Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...Sergio Tisselli : disparition d’un réel talent…
La bande dessinée italienne, les fumetti pour les initiés, compte un grand nombre d’auteurs prestigieux largement traduits en France. D’autres, plus discrets, peinent à se faire connaître du grand public. C’est le cas de Sergio Tisselli, réel talent, décédé d’une crise cardiaque le 14 avril 2020.
Né le 24 janvier 1957 à Bologne, Sergio Tisselli, grand admirateur de la série « Zagor » publiée par Bonelli, aborde la bande dessinée en 1980, après avoir suivi des études de lettres.
Il collabore pendant quatre ans à la revue Corriere Boy Music où il publie une vingtaine de récits indépendants, avec le concours de son ex-femme Loredana.
Il réalise ensuite « La Costellazione del Cane » qui se déroule à Bologne pendant la peste de 1576. Puis, il dessine deux albums avec Marco Caroli : « Il Satanone Bolognone » et « L’Iperbolica Pomata ».
Sa rencontre avec Roberto Raviola, alias Magnus (1), qui devient son ami, donne naissance à « Giuseppe Pignata » : série en 15 épisodes totalisant 120 pages écrites par Magnus et publiées par la revue Nova Express (le nouveau mensuel de Luigi Berardi).
Par la suite, il réalise les couvertures de l’intégrale de « Martin Mystère », avec Lucio Filippucci, pour les éditions Hazard.
Pour le même éditeur en 2003, il adapte, avec Valerio Rontini, le roman « Kim » de Rudyard Kipling.
Pour les éditions Scarabeo de Turin, il illustre un jeu de tarot, puis dessine « Occhio di Lupo » et « Foreste di morte » : récits écrits par Giovanni Brazzi.
En 2016, il réalise une aventure du célèbre Tex Willer écrite par Pascuale Ruju pour la collection Color Tex (le n° des éditions Bonelli.
Cet album est traduit en France chez Mosquito sous le titre « Prisonnière des Apaches ».
De ce premier contact avec l’éditeur français naît l’idée de créer une série western écrite par François Corteggiani dont le héros est une tunique rouge de la police montée canadienne d’origine métisse. (2) Deux épisodes ont été publiés : « Le Chemin du couchant » en 2018
et « La Marque du diable » en 2019. Un western au ton humain superbement mis en images qui comble les amateurs du genre.
Notons qu’un troisième épisode, « La Mort blanche », était en cours de réalisation mais ne verra pas le jour, seules cinq pages avaient été terminées.
Auteur méticuleux, passionné par la recherche de documentations, amoureux des grands espaces, Sergio Tisselli est également l’auteur de portfolios sur l’Ouest américain : il nous a quittés le 14 avril, à l’âge de 63 ans.
En ces temps de confinement, on peut quand même se procurer ses albums aux éditions Mosquito (mosquito.editions@wanadoo.fr) où sur le site Izneo.com, pour ceux que la lecture sur écran ne rebute pas.
Henri FILIPPINIÂ Â
(1) Voir :Â Roberto Raviola dit Magnus.
(2) Voir : Sergio Tisselli publie un western inédit chez Mosquito, scénarisé par François Corteggiani…
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