« Space Bastards » T1 : tous les coups sont permis !

De l’alternatif et du bon, on a l’occasion d’en parler régulièrement ici, mais du punchy et réalisé par un mix de jeunes talents et de vétérans du comics, cela est déjà un tout petit peu moins courant. Nouvelle mini-série à paraître en octobre (en VO) via un site participatif, il se pourrait bien que l’on entende parler sous peu en France de ces « Bâtards de l’espace ».

Imaginez un futur pas si loin de celui de Mega City One, (série « Judge Dredd »), avec ses tarés en tous genres, mais sans juges. Un monde capitaliste avec différentes planètes commerçant entre elles, et un service postal révolutionnaire, permettant d’acheminer « sans encombre » d’un point à un autre de la galaxie, tout paquet, avec un bon signé au porteur au départ, et à l’arrivée. Seulement, certains de ces paquets font des envieux, et il vaut mieux être un gros bâtard pour pouvoir assurer la mission jusqu’au bout. Comment en est-on arrivé là ? qui a inventé ce service postal pas comme les autres ? Bienvenu dans l’Intergalactic Postal Service Courrier : « Because You Don’t Have Time to Fuck Around ». (Je traduis ?)

Roy Sharpton, aujourd’hui Postmaster General, était encore il y a peu un loser magnifique, incapable de tenir une société d’aplomb sans la couler. Il y a environ six ans, alors en train de faire le malin au casino, sur la planète Hiccopai, réserve des nations indiennes unies, celui-ci a été appréhendé par les responsables, qui comme une marque de défi, lui ont proposé de reprendre l’Intergalatcic Postal Service. Une entreprise en train de battre de l’aile. Ce que les « tribaux » ne savaient pas, c’est que mister Sharpton est un taré, un vrai, et qu’il va avoir une idée géniale, quoi que bien barrée :

« Bienvenu au Service Postal Intergalactique. Ici, vous n’avez pas de patron. Vous n’avez pas de papiers inutiles. Seules trois règles existent : celui qui délivre le paquet touche le cash. Tout postier peut utiliser tout recours nécessaire afin de récupérer le paquet et le délivrer à son avantage. Plus le paquet change de mains, plus le client paie de frais supplémentaires. Ces frais s’appliquent au final à l’heureuse âme qui délivre effectivement le paquet. »

Les deux premiers chapitres nous immergent directement dans l’univers, avec le dessin au top de Darick Robertson. Oui, l’auteur de « The Boys » !! (10 tomes, 2008-2011 Panini comics). Tooth and Mail  est rapide, énergique, digne des meilleurs comics de type « Judge Dredd » ou « Brat Pack » (Delirium éditions pour ces deux), vous voyez le genre. Le dessin, à l’encrage souple, et aux couleurs classiques, un peu typée eighties, de Diego Rodriguez, est magnifiquement mis en valeur par le grand format de l’album. Le second épisode : Naissance des Space Bastards, comme son nom l’indique, explique l’origine de ce service pas comme les autres. Top. Chuck The Magic Wagon, dessiné par Simon Bisley, nous conte la vie difficile de cet alcoolique quinqua, qui va se trouver là au bon moment, lorsque son chemin va croiser celui de l’illuminé Roy Sharpton. Etonnant de se délecter du dessin toujours aussi incroyable et délirant de Bisley, surtout que l’artiste utilise des tons rose et bleutés pour décrire les hallucinations (oui, ça doit être ça) de notre héros hippie défoncé. L’épisode le plus barré du recueil sans aucun doute, mais qui fait lien avec le reste. Enfin, les six dernières pages : Failed First Days, dans ton graphique plus enfantin, dû au dessinateur Gabo (Gabriel Bautista) (1), propose de suivre les destins (rapides) de quelques uns des contractuels de l’Intergalactic Postal Service, tandis qu’ils attaquent leur première journée. Une idée jouant à fond la tonalité humour de l’album, (même si le reste n’en manque pas), et que l’on imagine être réutilisée pour d’autres épisodes à l’avenir.

Eric Peterson est un auteur ayant réalisé de très courts passages sur les mini séries comics Star Treck et Doc savage dans les années quatre-vingt, et un unique comics numérique intitulé « Jesus In the Name of the Gun » en 2009 (Bad Karma productions). Avec son collègue Joe Aubrey, lui aussi jeune auteur, ils tentent d’abord de faire produire un film sur l’univers de « Space Bastards », une licence de leur création. Le projet n’ayant pas fonctionné, ceux-ci se sont replié alors sur un moyen un peu moins compliqué, et voilà comment une campagne participative sur Kickstarter, et l’aide de leur ami Darick Robertson, ainsi que des artistes Glenn Fabry, Colin MacNeil (Judge Dredd, America), Boo Cook (2000AD, Elephantmen), Clint Langley (ABC Warriors), ont permis de lancer ce premier gros volume cartonné, prévu officiellement pour octobre. (2) Un pré-lancement a cependant été réalisé il y a quelques semaines en Angleterre et Irlande, à Enniskillen et Bristol. Quatre volumes sont dores et déjà prévus.

Vu le contenu plutôt réussi et réjouissant de ce premier tome, souhaitons que cet univers « Space Bastards » connaisse l’expansion rapidement et que celui-ci se fasse remarquer par l’un de nos éditeurs locaux, à l’affut des bonnes choses !
« We Want You as Space Bastards ! »

Franck GUIGUE

 

 

(1) Gabo est l’auteur avec Joshua Hale Fialkov de « The  Life After » (Oni Press), beaucoup d’épisodes d’
« Elephantmen » (Image comics), « Albert The Alien » (Thrillbent). Il est aussi un coloriste ayant reçu les Eisner et Harvey Awards pour son travail sur « Tatoo » (Image comics) et on peut l’apercevoir régulièrement sur les séries du « Spirit » et « All Star Western » (Dc comics).

(2) https://www.kickstarter.com/projects/roysharpton/space-bastards-volume-1-hardcover

 

« Space Bastards» T1 par Eric Peterson, Joe Aubrey, Darick Robertson, Simon Bisley et Gabo (VO)
132 pages (30$ en précommande, sur : https://spacebastards.com)

 

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