Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
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Ce neuvième numéro des Cahiers de la BD toujours aussi copieux que les précédents revient sur le traitement de la grande Histoire par les auteurs de BD. Un dossier documenté qui permet d’évoquer des dessinateurs qui n’ont pas l’habitude de figurer dans ce trimestriel où il ne faut pas espérer croiser les grandes séries qui permettent au marché de la bande dessinée de survivre. Ce qui n’empêche pas sa lecture d’être indispensable.
La couverture signée Milo Manara représentant la Liberté guidant le peuple ouvre de belle manière ce numéro dont le cahier thématique pose la question « Comment raconter l’Histoire en BD ? » De L’Histoire de France en BD jadis publié par Larousse au récent « Une histoire de France » aux éditions du Lombard Lucie Servin propose un tour d’horizon de l’exploration de la grande Histoire par la BD. Nicolas Tellop revient sur dix albums historiques, enfin Tristan Garcia évoque ces bons vieux « Timour » qui hantait jadis les pages de Spirou sous le crayon du regretté Sirius.Enfin, trois questions sont posées à cinq historiens aux réponses parfois surprenantes. Ce dossier n’est qu’une petite partie de ce numéro où Lucie Servin rencontre Aj Dungo « jeune prodige américain » (faut pas pousser) auteur de « In Waves » édité par Casterman. Andréas, un vrai prodige lui, évoque avec Sonia Deschamps sa longue carrière d’auteur singulier alors que « Capricorne » sort en intégrales au Lombard, suivi par Nicolas de Crécy invité par Vincent Bernière qui revient à la BD avec « Visa transit » publié chez Gallimard. Portrait d’Ugo Bienvenu auteur d’une SF déroutante (« Préférence système ») publiée chez Denoël. Mathias Rozes et Nicolas Tellop rencontrent un trio fameux d’auteurs de romans graphiques vivant au Canada : Chester Brown, Joe Matt et Seth. Vincent Bernière profite de l’exposition consacrée à la mode par le musée de la BD d’Angoulême pour proposer un long article sur ce thème avant de présenter Michel Lépinay le premier photographe d’Hara-Kiri. Antoinette de Lornières fête les 90 ans d’Alessandro Jodorowsky avec l’aide d’un reportage photo émouvant. Enfin, Bernard Joubert rend hommage à Elvifrance en revenant sur le fascicule mythique Salut les bidasses : best-seller populaire et audacieux méconnu des années 1980.
À ces articles s’ajoutent les rubriques habituelles signées Yves Frémion, Numa Sadoul, François Ayroles, Dominique Bertail, Daniel Maghen, Frédéric Poincelet… sans oublier le cahier critique où vous ne trouverez ni « XIII » ni « Largo Winch ». Enfin, quelques courtes histoires peu connues sont présentées : « Rork à New York » par Andréas, « Flamme éternelle » par Seth…
Affirmer que l’amateur de bandes dessinées classiques trouve son compte dans cette livraison des CBD serait mentir, mais la diversité des sujets, la qualité des articles, permet à tout le monde d’y trouver son plaisir de lecture.
Henri FILIPPINI
Les Cahiers de la BD n° 9
Vagator Productions, 178 pages (12, 90  €)
« Salvation » ?! Toujours aussi snobinards ces Cahiers. « Salut » aurait tout aussi bien pu faire l’affaire.
J’ai été au musée de la BD d’Angoulême, c’était génial.