Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...Massimo Mattioli : de « Pinky » à « Squeak the Mouse »…
Le dessinateur italien Massimo Mattioli nous a quitté vendredi dernier à l’âge de 75 ans. Débarqué en France à la fin des années 60, il fait son entrée dans les pages de Pif Gadget alors au sommet de sa notoriété, puis dans l’Echo des savanes qui lui aussi vit ses plus belles années. Star en Italie, il est resté un auteur trop discret en France.
Né à Rome le 25 septembre 1943, Massimo Mattioli est décédé le 23 août dans sa ville natale.
Il publie ses premiers dessins au milieu des années 60 dans l’hebdomadaire pour la jeunesse Il Vittorioso, mais c’est dans les pages de son concurrent catholique Il Giornalino qu’il crée en 1973 le personnage qui allait accompagner toute sa carrière, Pinky le lapin rose. Entre temps, après une courte escale en 1968 à Londres où il travaille pour Myfair, il passe par la France, collabore à  Plexus, puis dessine « M Le magicien » dans Pif Gadget qui accueil aussi « Pinky ». Curieusement les facéties du magicien loufoque marquent ses premiers pas vers une oeuvre plus adulte. Il participe au mouvement des revues expérimentales de la bande dessinée alternative italiennes conduit par  Tamburini, Liberatore et Pazienza avec les revues Frigidaire, Il Male et Cannibale. Il y crée dans un style cartoondes histoires adultes dont « Squeak the Mouse », « Superwest » et « Joe Galaxy » publiées plus tard en France dans l’Écho des savanes. Lorsque le mouvement « punk » prend fin il poursuit ses travaux pour adultes dans Comic Art .
 Si cette production est plus médiatisée en France que « Pinky » c’est ce personnage qui l’a imposé auprès d’un large lectorat en Italie. Plus de 1200 histoires, totalisant plus de 4000 planches des aventures du lapin journaliste photographe de La Notizia entouré par sa fiancée Petulia, son rédacteur en chef le corbeau Joe Cornacchia et Giorgione l’ours son éternel rival ont été réalisées en quelques 40 années de publication régulière.Â
En France, il n’est pas facile de placer des ouvrages de Mattioli dans sa bédéthèque les traductions étant rares. Si Albin Michel a publié deux albums de « Squeak the mouse » et un autre « Joe Galaxy » c’est l’Association qui en propose les meilleures traductions : « Awop Bop » en 1999, une superbe intégrale de « M. Le magicien » en 2003 et « BD Stories » en 2008. Il avait obtenu le Prix Phénix en 1971, le Yellow Kid en 1975 et deux fois les prix Micheluzzi en 2010 et 2012.
Grand admirateur de l’américain George Herriman (« Krazy Kat ») Massimo Mattioli avait réussi à trouver son propre style dépouillé et vivant aussi bien plébiscité par les enfants que par les adultes.
Henri FILIPPINI
Quels bons souvenirs, j’adorais ce Pinky que je lisais dans Pif Gadget. Paix à l’âme de ce talentueux dessinateur.