« La Baroque Épopée du monde qui ne voulait plus tourner » : un grand cru signé Arleston

Cet album au titre interminable, qui interpelle, est à lui seul une pépite. Après une série d’ouvrages parfois déroutants pour ses lecteurs historiques, Christophe Arleston revient aux fondamentaux de la fantasy. Mis en musique avec élégance par la dessinatrice italienne Dana Dimat, ce récit renverse les codes du genre, tout en le sublimant. Peut-être l’album le plus réussi du jeune label Drakoo dirigé par Arleston, lequel compte pourtant cdéjà quelques perles.

Altek, fils de Sandrek le défunt empereur de l’empire du Bord, atteint l’âge nécessaire pour remplacer son oncle Lompyste : l’actuel régent. Son méchant oncle, qui souhaite conserver le pouvoir, est prêt à tout pour faire disparaître son neveu, avec l’aide de ses deux fils : Frinoste et Marmül. Épaulé par son autre oncle, le gentil Grish, et sa petite sœur Lythek qui ne manque pas de caractère, le jeune prince, épris de démocratie, déjoue les plans de Lompyste. Grish est le seul à savoir qu’Altek est une fille : usurpation d’identité prise à sa naissance par son défunt père qui souhaitait un héritier. Enfin pas vraiment le seul : Kléon et sa sœur Sligale (deux sympathiques pickpockets des bas quartiers) ont eux aussi découvert son secret. La veille du couronnement, le monde cesse de tourner, le froid s’installe d’un côté, la chaleur de l’autre paralysant la planète. Afin d’en découvrir l’origine et de permettre au monde de repartir, sur ordre de son oncle Lompyste, le futur empereur se lance dans une quête impossible. Accompagné par la fidèle Irliti Militi Tidzi, l’une des douze astrantes de la loge d’Omnamül, et des deux fils de Lompyste, il (elle) démarre bien malgré lui (elle) cette quête impossible. La petite troupe gagne la zone nocturne pour se rendre au cœur d’une cité Eides, à la recherche du fleuve Styx dont les eaux permettent de passer d’un monde à l’autre…

Ce premier album, au scénario d’une grande fluidité, invite le lecteur à se familiariser avec ce monde étrange où évoluent des protagonistes hauts en couleurs. Il est divisé en chapitres, séparés par des pages astucieusement truffées d’informations. L’épopée, fort justement qualifiée de baroque, est à la fois cocasse et riche en magie. Christophe Arleston propose une histoire dans la veine de « Lanfeust », bâtissant un univers original qui ne peut que séduire les adeptes de la fantasy : c’est un grand cru prouvant, une fois de plus, qu’un bon album, c’est avant tout une bonne histoire.

Née en 1988 à Salerno en Italie, élève de l’école Comix de Naples, Dana Dimat collabore avec les éditions Soleil depuis 2012. Elle dessine « Petite Geisha », « Les Aventuriers de la mer »… et à partir de 2016 « Les Elfes noirs » avec Arleston. Son dessin lumineux, aux personnages expressifs, ne décevra pas les amateurs des univers imaginés par Arleston, ici à la fois scénariste et éditeur ; pas plus que les couleurs superbes de Florence Torta.

À noter le travail remarquable de Noémie Chevalier qui a réalisé la conception graphique de la couverture et des chapitres pour le moins originaux de cet album de 80 pages, dont le prix de vente est fort honnête.

Henri FILIPPINI

« La Baroque Épopée du monde qui ne voulait plus tourner » T1 par Dana Dimat et Christophe Arleston 

Éditions Drakoo (15, 90 €) — EAN : 978 2 4907 3519 8

             


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