Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...Mademoiselle Louise : une petite sœur riche pour Jojo
Mademoiselle Louise, délicieuse petite fille de riche s’ennuie et manque d’amour dans sa grande maison. Née de l’imagination de Sergio Salma et d’André Geerts cette princesse des temps modernes n’a vécu que le temps de quatre albums. Après avoir réuni l’ensemble des aventures de Jojo du même dessinateur, les éditions Dupuis proposent une version intégrale de cette éphémère série qui n’a pas pris une ride.
Malgré un père fortuné, un cadre de vie enchanteur, des tas de jouets très chers, Louise Monet trouve le temps long dans la somptueuse maison de style colonial où elle passe ses journées.
La présence de sa gentille nounou Millie n’empêche pas la petite fille riche de rêver d’être une gamine comme les autres.
Ni son copain Richard aussi pauvre qu’elle est riche, ni Dédé-la-Veine un voyou qui ne songe qu’à l’enlever ne parviennent à lui faire oublier les longues absences d’un père aimant, mais toujours en voyages d’affaires.
Vivre dans un 152 pièces cuisine pour une petite fille, c’est trop, beaucoup trop !
Inconsolable après le décès de son épouse emportée par une pneumonie, son père n’a qu’une obsession : gagner toujours plus d’argent, afin de protéger des dangers du monde extérieur sa fille chérie… Malicieuse, intelligente, l’adorable Louise entend bien vivre sa vie comme elle le souhaite.
André Geerts qui anime depuis 1983 les aventures du gentil Jojo dans les pages de Spirou souffre de voir les ventes des albums de son personnage stagner autour des 15 000 exemplaires alors que celles de « Cédric » ou du « P’tit Spirou »… atteignent des sommets.
Lorsque Jean-Claude de la Royère lui propose de participer au mensuel Schtroumpf !, il met sur pied le personnage de Mademoiselle Louise avec le concours de son ami dessinateur Sergio Salma, également auteur de scénarios pour « Jojo ».
Un premier album sort ensuite chez Casterman en 1993, suivi d’un second en 1997. Il faut attendre dix ans pour retrouver Louise, cette fois-ci aux éditions Dupuis.
Ce retour sera suivi par un second volume en 2009, le dernier avant le décès brutal d’André Geerts. Jojo demeurant son héros principal, le dessinateur n’a que peu de temps à consacrer à Louise. Ce qui justifie les collaborations de Mauricet (1967), puis de Sergio Salma (1960) pour la mise en images des deux derniers albums, sans oublier les couleurs de Benoît Bekaert.
Il n’en demeure pas moins que « Mademoiselle Louise » est une série remarquable, dont on peut enfin savourer l’intégralité des pages dans cet album qui en compte 264.
Un imposant dossier d’une cinquantaine de pages précède la reprise des quatre albums : « Mademoiselle Louise », « Cher Petit Trésor », « Une gamine en or » et « Cash-cache ».
Un émouvant hommage de Sergio Salma à son ami Geerts accompagne le copieux dossier réalisé par Christelle et Bertrand Pissavy-Yvernault : les deux dignes successeurs de feu Monsieur Archive, par ailleurs responsables de la collection Archives Dupuis.Croquis, documents rares, photos… permettent de mieux faire connaissance avec André Geerts né en 1955, fauché par un cancer en 2010. Il avait seulement 55 ans.« Mademoiselle Louise » est l’indispensable complément aux quatre intégrales consacrées à « Jojo », toujours disponibles aux éditions Dupuis.
Henri FILIPPINI
« Mademoiselle Louise : l’intégrale » par André Geerts et Sergio Salma
Henri n’a pas lu l’introduction de l’intégrale : ce n’est pas du tout comme ça qu’est née Mademoiselle Louise, qui était une commande pour le mensuel Schtroumpf! avant que Didier Pasamonik en empêche la publication (il ne voulait que des personnages de l’univers de Peyo).
Ah, ah, ah !
Merci JC, je corrige !
Gilles Ratier (qui n’a pas encore eu le temps, lui non plus, de lire le dossier conséquent de cette intégrale, mais qui va le faire très vite…)