N’hésitez pas à revenir régulièrement sur cet article, puisque nous l’alimenterons, jour après jour, avec tout que nous envoient nos amis dessinateurs, scénaristes, coloristes, libraires, organisateurs de festivals et éditeurs pour vous souhaiter de joyeuses fêtes : et ceci jusqu’à la fin du mois de janvier 2024 !
Lire la suite...Benoît Sokal : disparition d’un auteur multimédia !
Le créateur de « Canardo » s’en est allé rejoindre ses univers fantasmés le 28 mai 2021, des suites d’une longue maladie. Il avait 66 ans. Bien connu pour ses bandes dessinées, il était aussi un passionné de jeux vidéo : deux médias qu’il pratiquait avec le même souci de qualité. Disparition d’un auteur de la nouvelle génération des années 1970 qui nous rappelle, hélas, que le temps passe toujours trop vite…
Né le 28 juin 1954 à Bruxelles, Benoît Sokal suit les cours de l’atelier R de Claude Renard à l’institut Saint-Luc de Bruxelles.
Il côtoie Philippe Berthet, Antonio Cossu, Philippe Foerster, Andréas, François Schuiten, Frédéric Bézian… et bien d’autres jeunes auteurs de cette génération bénie par les dieux de la bande dessinée.
En leur compagnie, il participe au collectif annuel « Le 9ème Rêve » édité par Louis Musin, puis par les Archers.
Il entre en 1978 dans le tout jeune mensuel (À suivre) lancé par Casterman, où il crée la série qui l’accompagnera tout au long de sa carrière : « Canardo ».
Volatile et détective privé, Canardo enquête cigarette aux lèvres, un rien alcoolisé, résolvant avec une bonne dose de chance les affaires passablement compliquées qui lui sont confiées.
Le canard, parodie géniale des polars américains, sera présent jusqu’en 2018 dans une série de 26 albums édités par Casterman.
Ils sont réalisés avec la complicité au dessin de plus en plus importante de Pascal Regnauld, à partir du onzième volume : une série dont l’humour noir, l’univers animalier peuplé de jolies filles, et les scénarios alambiqués ont su conquérir un fidèle lectorat.
Il aborde un trait plus réaliste en 1987, avec la publication de « Sanguine » : histoire écrite par Alain Populaire publiée dans (À suivre), réunie en un album édité en 1988 par Casterman.
En 1995, il propose comme auteur complet, toujours dans (À suivre), « Le Vieil Homme qui n’écrivait plus », édité en album l’année suivante par Casterman.
À partir de 1998, encouragé par son éditeur, il aborde le monde des jeux vidéo avec la création de « L’Amerzone » coédité par Microïds et Casterman qui en publie un album en 1999.
Toujours pour Microïds, il réalise « Syberia 1 » en 2002, suivi de « Syberia 2 » en 2004 : un jeu dont l’héroïne est une jeune avocate new-yorkaise.
Associé à Olivier Fontenay et Michel Bams, il fonde son propre studio (White Birds Productions) en 2003, proposant le jeu d’aventure « Paradise » en 2006 ; ce dernier est adapté sous forme de quatre albums BD par Brice Bingono chez Casterman, de 2005 à 2008.
Chez le même éditeur, il publie en 2006 « Lost Paradise of Maurania » : un beau livre d’images aux textes signés Gérard Pangon. Il produit ensuite « L’Île noyée » : jeu d’aventure pour PC. On lui doit aussi « Last King of Africa » : un jeu édité par Focus Home Interactive.
Il revient à la bande dessinée, de 2010 à 2014, en proposant la trilogie « Kraa » qui évoque le combat dans le Grand Nord canadien d’un aigle et d’un Indien contre des prospecteurs cupides.
Avec son ami François Schuiten, il publie, en 2017, chez Casterman, « Roodhaven » : le premier volume d’« Aquarica », série fantastique en gestation depuis plusieurs années. Un scénario est adapté pour l’animation par le réalisateur canadien Martin Villeneuve qui en propose un premier essai en 2019.
À noter qu’en 2017 parait, avec le concours de Média Participations, le troisième épisode de « Syberia ». Un quatrième est achevé, mais sa sortie a été retardée par la pandémie. Chose rare, Benoît Sokal a été fidèle tout au long de sa carrière aux éditions Casterman, excepté pour l’album illustré « Silence on tue ! », écrit par François Rivière et publié par Nathan en 1990.
Benoît Sokal était rémois d’adoption depuis de longues années. Aussi à l’aise dans l’anthropomorphisme de ses bandes dessinées animalières que dans le réalisme plus classique, excellent scénariste à l’imagination débordante, pionnier dans l’utilisation de l’ordinateur pour ses mises en couleurs et professionnel reconnu dans l’univers des jeux vidéo, Benoît Sokal était un homme modeste et brillant dont l’œuvre multimédia n’a pas fini de passionner.
Toute l’équipe de BDzoom.com présente ses plus sincères condoléances à son épouse et à son fils.
Henri FILIPPINI
Effectivement bien triste… Quarante ans qu’il nous faisait rêver.