman qu’à une étude ethnologique ou géographique : l’auteur décrivant pourtant la Transylvanie, sans jamais être allé dans cette région austro-hongroise, en se documentant uniquement dans des bibliothèques. En effectuant un retour aux origines du mal présentes dans l’œuvre originale, tout en s’inspirant librement, cette version — sous-titrée « L’Ordre du dragon » — est une somptueuse bande dessinée d’horreur coéditée par Glénat et Lo Scarabeo.
Lire la suite...Destin de femme hors du commun…
Alors que de nombreuses femmes ont été écartées abusivement de la Grande Histoire parce qu’elles étaient femmes, quels que fussent leurs talents ou leurs exploits, nous connaissons heureusement un juste retour des choses, ce que souligne déjà la panthéonisation de Joséphine Baker. La bande dessinée n’est, en effet, pas en reste pour redonner vie à des femmes oubliées, avec par exemple les albums de Catel et Bocquet (dont l’un sur Joséphine) chez Casterman, ou la collection Pionnières chez Soleil. L’ouvrage que viennent de consacrer les éditions Félès à Mariette Hélène Delangle, surnommée Hellé Nice, est de cette trempe…
Mariette Hélène Delangle (1900–1984) n’était, en effet, pas une femme ordinaire. Comme le dit l’un de ses interlocuteurs : « On vous découvre en tant que nageuse, grimpeuse, pilote, danseuse, actrice et aviatrice. » On peut ajouter modèle de peintre, effeuilleuse, skieuse, voyageuse… À vrai dire, Hélène Delangle voulait tout essayer, tout faire : rien ne lui faisait peur. Mais comme toute femme de cette époque, il lui faut se battre, faire face, être indépendante et sans concession.
Sa force, c’est son plaisir de vivre, elle est une amoureuse sans complexe, sans tabous, libertine diront certains, libre tout simplement de ses amours et de ses amants. On adhère très vite, d’ailleurs, au choix judicieux de Giuseppe Manunta de magnifier, très joliment, son héroïne : femme sensuelle et hédoniste qui le méritait bien. Le sens des couleurs et du modelé de l’auteur en font un personnage totalement charnel et séduisant, tout comme il donne aux décors un charme très particulier.
Ce qu’il y a de fort dans une histoire comme celle-ci, c’est cette incroyable diversité du personnage qui, selon qu’on aime les danseuses, les amoureuses, les pilotes automobiles, les aventurières, les femmes de caractère, intéressera de nombreux publics. Hellé Nice vit tellement les choses à fond qu’elle en apparait romanesque, comme si tout cela était trop beau pour être vrai. Et tout est vrai ! C’est une femme qui sait poser et se poser, mais qui ne se repose jamais sur ses lauriers. Elle est insatiable.
Mais c’est probablement ses courses automobiles qui tiennent ici la corde : avec les Bugatti notamment. Les véhicules, admirablement mis en scène par Manunta, battent des records de vitesse (record du monde en 1929 pour Hellé Nice) ou se fracassent sur les bas-côtés. Malheureusement, les héros et les héroïnes ont quelquefois des destins regrettables et des fins de vie misérables. Ce fut le cas pour elle : un accident qu’on lui reprocha injustement, puis des rumeurs infondées, feront qu’on l’oublia lamentablement.
Heureusement, cet album de Giuseppe Manunta la sublime graphiquement, et la rend désormais inoubliable…
Didier QUELLA-GUYOT ; http://bdzoom.com/author/DidierQG/
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« Hellé Nice : une vie en vitesse » par Giuseppe Manunta
Éditions Félès (23 €) – EAN : 9782491483104
Parution : 20 novembre
Manunta a l’habitude de dessiner de belles carrosseries, plutôt Tabou ou Dynamite d’ailleurs…