« La Fée assassine » : un récit poignant et très réussi, réalisé par le couple Grenson !

Cela fait 30 ans que Sylvie Roge, qui travaille dans le milieu médical, partage la vie d’Olivier Grenson : le dessinateur de « Niklos Koda » ou de l’ultime « XIII Mystery ». (1) Petit à petit, lors de ses moments de liberté, elle a construit pendant une quinzaine d’années, sans se donner de deadline, l’histoire de « La Fée assassine » : simplement pour le plaisir de l’écriture. L’apprentie scénariste s’étant initiée à l’art du découpage avec l’aide de son compagnon, ce dernier s’est imposé naturellement comme le partenaire graphique idéal sur ce premier essai émouvant, qui se révèle être un coup de maître !

Une jeune femme échange avec son avocat sur les circonstances de son arrestation pour meurtre et remonte le cours de cette soirée de réveillon qui l’a conduite à exécuter les faits dont on l’accuse et qu’elle reconnaît. En ce 24 décembre 2006, Fanny termine ses achats pour préparer les traditionnelles festivités où elle a convié sa jumelle et sa génitrice, dont elle sait qu’elle devra subir l’opiniâtreté et l’agressivité, même en ce soir de paix…Au fil des 190 pages que comporte ce beau thriller graphique, nous allons comprendre les raisons de son homicide, en découvrant l’histoire de ces deux sœurs (progénitures d’un père absent et d’une mère abusive), dont la déroutante gémellité a façonné toute l’enfance : entre puissant attachement et concurrence.Le non-amour de la figure maternelle est, quant à lui, expliqué par le passé de cette marâtre destructrice et finalement très malheureuse, laquelle a dû subir les conséquences d’un terrible secret de famille.Ce drame annoncé — mais qui contient toutefois son lot de surprises — est remarquablement narré et mis en cases, grâce à la complicité évidente qu’a su établir ce couple d’auteurs : le dessinateur (qui a auparavant travaillé avec de grands scénaristes comme Jean Van Hamme, Jean Dufaux ou Denis Lapière) proposant même un véritable jeu graphique, entre récurrence et résonance. Il répercute, ainsi, la sensibilité de ce poignant récit dans des illustrations proches du crayonné des premières esquisses, mais aussi dans les douces couleurs utilisées qui contrastent avec la noirceur montant crescendo tout au long de cette passionnante dramaturgie.

 Gilles RATIER

 (1)   Sur Olivier Grenson, voir par exemple : « XIII Mystery T13 : Judith Warner » par Olivier Grenson et Jean Van Hamme, « Niklos Koda T15 : Le Dernier Masque » par Olivier Grenson et Jean Dufaux, Olivier Grenson (« La Douceur de l’enfer ») : Entre gris clair et gris foncé…, « La Douceur de l’enfer » T1, Plus de lectures 2008

 « La Fée assassine » par Olivier Grenson et Sylvie Roge

Éditions Le Lombard (22,50 €) — EAN : 978-2-8036-7620-0

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