Dans le cinquième volume de ses aventures, « Le Grimoire d’Elfie T5 : Les Reflets de Walpurgis », la jeune Elfie découvre le marais poitevin (entre La Rochelle et Niort) et des festivités réservées aux magiciens et sorcières depuis le temps de la mystérieuse fée Mélusine. Une nouvelle enquête pour la jeune adolescente, avec l’apport non négligeable de son grimoire magique, à l’issue de laquelle elle en aura appris beaucoup sur les dangers contemporains qui guettent cette zone humide remarquable et sa propre famille.
Lire la suite...Les souvenirs de famille de Florence Cestac : un bonheur de lecture !
Dans son environnement bourgeois des Trente Glorieuses et du début de la consommation de masse, face à un patriarcat dominateur et colérique — typique de cette époque où les femmes doivent être dévouées à leurs maris et les enfants se faire discrets —, la jeune Florence, exaspérée par cette situation, va pourtant cultiver sa joie de vivre et son envie de création : ceci aussi grâce à sa soumise de mère, laquelle se révèle être un être lumineux, arrivant à arracher de grands moments de bonheur pour elle et ses trois enfants. Une auto-analyse courageuse en BD qui, nous n’en doutons pas, donnera l’énergie nécessaire de se rebiffer à ceux qui se retrouvent piégés avec de tels tyrans domestiques : car il y en a encore !
Marié, dans son esprit, pour qu’on soit à son service, Jacques fait subir à sa femme et à sa progéniture une longue suite d’humiliations. S’il a fait des gosses, c’est uniquement parce que cela correspond à la bonne panoplie sociale du chef de famille qui rapporte l’argent du foyer ; mais il est hors de question qu’il s’en occupe : madame est là pour ça ! Donc, vous pensez bien que chez ces gens-là, Monsieur, l’épouse ne doit pas travailler ! D’autant plus que la pauvre et trop gentille Camille n’a que son certificat d’études…
Avec son habituel style graphique gros nez si reconnaissable, Florence Cestac réussit le tour de force de nous faire à la fois rire et réfléchir sur le sort peu enviable de sa mère, de celui de sa sœur et de son dyslexique de frère (tout comme elle), ainsi que sur les conflits incessants qu’elle va avoir avec son tyrannique de père : du grand art narratif !
On ne sera donc pas étonné que son oppresseur procréateur ne lui témoigne jamais la moindre marque d’estime, même quand Florence sera consacrée par le Grand Prix d’Angoulême en 2000 : la récompense française la plus prestigieuse dans le domaine de la bande dessinée.
Dans le dossier presse joint à cet album – réalisé pourtant sur un ton très tendre et souvent très drôle -, l’autrice du « Démon de midi » — et de tant d’autres petits chefs-d’œuvre du 9e art (1) — nous confie qu’elle a ramé pour trouver la manière de le raconter et de « …dire le plus légèrement possible que je me pissais dessus de trouille quand il hurlait : c’est-à-dire tout le temps… Remuer tout ça m’a un peu fatiguée. L’autobiographie, j’arrête, j’ai fait le tour… »
(1) Sur Florence Cestac, voir, par exemple, sur BDzoom.com : La belle rentrée de Florence Cestac, « Un amour exemplaire » par Florence Cestac et Daniel Pennac, « Le Démon du soir ou la ménopause héroïque » par Florence Cestac, « Des salopes et des anges »…
« Un papa, une maman : une famille formidable (la mienne !) » par Florence Cestac
Éditions Dargaud (14,50 €) — EAN : 978-2205 — 08481-8
Grande artiste c’est clair. cela donne bien envie de lire l’album.
_ Bonjour…
oui, la dessinatrice a l’air douée ; en tout-cas, son style caricatural est assez sympa.
Le père de famille fait (un peu) penser á Ribouldingue du trio des Pieds nickelés .