Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...Claude Laverdure : disparition d’un modeste…
Le dessinateur Claude Laverdure est décédé hier matin (le 17/08/2020), à la suite d’une longue maladie. Il faisait partie de ces auteurs qui ont œuvré à l’ombre des grands, avec discrétion et efficacité. Pour tous ceux qui l’ont connu, il restera un confrère agréable sur lequel on pouvait compter.
Né à Buta au Congo (alors encore belge, et aujourd’hui Zaïre) le 19 avril 1947, Claude Laverdure reste dix ans en Afrique. Sa famille s’installera en Belgique dans la région de Namur qu’il ne quittera plus.
Il étudie le métier de graphiste à l’IATA : Institut des arts et techniques artisanales. Après avoir effectué son service militaire, il entre en 1967 aux éditions Wesmael-Charlier de Namur où, jusqu’en 1973, il cumule les fonctions de dessinateur, photograveur, metteur en pages, graphiste et même cartographe.
Pendant un temps dessinateur dans une société de supermarchés, il devient dessinateur indépendant en 1974, tout en continuant à collaborer avec Wesmael-Charlier. Il assiste Mazel sur le western animalier « Chacal Bill » que le dessinateur des « Mousquetaires » réalise pour Pif gadget.
Aux côtés de Marc Hardy, Magda et d’autres, il entre en 1979 au studio d’Édouard Aidans où il travaille surtout sur les premiers « Tony Stark » (dont la plupart des scénarios ont été écrits par Jean Van Hamme).
Il réalise décors et encrages de cette série d’aventure destinée au magazine allemand Zack (en France dans Super As) : voir Le Grand Magazine de bande dessinée européenne : à l’origine était Zack !, Le Grand Magazine de bande dessinée européenne : et Super As arriva !, et Le Grand Magazine de bande dessinée européenne : l’agonie de Super As !.
C’est là qu’il rencontre Chris Lamquet qui l’aide à dessiner, en 1981, l’ouvrage « 150 ans d’avatars de la province de Namur » écrit par Alain Streng.
À cette occasion, il crée le personnage de Grognon le Nuton : mascotte du Namurois pendant plusieurs décennies. Cet album sera réédité en 1997, chez Hélyode (sous le titre « Les Avatars de la province de Namur : 1830-1996 »), avec 24 nouvelles pages.
En 1986, il publie chez Bédescope, toujours avec Alain Streng, « La Mémoire albinos » : le premier épisode d’une trilogie intitulée « Le Syndrome des sorciers ».
Le second épisode, pourtant réalisé, ne sort pas à cause de la faillite de leur éditeur.
Les pages seront publiées en noir et blanc dans le fanzine L’Inédit, ainsi que d’autres travaux, comme « Les Aventures du baron Prosit » créé en 1982 et destiné à l’origine à Spirou.
Puis, il illustre des romans pour la jeunesse écrits par Christian Piscaglia.
Le duo publie, en 1987, le premier épisode des « Chroniques de l’impossible » chez Dargaud, suivi de deux autres volumes en 1988 et 1990.
Un quatrième album, à l’état de projet, ne sortira pas lui non plus.
En 1990, il démarre chez Claude Lefrancq une adaptation par Luc Dellisse du « Fantomas » de Souvestre et Allain. Deux autres albums sont publiés en 1991 et 1995.
Entre temps, avec le même scénariste, il adapte « Voyage au centre de la Terre » de Jules Verne, publié en deux volumes en 1993 et 1997. Le projet d’un « Michel Strogoff » ne voit pas le jour, à la suite de la fermeture des éditions Lefrancq.
En 2002, pour la collection Biggles racontedes éditions du Lombard, il réalise un « Saint-Exupéry ». Le projet d’un second ouvrage consacré à « Charles Lindberg » (scénario de Francis Bergèse) est abandonné.
Secoué par le décès de son fils, déçu par ses diverses expériences éditoriales, Claude Laverdure revient à son métier d’origine, sans pour autant quitter complètement le monde de la BD : en 2006, il publie, aux éditions Miklo, une remise en couleurs de « Voyage au centre de la Terre » (couverture de René Follet) et, en 2013, il met en couleur « Les Indes noires » pour les éditions Sphinx des glaces.
Il s’occupait aussi de la scénographie du musée de la Fraise de Wépion.
Une exposition consacrée à ses travaux a été proposée à la galerie Aarnor à Spy, au début de cette année.
Le dernier ouvrage mis en pages par ses soins, « Signe du zodiaque » du peintre Marcel Lucas, sortira en cette fin d’année.
Sans avoir eu la chance de flirter avec le succès, Claude Laverdure a réalisé son rêve : devenir auteur de bande dessinée.
Joyeux compagnon auprès de ses confrères, père de famille attentionné, il mérite sa place au sein de la grande famille BD. C’est vers sa propre famille que vont nos pensées.
 Henri FILIPPINI
Relecture, corrections, rajouts et mise en pages : Gilles RATIER
La photo de Claude Laverdure en Une de l’article est de Nicolas Anspach, merci à lui.
Merci pour ce panorama très complet (comme toujours) du travail de Claude Laverdure. Je découvre un certain nombre de travaux que je ne connaissais pas et je me rends davantage compte de la quantité et de la qualité de ses réalisations. J’ai eu le plaisir de le rencontrer à plusieurs reprises pendant notre passage aux éditions Lefrancq et il était un charmant camarade, malgré l’ épreuve qu’il avait dû surmonter, restant toujours positif et de très bonne compagnie. Mes pensées vont à sa famille.
Au fond, ce que j’aimais, j’aime et j’aimerai dans la BD, ce sont ces « petites mains » qui ont su me faire rêver quand j’étais jeune lecteur. Merci de leur rendre hommage, Henri.
J’ai l’excellent souvenir d’un homme chaleureux et classe. Il m’a aidé de manière ponctuelle sur le Tome 4 de Gord « la neige rouge » il y a dessiné deux ou trois avions Dakota. Un modèle qu’il affectionnait. Et m’a aidé également à terminer deux ou trois planches de Wayne Shelton T8 ( fin d’album). Je l,ai Appelé à l’aide les deux fois et il a répondu avec efficacitè et enthousiasme.
Je l’aimais bien, tout simplement.de tout cœur,je suis avec lui
Chr, denayer
Ping : Those We Have Lost in 2020 – Part Two – downthetubes.net