« Jusqu’au dernier » : attention chef d’œuvre !

« John Tanner », « Mondo Reverso », « Odawa », « Lonesome », « Undertaker »… le western est partout en cette fin d’année. Un one shot devrait retenir particulièrement l’attention des amateurs du genre, mais pas seulement. « Jusqu’au dernier », un petit bijou du label Grand Angle qui confirme le fort potentiel d’un duo d’auteurs au top : Jérôme Félix et Paul Gastine.

La construction à marche forcée du chemin de fer dans l’Ouest voit de nouvelles villes pousser comme des champignons. Les éleveurs préfèrent confier leur bétail au rail plus rapide et moins onéreux plutôt qu’aux cow-boys, ces vachers incultes dont l’avenir est menacé. Parmi eux, Russel, vieux cow-boy usé qui associé à Kirby décide de finir ses jours  propriétaire de son propre ranch. Le duo est accompagné par Bennett, jeune garçon simplet adopté par Russel après l’assassinat de ses parents. Le petit village de Sundance, patelin oublié où végète une population de quakers pauvres, est choisi par l’Union Pacific pour devenir la gare d’embarquement de tout le Wyoming. La découverte dans sa ville jusqu’alors paisible du corps d’un homme assassiné, accidentellement on le saura plus tard par le jeune Tom,  fait paniquer le maire qui craint que l’Union Pacific ne renonce à son projet. Le corps de Bennett, accusé à tort, est à son tour retrouvé sans vie. Aidé par Miss Collins, la jeune institutrice humaine et courageuse, Russel rude et sanguin est prêt à tout pour venger la mort de Bennett, sa seule raison de vivre dans un monde qui le dépasse…

En 65 pages magistrales, le dessinateur Paul Gastine et le scénariste Jérôme Félix proposent un western poignant, humain, riche en protagonistes qui vous prennent aux tripes. Tout au long d’un récit parfaitement maîtrisé, Jérôme Félix raconte la tragédie des derniers cow-boys à travers des personnages vrais pour qui la vérité et la justice ont plus d’importance que la notion du bien et du mal, du gentil et du méchant. Personnages soigneusement campés par Paul Gastine qui de son trait élégant et soigné propose des décors superbes issus d’une documentation importante dont il assure la mise en couleurs lumineuse. Cet album réalisé en trois ans, un choix courageux lorsque l’on sait la rentabilité d’un album en ces temps difficiles, lui permet de se hisser au niveau des grands dessinateurs de westerns. Tout en ne reniant pas son propre style, il signe des pages éblouissantes. Et qu’il se rassure, ses chevaux n’ont pas l’air de girafes. Cadrages, expressions des visages, mise en scène de personnages lui appartiennent et ne doivent rien à personne.

Le Normand Jérôme Félix né en 1972 croise la route de Paul Gastine né à Caen en 1985 à l’occasion de la création de « L’Héritage du Diable », excellente série ésotérique en quatre albums publiés par Grand Angle de 2009 à 2016 dont on ne peut que conseiller l’acquisition de l’élégant coffret qui vient de sortir chez Grand Angle (58 €).

« Jusqu’au dernier », aboutissement de cette collaboration parfaite, est un album exceptionnel à ne pas manquer, d’autant plus qu’en sa qualité de one shot, il n’aura pas de seconde chance en librairie au sein d’un marché de la BD impitoyable pour ce type d’ouvrages.

Si vous souhaitez investir pour plus tard une édition de luxe de 80 pages au tirage limité est proposée à 3 000 exemplaires numérotés avec un cahier graphique exclusif et un frontispice inédit.

Pour les chasseurs de collector il existe aussi un dossier de presse très bien réalisé avec entretiens et commentaires auprès des auteurs .

Henri FILIPPINI

« Jusqu’au dernier » par Paul Gastine et Jérôme Félix
Éditions Grand Angle (17,90 €) – ISBN : 978 2 8189 6700 3

« Jusqu’au dernier » édition luxe par Paul Gastine et Jérôme Félix
Éditions Grand Angle (29,90 €) – ISBN : 978 2 81896795 9

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19 réponses à « Jusqu’au dernier » : attention chef d’œuvre !

  1. Pivert dit :

    « Jusqu’au dernier » est vraiment un Ovni, un one shot qui dit tout, qui se suffit à lui même. Dessin de grande classe, cadrage au service du scénario, et scénario d’une rigueur sans faille. J’ai déjà lu et relu.
    Et s’il m’arrive de trouver parfois les louanges excessives, je suis entièrement d’accord avec vous Mr FILIPPINI, il s’agit là d’un chef d’œuvre.
    Antoine

  2. Vieux Crouton dit :

    Trois années de travail qui paient au final.
    Certainement un prix pour angoulème vu la qualité.

  3. BDZOOM dit :

    Vous plaisantez c’est bien trop classique pour les élites qui composent les jurys des prix BD. Bah! laissons leur les histoires de tambouilles entre la chambre et la cuisine et régalons nous de ces merveilles .

  4. Henri Khanan dit :

    Exactement! J’entend dire beaucoup de bien de ce livre, il faudra que je me l’offre!

  5. Pierre dit :

    Petite remarque : dans le corps de l’article, Jérôme FELIX est remplacé par Paul GASTINE, on pourrait croire que ce dernier est scénariste et dessinateur de cet album…

  6. PATYDOC dit :

    Cet album, de la manière dont le scénario est composé, fait l’apologie de la lâcheté et de la bassesse. Cela m’étonne que toutes les bonnes consciences qui envahissent ce site ne le relèvent pas ? Et vous, M. Filippini, cela ne vous a pas dérangé ? Vous ne voyez dans cet album, qu’un chef-d’œuvre ? C’est un chef-d’œuvre graphique, oui ! Mais certainement pas un parangon de vertu !

  7. Henri Khanan dit :

    Là, je suis d’accord avec caramel: les BD moralistes, c’était pour les jeunes des années cinquante et soixante. On ne fait pas de bonnes BD avec de bons sentiments, surtout dans un western crépusculaire.

  8. Henri Khanan dit :

    Quand vous dites « Cet album, de la manière dont le scénario est composé, fait l’apologie de la lâcheté et de la bassesse », on dirait que vous reprochez l’absence de bons sentiments, et de morale.

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