Dans le cinquième volume de ses aventures, « Le Grimoire d’Elfie T5 : Les Reflets de Walpurgis », la jeune Elfie découvre le marais poitevin (entre La Rochelle et Niort) et des festivités réservées aux magiciens et sorcières depuis le temps de la mystérieuse fée Mélusine. Une nouvelle enquête pour la jeune adolescente, avec l’apport non négligeable de son grimoire magique, à l’issue de laquelle elle en aura appris beaucoup sur les dangers contemporains qui guettent cette zone humide remarquable et sa propre famille.
Lire la suite...Le décollage de « Natacha T1 : Hôtesse de l’air : » par François Walthéry et Gos : analyse de planche
Incontournable héraut de la bande dessinée franco-belge traditionnelle et du Journal de Spirou, Walthéry fut honoré cette année par un beau livre (« « Une Vie en dessins », paru en mars dernier) et une exposition rétrospective (organisée à la tour d’Anhaive, près de Namur, jusqu’au 1er septembre). Né en 1946, l’auteur reste indéniablement attaché à la création de la blonde Natacha en 1967, cette pulpeuse héroïne devenant la géniale incarnation du vent de renouveau soufflant sur l’École de Marcinelle. Revenons ici plus en détails sur cette genèse, et par conséquent sur la toute première planche de ses aventures…
Pour l’infatigable Walthéry, 2019 demeurera comme une année phare, dans la mesure où, outre l’ouvrage et l’exposition précitées, les lecteurs auront eu la joie de découvrir… une nouvelle héroïne ! Après « Natacha » (23 albums et 5 hors-séries au compteur en 2019), « Une Femme dans la peau » (Joker, 1994 – 2005), « Rubine » (Le Lombard, 1993 – 2011) et « L’Aviatrice » (Paquet, 2014 – 2016), c’est donc au tour de la capitaine des carabiniers italiens « Sophia Stromboli » de s’élancer. Vers L’Aventure, comme il se doit, puisque ce personnage, création policière commune de Walthéry et d’André Taymans (« Caroline Baldwin »), a pris naissance dans la nouvelle revue éponyme, dirigée par Alain De Kuyssche, un ancien rédacteur en chef de Spirou et de Télé Moustique. Publiée par les éditions du Tiroir, cette revue trimestrielle de 100 pages vient de voir paraître un deuxième numéro précisément dédié à l’ami Walthéry : avis aux amateurs ! (Voir le site : https://www.editions-du-tiroir.org/revues).
En 1963, à 15 ans et suite à l’envoi préalable de quelques planches, François est invité à se présenter chez Dupuis. Encore en culottes courtes, il est accompagné par sa mère jusqu’à la rédaction de Spirou : fort heureusement, le seul croquis qu’il a glissé dans son portefeuille suscite l’intérêt d’Yvan Delporte, de Charles Dupuis et de Peyo ! De 1963 à 1966, Walthéry – trop peu à l’aise sur « Les Schtroumpfs » – est guidé par Peyo et Will vers la série « Jacky et Célestin », dont il réalise 4 titres sous le pseudonyme de Pop’s. À la fin de son service militaire (1966), le dessinateur est jugé apte à reprendre « Benoît Brisefer », série plus ambitieuse dont il va là aussi assumer quatre épisodes entre 1968 et 1973. Toutefois, c’est en 1967, durant une pause au studio Peyo, que s’allume la petite étincelle nécessaire au réel démarrage de la carrière de l’auteur : Delporte pousse alors Walthéry à dynamiser Spirou en créant une série au contenu plus féminin. La profession d’hôtesse de l’air (synonyme d’aventures exotiques) et le prénom – provisoire – de Natacha seront trouvés dans la foulée, mais Walthéry (dont la lenteur va devenir proverbiale…) donnera la priorité à « Benoît Brisefer » et mettra trois ans pour faire aboutir ce nouveau projet. À vrai dire, c’est l’arrivée de Thierry Martens au poste de rédacteur en chef de Spirou en juillet 1969 qui permettra réellement à « Natacha » d’exister Graphiquement inspirée par les actrices Dany Carrel (« Le Pacha » de Lautner en 1968) et Mireille Darc (« Ne nous fâchons pas » de Lautner en 1966) et scénarisée par Gos (futur créateur du « Scrameustache » en 1972), « Natacha, hôtesse de l’air » ne fait en conséquence son apparition que le 26 février 1970, dans le n° 1663 de Spirou. S’ensuivront durant les trente années suivantes un peu de plus d’une vingtaine d’albums, scénarisés chez Dupuis et Marsu-Productions par Gos, Borgers, Stoquart, Wasterlain, Tillieux, Cauvin, Mythic, Peyo ou Dusart et décorés par Jidéhem, Mittéï, Will, Wasterlain, Laudec ou Van Linthout).
Comme il se doit, la première planche doit donner le ton, et même l’amplifier dans le cas d’une nouvelle série. Dès la première case, un plan d’ensemble dévoile le cadre-type de la série : un aéroport en ombres chinoises et nimbé de brumes, ambiance propice au mystère mais aussi aux gags de toutes sortes. La voiture pilotée par l’héroïne (que l’on distingue de dos et en vue cockpit à la case 2) ne manque pas de rentrer en collision avec une motocyclette (case 3), dans un mouvement dynamique et fluide (gauche – droite), respectant les conventions de lecture. Tout au long du dernier strip, la tension va crescendo : la Fiat 850 (modèle Spider Bertone 1969) a freiné en urgence (case 4, plan général), et la conductrice s’est élancée vers l’engin gisant sur la chaussée dans le brouillard (case 5, plan moyen). Alors que le lecteur peut craindre un drame, une voix hors-champ interpelle celle que l’on sait désormais être Natacha, enfin incarnée physiquement, ou du moins en encre de Chine et en couleurs (case 6, plan américain) : l’effet de bas de case nous pousse à tourner la page pour découvrir le second rôle de la série, l’inénarrable steward Walter. On observera que si les personnages se connaissent, c’est probablement depuis peu, puisqu’ils se vouvoient : tel un jeu de connivences avec les lecteurs, nous les découvrirons donc au rythme de leur propre rapprochement de fiction, planche après planche. L’énergique Natacha conservera au fil des albums son sérieux et sa ponctualité tandis que Walter, en digne faire-valoir, adoptera l’insouciance, l’impulsivité, la malchance et les jeux de mots faciles. Comme l’expliquera en outre ultérieurement Walthéry (voir aussi l’autoportrait « La Naissance de Natacha », paru dans Spirou n° 2121 du 07 décembre 1978), l’auteur ira regarder à ses débuts les planches de « Buck Danny » par Hubinon, pour croquer des avions dignes de ce nom. Accomplir son rêve d’enfance n’est pas toujours une sinécure !
Philippe TOMBLAINE
« Natacha T1 : Hôtesse de l’air » par François Walthéry et Gos
Éditions Dupuis (10,95 €) – ISBN : 978-2800108490
Un peu légère « l’analyse » de planche. Elle se contente de décrire ce que l’on voit.
Cette rubrique, comme à son habitude, traite plus du contexte de création d’une planche (intéressant au demeurant) que de l’analyse de son langage graphique proprement dit. Son intitulé est trompeur. « Histoire d’une planche » serait plus approprié.
Il y aurait eu pourtant à dire sur ses compostions horizontales, son usage des diagonales, ses effets de cadres, ses prolongements de verticales, ses axes de caméra et son usage de la couleur.
Très juste on voit le manque flagrant des connaissances des techniques du dessin de narration et de composition.
Juste un préambule (interessant contexte) d’une vraie analyse.
Concernant l’analyse de planches et l’approche complète des auteurs, je vous rappelle que j’ai tout de même réalisé quelques livres sur le sujet (Hermann, Juillard, Dany (à paraitre) et bientôt Lepage). Sur cette planche, il ne servait à rien de sur-interpréter ou analyser, car ces codes de fonctionnement sont très basiques, bien qu’efficaces : lecture latérale, utilisation des points de force et diagonale (cases 2 – 5 -6). Livre à vous de compléter mon point de vue ou d’enrichir ce commentaire qui ne devait essentiellement pas oublier d’être historique…
Walthery est un dieu,cet encart d’annonce est superbe,cette couverture de Spirou et fantastique et cette planche somptueuse par bien des points,et c’était qu’un début. A un moment les belges avaient saisi un truc incomparable et unique.
Mais walthery est un dieu avec un poil dans la main,un gros poil,hélas .
C’est l’image que donne Walthéry… mais je dirais plutôt qu’il se disperse car, malgré tout, il aligne un très grand nombre d’albums et un nombre hallucinant de dessins divers!
Le prochain Natacha devrait s’appeler Chanson d’avril et faire à peu près 54 pages. Walthéry et son fils présentent en vidéo le crayonné de la première planche et d’autres anecdotes:
https://fr-fr.facebook.com/francoiswaltheryofficiel/videos/917952015211069/UzpfSTc3MTk0OTg3NDpWSzo2MTY5MTIwMzIxMjc4MzY/
Par les mêmes,une autre vidéo sur la série le P’tit bout d’chique en intégrale avec la promesse d’un épisode complet de 44 pages totalement inédit (!)….
https://fr-fr.facebook.com/francoiswaltheryofficiel/videos/669618070168764/
Vive Walthéry.
Walthery encore pour le prochain Natacha,plus un petit mot final à l’encontre des éditeurs dans cette nouvelle vidéo :
https://m.facebook.com/story.php?story_fbid=1610930432380447&id=322333255070223&__tn__=%2As%2As-R