Il semblerait que l’éditeur Altercomics, ait tenu ses promesses de faire un effort conséquent sur la traduction en langue française et l’orthographe des textes de certains fumetti du célèbre catalogue de Sergio Bonelli, qu’ils ont commencé à publier depuis le mois d’août (1) : preuve en est la parution des n° 2 disponibles depuis le 8 novembre… Nous en sommes vraiment heureux, notamment pour l’excellente série policière « Julia », scénarisée par Giancarlo Berardi et illustrée pour cet épisode par le virtuose Corrado Roi : voilà qui devrait ravir les amateurs de bandes dessinées populaires italiennes en noir et blanc !
Lire la suite...« Dracula » : un classique, maintenant en manga…
« Dracula », un titre incontournable de la littérature ! Tellement incontournable que cette figure est devenue l’archétype du vampire dans la plupart des œuvres modernes. Si de nombreux titres s’inspirent du livre de Bram Stocker, peu l’ont finalement adapté à la lettre. La collection des classiques en mangas des éditions Nobi Nobi, comme son nom le suggère, rassemble des titres incontournables de la littérature et transforme les mots en art séquentiel de manière respectueuse. Avec ses 384 pages, « Dracula » fait partie de ces adaptations réussies. 120 ans séparent les lecteurs de l’œuvre originale des lecteurs de ce manga : le plaisir et le frisson sont par contre toujours les mêmes.
Le comte Dracula est un monstre sanguinaire habitant les Carpates : une chaîne de montagnes peu fréquentée, entre la République tchèque et la Roumanie. Le roman original de Bram Stocker est basé sur le personnage tout autant sanguinaire, mais nettement moins fantasmagorique de Vlad III Basarab, surnommé Drăculea (fils du dragon, son père étant Vlad II Dracul). Même s’il n’est pas le premier à écrire sur le sujet avec ce roman, Bram Stocker a défini les caractéristiques immuables des vampires, notamment leurs aversions pour les crucifix et leurs reflets inexistants. Son roman est épistolaire : le personnage principal (Jonathan Harker) tient un journal de son périple et rend compte de son voyage à ses proches via de longues correspondances qui rythment le récit. Cette particularité est, bien entendu, conservée dans la version manga. La natation alterne donc entre cartouches narratifs écrits de la main de Jonathan et bulles de dialogues. Ce qui fait que ce manga est extrêmement dense : de quoi bien occuper le lecteur !
Du point de vue graphique, le dessin est dans la veine des mangas réalistes. On sent bien que c’est un travail de commande destiné à éveiller les jeunes à la lecture ou, du moins, leur offrir un supplément de connaissances littéraires. Le traitement est neutre et s’adapte au sujet avec des décors victoriens et de nombreux aplats noirs. Comme le roman de Bram Stocker, ce n’est pas un récit enchaînant gratuitement les séquences d’horreurs. Il n’y a pas d’images sanguinolentes à même de traumatiser les adolescents, même si certains protagonistes trouvent la mort au fil des pages. Le passage vers un format graphique n’a pas été une excuse pour intensifier les scènes morbides. Les jeunes lecteurs ne seront donc pas plus effrayés par le manga que par le roman.
Sur la forme, cette collection se veut prestigieuse, à l’image d’un beau livre à conserver. Couverture cartonnée souple, vernis sélectif, pelliculage mat, page de garde collée sur l’intérieur, dos rond, tranchefile et signet indispensable pour retrouver sa page. Néanmoins, même si une tranchefile est bien présente, le livre n’a pas une reliure cousue, mais un simple dos collé, plus fragile dans le temps. Pourtant, l’effet est là, et tout est fait pour rappeler les beaux livres d’antan. Une fois alignée dans la bibliothèque, même si les couleurs sont disparates entre les titres, cela fait une collection homogène et prestigieuse. La couverture est quand même moins enfantine que sur des titres comme « Heidi » ou « Tom Sawyer », point de case criarde derrière le personnage principal, mais un décor plus sobre. Ce visuel positionne immédiatement « Dracula » comme une lecture pour adolescents et non pour jeunes enfants.
« Dracula » n’est pas le premier volume dans la collection des classiques en manga. Depuis 2014, 24 titres sont disponibles : « Alice au pays des merveilles », « Le Comte de Monte-Cristo », « Deux Ans de vacances », « Emma », « Hamlet », « Heidi », « Jane Eyre », « Les Aventures de Tom Sawyer », « Les Enquêtes de Sherlock Holmes », « Les Misérables », « Les Quatre Filles du docteur March », « Les Trois Mousquetaires », « Les Voyages de Gulliver », « Le Livre de la jungle », « Le Magicien d’Oz », « Le Merveilleux Voyage de Nils Holgersson », « La Mythologie grecque », « Nouvelles extraordinaires d’Edgar Allan Poe », « La Petite Princesse Sara », « Raison et sentiments », « Roméo et Juliette », « Train de nuit dans la voie lactée », « Un chant de Noël ».
S’enrichissant régulièrement de nouveaux titres, la collection des classiques en manga est une excellente idée qui permet aux jeunes, réfractaires à une lecture de texte simple, d’acquérir un semblant de connaissances patrimoniales. Le format manga permet de ne pas trahir l’œuvre d’origine, en respectant la densité du récit sans être limité par un nombre de pages réduit, comme c’est le cas lors d’adaptation en bande dessinée cartonnée classique. Ce n’est pas de la littérature, mais ça s’en approche.
Gwenaël JACQUET
« Dracula » par Virginia Nitouhei et Stacy King, d’après Bram Stocker
Éditions Nob-Nobi (10,90 €) – EAN : 9782373494716
C’est le genre de truc, qui est à mille lieues de la force du roman comme toutes les adaptions roman/bd d’ailleurs.
_ Un peu comme le caramel non ? … un arôme artificiel non naturel ^^
faut pas non-plus cracher dans tout les bols de soupe sans jamais les avoir goûté au moins !!
Quelque que soit le type de média racontant les histoires de Dracula il y a de toute les nuances , de l’exceptionnel au mauvais …. c’est comme tout , rien dans la vie .. ou du moins peu de choses .. n’est ou tout noir ou tout blanc , mais nuancé l’ami !