Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...Olivier Taffin : l’atelier Bergame à nouveau endeuillé…
Bien qu’arrivé avec la génération des dessinateurs des années 1970, Olivier Taffin, le dessinateur de la série « Orn cœur de chien , est aujourd’hui injustement oublié. Après Fabien Lacaf, voici quelques mois, ce membre du mythique atelier Bergame nous a quittés le 2 décembre à Marseille.
Né le 6 juillet 1946 à Paris, Olivier Taffin publie ses premières pages de BD dans Phénix, Le Canard sauvage et Pilote où il débute dans le n° 735 (23/08/1973).
En 1974, il autoédite « Écarts » (un album réunissant une sélection de pages coquines) et réalise « Faits et gestes des 11-14 ans » aux éditions Sénévé.Â
L’année suivante, il participe à la création de Tousse Bourin : magazine de petit format fondé avec ses amis Régis Loisel, Max Cabanes, Anne-Marie Simon, Loro, Serge Le Tendre, Michèle Costa Magna…
Hélas, la revue ne tient que le temps de publier quatre numéros.
Tout en livrant des illustrations pour enfants, il propose le recueil « Fume c’est du Taffin » chez l’éditeur suisse Rolf Kesselring. En 1979, avec Régis Loisel et Michel Rouge, il ouvre l’atelier Bergame : parce que situé rue Bergame à Paris. Ils seront bientôt rejoints par Serge Le Tendre, Patrick Cothias, Max Cabanes, Pierre-Yves Gabrion et Fabien Lacaf.
En 1982, pour les éditions Dargaud, il démarre « Orn cœur de chien » avec Patrick Cothias au scénario. Six albums sont proposés jusqu’en 1989, le dernier étant réalisé par lui seul.
Toujours pour Dargaud, de 1986 à 1989, il propose la trilogie « Allaïve », après que Jacky Goupil ait compilé divers récits dans le recueil « Règlements de contes » en 1985.
Enfin, en 1994, il réalise son ultime album : « Odyss », aux éditions Vents d’Ouest.
La bande dessinée ne nourrissant pas son homme, il peint ou illustre des livres pour enfants chez Nathan, Actes Sud, L’École des loisirs… et collabore au Journal de Jonas publié par La Vie catholique.
Il quitte Paris en 1990 pour le pays de Langres, où il s’installe.
Il dirige l’école municipale de dessin de Langres de 1993 à 2011, ouvre un atelier avec sa femme Cornélia Taffin, écrit des textes de chansons pour le groupe Juga Lula de 2000 à 2014, collabore au Journal de la Haute-Marne chroniquant tout et rien, crée le Cabaret de la chanson d’auteur au sein du café du village de Villegusien-le-lac, anime le blog Les Feuilles d’Olivier à partir de 2006, tout en peignant et illustrant divers ouvrages dont « La Table chaude » en 1998, « La Queue du chat » en 2002…
Ses lecteurs se souviennent de son trait sensuel, de ses femmes dénudées aux corps fragiles, de ses mises en pages audacieuses…
Dommage que le public n’ait pas adhéré à son œuvre originale.
Reste le plaisir de découvrir ses albums, hélas trop rares. Pour ma part, j’ai le souvenir d’un joyeux compagnon, doté d’un humour leste et d’un sourire ravageur.
Nos pensées vont à ses proches et à ses vieux copains de l’atelier Bergame qui doivent être bien tristes.
Henri FILIPPINI
Merci pour ce bel hommage à ce touche-à -tout merveilleux
Bonjour, merci Henri pour ce bel l’article sur Olivier, j’ajouterai juste que Laurent Vicomte, disparu le 9 août dernier, est passé lui aussi par l’atelier Bergame dans les belles heures de ce lieu atypique!
Bien à vous!
Merci pour ce texte, ses petits détails précieux et les trésors visuels et narratifs retrouvés.