Décès de Max Lenvers : bon vent Maxon !

Nous apprenons avec tristesse le décès de Max Lenvers, Maxon pour ses amis. Au milieu des années 1950, il rejoint les grands auteurs de l’après-guerre en publiant ses premiers travaux dans le prestigieux journal Vaillant. Si sa production est limitée, il demeurera, pour tous ceux qui l’on rencontré, outre un excellent dessinateur, un agréable compagnon doté d’un humour communicatif.

Illustration : Coq hardi je serai n° 5 (1955).

Max Lenvers est né en août 1933, dans le quartier de la Roquette à Paris.

Enfant turbulent, souvent dans la lune, il rêve d’être pâtissier, mais devient manutentionnaire après avoir obtenu son certificat d’études.

Il suit des cours de dessins, sa passion, rencontre le dessinateur Rémy Bourlès dont les conseils lui permettent de travailler pendant trois ans dans une revue pour enfants.

Il se retrouve ainsi employé à Pierrot où il faisait surtout office de secrétaire de rédaction du journal en 1954 et 1955, publiant deux récits complets de quatre pages « Un « monsieur » de quatorze ans » (au n° 107 du 13/11/1955) et « Un héros modeste » (au n° 109 du 27/11/1955).

C’est alors que Marijac, le responsable de Coq hardi, lui confie la réadaptation de « Capitaine Mystère » : l’un de ses nombreux scénarios d’aventures flibustières qu’il avait déjà lui-même illustré en 1942 dans un fascicule à l’italienne imprimé par E.L.A. à Clermont-Ferrand.

« Un "monsieur" de quatorze ans » : Pierrot n° 107 (13/11/1955).

Ces sept nouvelles pages, qui racontent l’origine de la saga du « Capitaine Fantôme » dessinée par Raymond Cazanave, sont publiées dans les n° 17 et 18 de la troisième série de Coq hardi, datés du 21 avril 1955 et du 15 mai de la même année.

Planche originale de « Capitaine Mystère ».

Ensuite, il réalise quelques illustrations pour l’éphémère Coq hardi je serai (quatrième nouvelle mouture de la revue créée par Marijac qui ne durera qu’un peu plus d’un an), à partir de juillet 1955. Sa rencontre avec Pierre Le Guen lui ouvre les portes des éditions Vaillant et du poche Caméra 34 où il réalise quelques récits complets, dont « La Vengeance du boucanier » sur un scénario de Jean Ollivier mettant en scène le Capitaine Cormoran, au n° 121 de février 1955.

« Louk chien-loup » : Vaillant n° 610 (01/956).

La même année, pour Vaillant et en l’absence de Claude Pascal, il dessine un épisode de « Louk chien-loup » écrit par Roger Lécureux. Le titulaire de la série de retour, il réalise une douzaine de récits complets et quelques illustrations, jusqu’en 1959.

« La Tunique du flibustier » : Vaillant n° 610 (01/1957).

Pour le format de poche Pirates des éditions Aventures et voyages, il crée en 1960 « Éric Tête folle ». Ce récit de flibuste, imaginé par Jean Ollivier, a pour héros le capitaine de l’Écureuil chargé de remplir des missions par le gouverneur de Saint-Domingue.

« Éric Tête folle » : Pirates n°12 (05/1964).

La série se poursuit jusqu’en 1964, parfois avec le concours de Georges Brient.

« Éric Tête folle » : Pirates n° 16 (06/1964).

Toujours en 1960, il participe brièvement aux aventures de Tomic publiées par le mensuel Téméraire des éditions Artima, venant en aide à son collègue Pierre Le Guen débordé de travail.

« Tomic » avec Pierre Le Guen : Témaraire n° 31 (04/1960).

« Lenvers qui es-tu ? » Vaillant n° 635 (05/1957).

En 1960, il rejoint son ami Roland Garel à France-Soir où ils occupent le poste de dessinateur-reporter : toujours prêts à bondir à l’arrière de la puissante moto du quotidien, afin de croquer sur le vif l’actualité brûlante.

Rejoints plus tard par François Castan, ils occuperont cette fonction jusqu’aux années 1980.

Cette activité salariée lui permet de considérer la bande dessinée comme un supplément à des revenus réguliers.

On le retrouve, par exemple, dans Bayard en 1961 avec un récit de quatre pages (« La Croisière jaune ») scénarios par Jean Acquaviva, puis dans son successeur Record avec une aventure de Simon Leblanc en huit planches (« La Croisière jaune »), en 1964.

En 1968, pour Pif gadget, il vient en aide à René Deynis, malade, et dessine quelques récits complets des aventures de Jacques Flash écrits par Pierre Castex, jusqu’en 1971.

« Jacques Flash » : Pif gadget n° 132 (août 1971).

En 1977, il réalise le premier album publicitaire de la série « Voilà les Babus ! », aux éditions Mame-Fayard.

L’année suivante, il entre au studio Five Stars composé de Pierre Le Guen, Philippe Luguy, René Deynis…

Ce studio a été créé par Claude Moliterni, afin de réaliser des épisodes d’« Albator » et de « Captain Fulgur » destinés au Journal de Captain Fulgur présente Albator des éditions Dargaud : un mensuel qui ne dura que le temps de 11 numéros, de février 1980 à janvier 1981.

« Captain Fulgur » : Le Journal du Captain Fulgur n° 6 (08/1980).

« Albator » : Le Journal du Captain Fulgur n° 5 (07/1980).

« Drôles de bulles ».

En 1981, il participe au « Coran en BD » initié chez Dargaud, puis dessine « Drôles de bulles » : une vini-chronique écrite par Saint-Roch, toujours pour Dargaud, en 1982.

De 1985 à 1992, il dessine plusieurs albums de la série « Les Voyageurs de l’histoire » aux éditions Pierre Bordas et fils : « Les Grecs », « Henri IV » et « François 1er ».

En 1985, il fait un court passage dans le domaine de l’érotisme avec la publication de « L’Ordinatrice » de Maud de Belleroche, aux éditions Dominique Leroy.

Il n’y aura, hélas, pas de second volume de cette série fort sage qui demeure inachevée.

« L’Ordinatrice » : éditions Dominique Leroy (1985).

En 1988, il illustre « La Prodigieuse Aventure de Notre-Dame de Boulogne » de A. Pierru pour les éditions de Fleurus.

Sous le pseudonyme Maxon, il collabore au quotidien La Croix où il dessine le strip « Prolo roi », à l’Os à moelle, à la revue Judo pour laquelle il anime « Gaël aux mains nues », et surtout au Hérisson de 1980 à 1992.

« Ça, c’est français ! » : Le Hérisson n° 2055 (05/09/1985).

Pour l’hebdomadaire au papier vert, il propose des cartoons, des illustrations, participe en alternance avec Lucien Nortier à la rubrique de René Sinn « Ça, c’est français ! », adapte en strips le roman « Nostradamus » de Michel Zévaco…

« Nostradamus » : Le Hérisson n° 2389 et 2376 (1991/1992).

Retiré depuis les années 1990, il travaille quand même sur un projet d’albums de flibuste écrit par son ami Jean Ollivier : « Padraig ». Destinée à l’origine aux éditions Théloma, cette série sera finalement publiée en trois volume chez Grand West, entre 2011 et 2012.

« Padraig ».

Ses derniers travaux connus sont des illustrations réalisées pour les cinq romans de « L’Or, l’amour et la gloire » : superbe saga de flibuste écrite par Jean Ollivier publiée aux Presses de la cité, de 2001 à 2005.

illustrations pour « L’Or, l’amour et la gloire » aux Presses de la Cité (2001/2005).

On peut regretter que la sécurité assurée par France-Soir n’ait pas incité Max Lenvers à se lancer dans des projets plus ambitieux.

Ses derniers travaux témoignent de son grand talent de dessinateur réaliste classique.  

BDzoom.com présente ses sincères condoléances à ses proches.

Henri FILIPPINI

Relecture, corrections, rajouts et mise en pages : Gilles RATIER

« Padraig » T2.

Galerie

6 réponses à Décès de Max Lenvers : bon vent Maxon !

  1. Fab dit :

    Dans la page servant à illustrer Captain Fulgur numéro 6, apparaissent des personnages créés par Gigi. Par quel mystère ?

    • Gilles Ratier dit :

      Le scénariste de ces histoires était le regretté Claude Moliterni (l’un fondateurs du site BDzoom.com), lequel a certainement dû glisser un clin d’oeil aux séries de science-fiction qu’il avait précedemment réalisées avec son ami Robert Gigi (« Orion, le laveur de planètes » ou « Agar ») ou même, peut-être, faire une tentative de cross-over avec elles.
      Bien cordialement
      Gilles Ratier

  2. En effet, les personnages d’Agar sont bien présents dans cet épisode de Captain Fulgur. Robert Gigi, le dessinateur, avait autorisé Claude Moliterni, le scénariste, de faire intervenir leurs héros dans cette série. Il faut dire que Max Lenvers, Pierre Le Guen et Robert Gigi étaient amis depuis leurs débuts.
    Henri Filippini

  3. Fab dit :

    Merci messieurs pour ces précisions et vos passionnants articles.

  4. Vincent dit :

    Bien triste nouvelle. Rencontré lors d’une des éditions du festival du Mongeront il était d’une très grande gentillesse. Mais il ne fallait pars lui parler de la période Vaillant pif.

    RIP Maxon

  5. Mariano dit :

    Un homme charmant et affable. Je l’avais rencontré à deux occasions.
    Pour les livres sur Pif/Vaillant et pour sa venue au Salon BD du XIIIe que nous organisions avec Georges Gasco. Je me demande si la photo « padraig » n’en est pas tirée.
    Nous allions déjeuner dans son fief-brasserie sur la place Montparnasse. Effectivement, tout le monde l’appelait Maxon.
    Un homme charmant bien trop peu connu.

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