Prenons-en de la graine !

À l’heure où le réchauffement climatique et les urgences environnementales s’imposent comme des défis planétaires, on oublie trop souvent que bien des combats peuvent être, doivent être, d’abord individuels et qu’en multipliant les actions locales, ponctuelles, on peut commencer à changer le monde ou, pour le moins, essayer. C’est en quelque sorte ce que soutient « Guerilla Green », sous-titré « Guide de survie végétale en milieu urbain »…

Et rien n’est nouveau en ce domaine puisque dès les années 1970 des citadins américains ont commencé à penser qu’on bétonnait trop et qu’on oubliait le charme et la nécessité de la plantation, qu’il fallait à tout prix reverdir les villes et investir les terrains désaffectés. C’est le principe de la « Guerilla green » dont Ophélie Damble se fait ici la porte-parole, youtubeuse qui a lancé la chaine « Ta mère nature » sur ce sujet.

Le militantisme vert est ici à l’œuvre : il faut planter partout, partout où c’est possible, que ce soit autorisé ou non, la désobéissance civile en matière de plantations sauvages s’imposant pour l’auteur comme le seul moyen de faire bouger les lignes. Pour créer des jardins potagers et plus d’espaces verts utiles (pas seulement décoratifs), il faut donner de sa personne et semer à tout vent. De la même façon qu’on commence à comprendre que tondre à outrance est dévastateur pour la biodiversité, il parait évident que d’immenses zones engazonnées sont très souvent inutiles et qu’elles pourraient être remplacées par des espaces floraux utiles aux insectes ou par des parterres de plantes aromatiques ou de légumes utiles aux humains !

L’ouvrage n’est pas seulement théorique, l’auteure donnant de très nombreux conseils pratiques, le tout avec humour, notamment par les dessins de Cookie Kalkair. C’est l’occasion de découvrir la « bombe à graines », une arme constructrice et non dévastatrice qui consiste à jeter des boules de terre et de graines en certains endroits plutôt inaccessibles pour les ensemencer. Ainsi fleuriront dans des lieux improbables des tournesols ou des plantes invasives comme la menthe ou le liseron.

L’ouvrage aborde aussi, parce qu’il est lié, le rôle salutaire des lieux naturels et de la plantation : si on sait qu’une balade en forêts est bénéfique pour le promeneur, planter soi-même fleurs ou légumes l’est également, c’est l’hortithérapie. Et bien des individus ont redécouvert l’attrait et l’intérêt du jardin potager, « jardin ouvrier » ou pas. Bref, c’est bon pour la planète et c’est bon pour soi-même !

Enfin, le sujet de la permaculture, qui consiste à recréer une agriculture sans labourages, ni produits toxiques, est évidemment associé au combat écologique et à la nécessité d’une production agricole de qualité. Autant dire que l’ouvrage est stimulant, éclairant, écrit avec verve, chaque chapitre étant ponctué de deux pages plus « sérieuses », le tout complété d’une bonne bibliographie. Il va de soi qu’il ne concerne pas que les habitants des villes !

Didier QUELLA-GUYOT ; http://bdzoom.com/author/DidierQG/

[L@BD-> http://9990045v.esidoc.fr/] et sur Facebook.

« Guerilla green » par Cookie Kalkair et Ophélie Damblé

Éditions Steinkis (18 €) – ISBN : 978-2-36846-325-3

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