Un voyage au-delà du ciel  !

« A Journey Beyond Heaven », ce sont deux histoires dans deux mondes : un intérieur et un extérieur qui doivent forcément avoir un rapport, lequel ne nous est pas encore dévoilé. « A Journey Beyond Heaven » c’est de l’excellente science-fiction, telle qu’on la faisait dans les années quatre-vingt : il y a peut être même un petit air d’« Akira » dans le dessin et la description de l’apocalypse. « A Journey Beyond Heaven », c’est surtout le gagnant, dans la catégorie seinen, du prestigieux Kono manga ga sugoi (ce manga est fabuleux) en 2019. Bref, « A Journey Beyond Heaven » s’annonce comme une grosse pointure de la SF en manga.

« A Journey Beyond Heaven » est quand même bien énigmatique. Dès la première page, l’histoire commence sans aucune introduction permettant de se situer dans le temps et l’espace. Nous sommes sûrement dans le futur, mais quand ? Mystère ! Dans un jardin, des enfants cultivent quelques tomates et jouent au milieu d’un complexe luxueux où tout semble adapté à leur épanouissement. En classe, ils écrivent sur des tablettes. Le cours, ainsi que les devoirs, sont donnés par un robot. C’est dans ce contexte que Tokio va se voir demander au cours d’un test  : « Veux-tu sortir en dehors du dehors  ? » Phrase bien énigmatique, car, en dehors des murs d’enceinte, il y a bien un autre monde. « Mais c’est un monde souillé… où rôdent des monstres abjects, un enfer  ! », comme le souligne la responsable des lieux.

Dès le second chapitre, changement de décor : le sanctuaire laisse place à des ruines où un jeune homme est accompagné par une jeune fille censée le protéger. Et, en effet, sa présence va s’avérer indispensable, car cette partie du monde regorge des crapules prêtes à tuer, ainsi que de réels monstres qui ont clairement les mêmes ambitions. Ils sont en quête d’un lieu nommé Paradis. Rien ne semble, pour le moment, lier ces deux endroits.

Le scénario laisse de nombreuses zones d’ombre, même une fois arrivé à la fin de ce premier volume. Néanmoins, l’histoire avance assez rapidement, et si l’action n’y est pas haletante, elle offre son lot de rebondissements. En alternant entre le monde aseptisé du départ et les ruines de ce qui était apparemment une civilisation avancée, l’histoire se dévoile par petites touches qui laissent le lecteur dans l’expectative. Le suspense est bien mené, sans laisser le lecteur dans l’ombre. On en sait autant que les protagonistes et nous partageons leurs frustrations. Les volumes suivants s’annoncent pleins de péripéties, sûrement captivantes.

Graphiquement, Masakazu Ishiguro a un trait qui a la force vintage des débuts de Katsuhiro Otomo (« Akira », « Rêves d’enfants »…) et la candeur d’un auteur moderne comme Masashi Kishimoto (« Naruto »). La mise en pages reste classique  : un découpage en trois bandes divisées en cinq ou six cases. Les décors sont magnifiques et l’architecture en ruines est glaçante de réalisme, sans alourdir la lecture. Il y a peu de scènes sombres et, même pendant la nuit, le noir est exploité avec parcimonie. Ce n’est pas une ambiance glauque de fin du monde, mais plutôt une quête pleine d’espoir.

Bien sûr, on aurait aimé en savoir plus sur ce qui s’est passé avant : sur le cataclysme qui a dévasté ce monde, sur ce lieu où certains jeunes vivent éloignés des ruines. Toutes ces réponses nous seront sûrement fournies au fur et à mesure de la sortie des volumes. En attendant, il suffit d’apprécier le récit rondement mené de ce voyage à la recherche du paradis, ainsi que le quotidien insouciant de ces jeunes enfermés dans un sanctuaire.

Gwenaël JACQUET

« A Journey Beyond Heaven » T1 par Masakazu Ishiguro
Éditions Pika (7,50 €) – EAN  : 9782811650247

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