« Jérôme K. Jérôme Bloche » : et de 27 !

On ne se lasse pas de suivre les aventures du détective binoclard et maladroit circulant en Solex, vieux copain des lecteurs de Spirou . Le voici de retour pour une méga enquête en 72 pages, format inhabituel pour Alain Dodier, qui pour l’occasion ne ménage pas sa peine. Une enquête mouvementée, la vingt-septième, menée à petits pas comme à son habitude par le rouquin décidément inusable.

Conduite à tombeau ouvert par son ami le père Arthur, la voiture arrive à la demeure de la baronne Barbier de Conches. Alerté par son compagnon de séminaire Étienne, confesseur de la baronne, le père Arthur compte sur les talents de détective de Jérôme pour retrouver  Gaétan, le fils de la vieille femme qui vient d’être enlevé. Fait étrange, une collection de montres d’une valeur inestimable appartenant à son défunt mari a été remplacée par des contrefaçons. Elle est persuadée que c’est son fils qui simule un enlèvement afin de pouvoir régler ses dettes. Faits accablants pour le rejeton, il fréquente  les sites de jeux d’argent et Jérôme retrouve des montres encore dans leur emballage à son appartement. La baronne refusant de payer la rançon pour ce fils indigne, c’est avec un sac rempli de papier journal que notre détective compte se rendre au rendez-vous donné par le ravisseur. Surprise, le père Étienne arrive à Paris, porteur d’un lourd sac contenant des Louis d’or remis par la Baronne afin de régler la rançon. Une vidéo montrant son fils se faisant couper un doigt par son ravisseur a fait changer d’avis sa mère. Les Louis vendus contre espèces sonnantes et trébuchantes chez les changeurs de la place de la Bourse, c’est à la station métro Barbès que s’effectue la transaction. Une fois Gaétan enfin libéré, l’affaire n’es pas pour autant terminée, bien au contraire. C’est là qu’elle devient vraiment surprenante pour notre privé…

Comme à son habitude c’est par petites touches qu’Alain Dodier fait avancer l’intrigue parfaitement calibrée, non sans permettre à son détective distrait de croiser la route de vieux amis chers au coeur des lecteurs dont Babette sa jolie fiancée hôtesse de l’air, les pieds sur terre, une chance pour son farfelu d’amoureux. L’action ayant principalement pour cadre Paris, c’est à une découverte insolite de la capitale que nous convie le dessinateur méticuleux soignant le moindre détail. Né en 1958, Alain Dodier appartient à cette génération d’auteurs capables d’accompagner un héros tout au long de sa carrière. Le cas pour Jérôme K. Jérôme Bloche apparu en 1982 dans les pages de Spirou. D’abord avec le concours de ses vieux amis Pierre Makyo et Serge Le Tendre au scénario, puis  seul aux commandes dès le septième épisode. Depuis, avec une belle régularité Alain Dodier relate les enquête de son héros atypique alternant les aventures parisiennes et les séjours tout aussi mouvementés en province.

De la bonne et passionnante bande dessinée franco-belge comme seule l’hebdomadaire Spirou sait en pérenniser l’existence.

Henri FILIPPINI

« Jérôme K. Jérôme Bloche T27 : Contrefaçons » par Alain Dodier
Éditions Dupuis (13,95 €) – ISBN : 9791034736294

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3 réponses à « Jérôme K. Jérôme Bloche » : et de 27 !

  1. PATYDOC dit :

    Dodier, c’est le Simenon de la BD , avec ses enquêtes qui collent au quotidien de chacun d’entre nous. Tout le contraire de ces innombrables BD de pseudo-anticipation, avec leurs désagréables héros paramilitaires qui doivent sauver l’humanité voire l’univers tout entier !

  2. Diddu dit :

    Quel plaisir de retrouver Jérôme, ce vieux copain, tendre et si humain, si proche de nous.
    Merci Alain Dodier de nous proposer, que dis-je, de nous régaler, avec vos histoires.

  3. Schetter Michel dit :

    Je ne suis plus trop les bandes dessinées de nos jours mais je reste fidèle à Jérôme K Jérôme Bloche qui parvient toujours à me réconcilier avec ce que j’ai tant aimé. Parce que dans la production dense actuelle, avec ses couvertures stéréotypées sortant d’une chaîne d’atelier numérique, on est vite déçu par d’insipides billevesées. Parce qu’insensiblement, le monde de l’édition, son « business », s’est coupé des vrais bons lecteurs. De ceux et celles qui attendent quelque chose de surprenant, d’original, où le prémâché est exclu. « Ils » (les éditeurs) ont d’abord procédé à de l’infantilisme mercantile. Ensuite, « ils » ont évacué les scénarii complexes anticipant la fuite des cerveaux pour privilégier un lectorat lambda de « grande surface » tandis que les librairies spécialisées « suivaient » dans la combine, les uns gavés par de belles « astuces » de diffusion, les autres luttant contre le diktat du plus grand nombre. Dans ce sabordage qualitatif peuplé de tant de redites, de fourre-tout feuilletonnesque, de « coups » éditoriaux où on n’hésite pas à emprunter des séries à des auteurs défunts, détruisant leur univers sans vergogne,… et je passe sur mille choses désagréables, la série de Dodier apparaît tranquillement comme un ilot de résistance, un classique, le meilleur reflet d’une belle humanité. Comme un bon film français du dimanche soir sur Arte. C’est tellement rare de nos jours cette belle humanité. Merci Dodier.

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