Créé par l’écrivain irlandais Bram Stoker en 1897 — et inspiré par le personnage historique du comte Vlad III de Valachie, qui vécut au XVe siècle —, « Dracula » s’apparente autant à un roman qu’à une étude ethnologique ou géographique : l’auteur décrivant pourtant la Transylvanie, sans jamais être allé dans cette région austro-hongroise, en se documentant uniquement dans des bibliothèques. En effectuant un retour aux origines du mal présentes dans l’œuvre originale, tout en s’inspirant librement, cette version — sous-titrée « L’Ordre du dragon » — est une somptueuse bande dessinée d’horreur coéditée par Glénat et Lo Scarabeo.
Lire la suite...Dans « Toajêne », BD déjantée et jubilatoire, les microbes peuvent aussi tomber amoureux…
Certains microbes sont pourvus d’intelligence… Si, si ! En tout cas beaucoup plus que les espèces de monstres nuls en calcul ne comprenant rien à rien qui peuplent l’univers microscopique. Eux, au moins, ils savent compter et peuvent même s’émouvoir devant la projection d’un classique du cinéma. D’ailleurs, il y en a un, au visage humain, qui va tomber amoureux de l’actrice Maureen O’Sullivan dans le film « Tarzan » (avec Johnny Weismuller) et finira par redonner espoir à l’humanité accablée… Vous avez compris, « Toajêne » est un récit burlesque, totalement barjot, qui touche, néanmoins, à la fantaisie poétique !
Même s’il ne mesure qu’un micromètre, notre héros se prend donc pour MoaTarzan, le roi des z’animaux.
Comme il a réussi à pousser son terrible cri, il ne lui reste plus qu’à trouver la belle ToaJêne…
Toutefois, il sauve d’abord l’une de ces créatures sans cervelle dont on vous a parlé dans l’introduction de cette chronique — qu’il va appeler Tchita —, laquelle va le suivre dans sa quête amoureuse.
Toujours flanqué de son animal de compagnie, notre remarquable micro-organisme parvient à communiquer avec un chercheur patenté qui a perdu un œil à cause de l’épidémie frappant aujourd’hui le monde entier.
Et, en poussant le cri de MoaTarzan, il va lui rendre cet organe quasi vital.
L’avenir de l’humanité dépend donc, désormais, de ce microbe que seul stimule son amour pour l’icône du 7e art qu’il appelle Toajêne…
Avec cette improbable odyssée exubérante d’une amibe juvénile qui va tous nous sauver de la pandémie, Bruno Bozzetto, artiste italien issu de l’animation, a créé un récit complètement loufoque, aussi drôle qu’enchanteur ! Ses cocasses dialogues, malins et bien tournés, ainsi que ses divertissantes mises en situation, sont étonnamment imagés par le trait libéré de Grégory Panaccione : son talentueux compatriote déjà remarqué sur la saga « Chronosquad » (avec Giorgio Albertini), sur le « Donjon Antipodes » de Joann Sfar et Lewis Trondheim ou encore sur « Un océan d’amour » (un scénario de Wilfrid Lupano), chez le même éditeur (1). Notons, qu’ici, il adopte progressivement un style convaincant qui se rapproche un peu de celui qu’utilisait Moebius à l’époque de ses premières bandes dessinées dans Hara-Kiri, oscillant alors, avec brio, entre une caricature et un semi-réalisme de bon aloi.
(1) Voir sur BDzoom.com : « Chronosquad T3 : Poulet et cervelle de paon à la Romaine » par Grégory Panaccione et Giorgio Albertini et Donjon, la série mythique de Sfar et Trondheim, revient… : et ça nous fait plaisir !.
« Toajêne » par Grégory Panaccione et Bruno Bozzetto
Bruno Bozzetto : 82 ans !