Le duo franco-américain François Boucq et Jerome Charyn se reforme pour mettre en scène les bassesses du genre humain…

En reprenant l’un des protagonistes de leur précédente association (1) — en l’occurrence le tatoueur slave Pavel, au passé tortueux —, le romancier issu du Bronx, célèbre pour son personnage de flic Isaac Sidel, et le protéiforme dessinateur lillois nous ont concocté un formidable roman noir sur fond de trafic de sang, digne de leurs autres réalisations communes : que ce soit « La Femme du magicien » (1986), « Bouche du diable » (1990) ou « Little Tulip » (2014).

Nous sommes évidemment à New York, périmètre urbain natal de Charyn qui nourrit son imagination, en 1990 : soit 20 ans après les événements décrits dans « Little Tulip ». Azami Tanaka, femme flic culturiste dont le corps est orné jusqu’au cou, habite chez un vieux tatoueur originaire d’Europe de l’Est qui l’a adoptée quand elle était petite. Après une impressionnante séance de musculation, elle apprend qu’il lui sera très difficile d’avoir des enfants à cause des stéroïdes qu’elle prend régulièrement pour sculpter son physique bodybuildé. C’est alors qu’à l’occasion de la poursuite de deux braqueurs, après avoir assisté à l’enterrement de l’un de ses collègues qui a été découpé en morceaux alors qu’il enquêtait sur de mystérieuses et inquiétantes disparitions, Azami découvre un bébé — avec un curieux tatouage sur la fesse gauche — abandonné dans une poubelle : elle décide de le garder…

            Le monde de la pègre et de la police sont remarquablement décrits dans ce polar graphique de 140 pages, à la limite du fantasmagorique, où défilent des personnages hauts en couleur comme le cul-de-jatte L’Albatros qui arpente le bitume de la Grosse Pomme, l’ancienne danseuse Nadya que Pavel croyait morte, Madame Paradis qui accueille les déshérités dans les bas-fonds ou encore la sorcière Anna-la-Hyène qui ne cesse de se repaître du sang de ses victimes.

            Évidemment, le dessinateur du « Bouncer » ou de « Jérôme Moucherot » sublime ces créatures grâce à son trait au style aussi fouillé que caricatural et, comme à son habitude, il se réapproprie le riche scénario littéraire et onirique de l’auteur de « Marilyn la dingue » ou de « Kermesse à Manhattan » : le dynamisant avec sa maîtrise de la narration et de la mise en scène. Il multiplie ainsi les changements de rythmes ou les trognes pittoresques et devient alors le maître-réalisateur de l’histoire : le véritable narrateur-graphiste…

Gilles RATIER 

(1)  Voir sur BDzoom.com : « Little Tulip » par François Boucq et Jerome Charyn.

« New York Cannibals » par François Boucq et Jérôme Charyn

Éditions Le Lombard (24,50 €) — EAN : 978-280-3667 — 253-0

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3 réponses à Le duo franco-américain François Boucq et Jerome Charyn se reforme pour mettre en scène les bassesses du genre humain…

  1. Didier Modeste dit :

    Ca donne tres envie….
    Merci !!!

  2. Gilles dit :

    Petite coquille : Bouche du diable date de 1990 et pas de 1999

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