Hergé, du temps de la presse !

Avec le troisième millénaire, la bande dessinée a déserté la presse qui, il faut bien le reconnaître, est de moins en moins demandeuse. Le lecteur d’aujourd’hui serait surpris à la lecture des journaux et magazines d’après-guerre qui se disputaient les dessinateurs et les séries les plus connus. « Tintin », lui aussi, est un « enfant » de la presse et lui doit beaucoup. L’imposant ouvrage qu’est « Hergé et la presse », à la lecture passionnante, évoque dans le détail la vie du reporter du Petit Vingtième… chez les reporters.

On croyait avoir tout dit sur le héros d’Hergé et de son riche univers. C’était compter sans Geoffroy Kursner qui aborde un domaine encore vierge d’études, et pourtant si riche : la publication des travaux du dessinateur dans la presse. En quelque 600 pages, il recense plus de 300 périodiques de plus de 40 pays qui ont, un jour, publié, traduit, les aventures de Tintin. C’est d’autant plus captivant que l’auteur ne se contente pas de citer le journal qui a proposé l’œuvre, puisqu’il en présente l’histoire, brosse les portraits de ses créateurs, la durée précise de la collaboration, et liste toutes les histoires d’Hergé parues. Notons le chapitre consacré à Cœurs vaillants d’une incroyable richesse, tout comme ceux dédiés à la presse canadienne et suisse, sans oublier l’hebdomadaire Tintin en Belgique, puis en France.

L’Égypte, l’Iran, le Danemark, l’Allemagne, le Brésil, l’Espagne, la Finlande, la Norvège, les Pays-Bas, la Turquie, la Thaïlande… ont publié, plus ou moins longtemps, des aventures de Tintin ou autres créations d’Hergé. Les problèmes techniques, les contrats, la promotion, les projets avortés, les parutions incomplètes, les années glorieuses puis les périodes moins prospères sont évoqués au fil d’un texte à l’écriture alerte, érudit, jamais ennuyeux… : accessible à tous.

En fin d’ouvrage, un impressionnant inventaire de 75 pages récapitule toutes les bandes dessinées parues dans les journaux, avec leurs dates de publication.

Malheureusement, il est une fois encore impossible de découvrir au détour d’une page un « Tintin » dessiné par Hergé : l’éditeur n’ayant pas obtenu les droits de reproduction de la part des ayants droit.

Qu’importe que les images réalisées par Hergé soient caviardées, l’iconographie n’en demeure pas moins riche en photos, en couvertures de magazines, en documents parfois émouvants.

À signaler la couverture maligne signée Stanislas dont l’imagination, une fois encore, permet au lecteur de deviner le contenu de l’ouvrage.

On imagine le temps qu’a dû passer l’auteur pour réunir autant de renseignements, d’anecdotes, d’informations… sur l’œuvre d’Hergé, mais aussi sur les quotidiens, les journaux pour enfants et les magazines familiaux qui se pressent dans ce pavé.

Voilà un opus indispensable pour qui se passionne pour Hergé et ses créatures de papier.

Notons aussi, pour les collectionneurs fous, un tirage de 160 exemplaires reliés et numérotés accompagnés d’un ex-libris signé Geoffroy Kursner et Stanislas.

Né à Genève, Geoffroy Kurner est juriste, passionné d’histoire et de littérature.

Il adhère à plusieurs associations dédiées à Tintin et collabore à la revue Hergé au pays des Helvètes.

Cet ouvrage est édité par les Impressions nouvelles, maison d’édition co-créée, en 1985, par Benoît Peeters qui la dirige toujours : signalons que Benoît Peeters est l’invité de la dernière page de Libération n° 12566 du 12 novembre dernier.

Henri FILIPPINI

« Hergé et la presse » par Geoffroy Kursner

Les Impressions nouvelles (36 €) — EAN : 978 2 8744 9921 0

Parution 25 novembre

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