Marcel Uderzo : à l’ombre du grand frère…

Victime de la Covid, alors qu’il était hospitalisé pour d’autres soins, Marcel Uderzo nous a quittés le 24 janvier, à Évreux : il avait 87 ans. Être le jeune frère d’Albert Uderzo et exercer le métier de dessinateur de bandes dessinées n’a jamais été chose facile pour lui. Si sa carrière a toujours été discrète, il a pratiqué son métier avec humilité et un réel talent, sans jamais chercher à profiter de la notoriété du dessinateur d’« Astérix ». Hommage à un homme de l’ombre qui n’a pas démérité malgré les obstacles…

Planche originale de « Tanguy et Laverdure » réalisée par Marcel Uderzo.

« Astérix chez les Belges » : banquet en parodie de Bruegel.

Né le 20 décembre 1933, à Clichy-sous-Bois, Marcel Uderzo est donc le frère d’Albert Uderzo : son aîné de sept ans.

Il apprend le métier de luthier, dès l’âge de 14 ans, auprès de son père dont il quitte l’atelier en 1964 : ceci afin de s’initier à la bande dessinée auprès de son frère Albert.

De 1964 à 1968, il l’assiste sur les aventures de Michel Tanguy jusqu’à ce que Jijé prenne la suite.

À partir de 1965, il est employé à mi-temps par Dargaud pour réaliser les produits dérivés que génère le succès d’« Astérix ».

Il réalise les encrages et les couleurs des aventures d’Astérix jusqu’à l’album « Astérix chez les Belges ». Pour l’anecdote, il est l’auteur de la fameuse scène du banquet en parodie de Bruegel l’ancien, qu’il confiait avoir réalisé en une seule journée.

« Les Mémoires de Mathias » T1.

Il abandonne cette collaboration en 1979, après la création des éditions Albert-René et se fâche définitivement avec son frère.

En 1981, il crée la seule véritable série de sa carrière : « Les Mémoires de Mathias », pour l’éditeur suisse Delachaux et Niestlé (prépublication du premier épisode dans la version française du journal Tintin, les 1981).

Trois albums sont publiés jusqu’en 1985, dont les scénarios sont signés Moloch (Michel Clatigny).

Les aventures semi-réalistes du jeune normand parti au XVIIIe siècle pour le Canada ont été rééditées par le Coffre à BD, puis par Idées +, en 2015, où un quatrième et dernier tome est annoncé : « Le Maître des bisons ».

« Les Mémoires de Mathias T4 : Le Maître des bisons » : à paraître chez Idées +.

Parallèlement, en 1982 et 1983, sous le pseudonyme Cristini, il réalise pour Livre Essor deux albums gentiment érotiques de la « Brigade mondaine », adaptés des romans de Gérard de Villiers par Moloch.

« Brigade mondaine », sous le pseudonyme Cristini.

En 1987, il publie chez Dargaud l’unique album de « Marie l’Aventure » écrit par François Migeat et Jean-Louis Ughetto (prépublication dans Pilote, l’année d’avant).

« Marie l’Aventure » chez Dargaud.

À partir des années 1980, il se spécialise dans la réalisation d’albums indépendants destinés à divers éditeurs.

Notons, parmi une trentaine d’ouvrages : « Opération Esculape » en 1985 (scénario Albéric de Palmaert) et « Du Sang sur l’herbe » en 1987 (scénario Monique Amiel) pour Fleurus, « La Grande Guerre : La Marne, Verdun » en 1985 (scénario Jean Mabire) pour Larousse, « Roland Garros » en 1987 (scénario Jean-Pierre Lefèvre-Garros) pour Mémoire d’Europe, « La Bataille des Malouines » en 1997 (avec Daniel Chauvin) pour Lefrancq, « Le PSG » en 1996 pour les éditions Connivence, « Les Frères Wright » (scénario de Jean-Pierre Lefèvre-Garros) en 2005, « Charles 1er » en 2006 (scénario Marc Bourgne) aux éditions du Lombard, « Le Dernier des Mohicans » en 2007 (adaptation de Marc Bourgne) pour Adonis, « L’Affaire Spaggiari » en 2012 (scénario Jean-François Miniac) pour les éditions de Borée, « Commando Kieffer » en 2012 (scénario de Philippe Zytka) pour le Triomphe, « Histoire de l’aéronautique » en 2009 et 2010 (scénario Éric Stoffel et Christine Coste), « Charles Lindbergh » en 2015 (scénario Francis Bergèse) pour Idées +…

« Le Dernier des Mohicans » pour Adonis, en 2007 (adaptation de Marc Bourgne).

Il participe à de nombreux albums collectifs pour les éditions Petit à petit et pour Idées +.

En 2019, il participait encore à « La Fiat 500 », ouvrage collectif publié chez Idées +.

Marcel Uderzo a aussi travaillé pour la publicité : les laboratoires Wellcom, les Caisses d’épargne, la RATP… et illustré des livres pour enfants, dont la série « William » publiée aux éditions Didier Carpentier. Aussi habile dans le réalisme que dans l’humour, on lui reprochait parfois la similitude de son trait avec celui de son frère, en oubliant qu’il avait dessiné à ses côtés sur ses propres séries pendant plus de dix ans.

BDzoom.com présente ses condoléances à ses proches.

Henri FILIPPINI

Relecture, corrections, rajouts et mise en pages : Gilles RATIER

« L'A.B.D. de l'épargne » : les éditions de l''Épargne, 1982.


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4 réponses à Marcel Uderzo : à l’ombre du grand frère…

  1. Mariano dit :

    Un de plus.
    On pouvait le rencontrer sur des salons comme celui du Bourget (Aviation).
    ;o(

  2. Kroustilyion dit :

    J’ai eu la chance de le rencontrer, il m’a laissé un véritable beau souvenir. Il avait le talent discret, il aurait mérité une meilleure reconnaissance ! Salut l’Artiste.

  3. PATYDOC dit :

    Il faut remplacer les deux points par une virgule sinon le lecteur pense que c’est Marcel l’aîné !

  4. Miniac dit :

    Bonjour,

    C’est avec tristesse que je découvre ici le récent décès de Marcel Uderzo. Lui ayant scénarisé notre Spaggiari pour la directrice éditoriale de De Borée voici quelques années, je peux témoigner d’un monsieur d’une grande gentillesse, délicat, d’une collaboration plaisante, d’une passion pour le dessin demeurée intacte bien qu’il devait alors tutoyer les 80 printemps et d’une toujours grande énergie de travail (à l’époque, en 2011-2012, il menait simultanément de front deux albums entiers), Pour avoir aussi vu des planches d’une grande souplesse de trait, dans un esprit à la Morris, sans parler de sa série des mémoires de Mathias dans l’orthodoxie d’Astérix, il est bien dommage que son beau talent de dessinateur d’humour n’ait été valorisé par une série pérenne chez un bel éditeur. Je garde le meilleur souvenir de celui qui aura accepté ma proposition pour ce cher Bert Spaggiari et aura surtout encré les Astérix de nos enfances, les meilleurs naturellement puisque teintés de nostalgie.

    JFM.

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