Akouna… Mamada ?

Que diriez-vous d’un petit voyage en Namibie, chez Les Himbas, mais version déjantée, un « Safari Riri » dans le Kaokoland où vit ce peuple dont les membres se teignent traditionnellement la peau en rouge avec une pommade réalisée à base de graisse animale et de poudre d’hématite pour se protéger du soleil, de la sécheresse de l’air et des insectes ?! Alors, comme le tome 3 de « Mamada » est enfin paru, c’est le moment…

L’indigène que croisent alors les touristes du « Safari Riri » est une cheftaine de caractère, acariâtre et belliqueuse, le genre qui rouspète et houspille son mari et qui n’a pas peur se secouer le sorcier du village, un pauvre gus qui sait qu’il est nul et que ses grigris sont inutiles, mais il joue le jeu : faut bien garder son rang !

« L’époustouflante migrante » ou la « tonitruante résidente » des tomes 1 et 2 n’aime pas trop non plus les jeunes (elle a une fille qui prend le bus, s’habille moderne et ne se couvre même pas les chevilles, indécence suprême chez les Himbas !). Elle déteste tout particulièrement les touristes et les Blancs (tous les touristes ne sont pas blancs !) qui les découvrent comme dans un parc d’attraction.

A cause d’un objet mystérieux envoyé par les Chinois dans le désert, voilà Mamada dotée de pouvoirs bizarroïdes, capable de redonner vie aux morts mais surtout de se téléporter chez les Blancs (qu’elle exècre) et d’en ramener inexplicablement des lots entiers dans son pays. Bref, c’est la confusion dans le métro comme dans le désert ou des échanges de populations aléatoires perturbent les charmants équilibres, tribal et citadin.

Dans le tome 2, David Ratte enfonce le clou : sa touriste allemande est en soi un morceau d’anthologie, mais Mamada détient la palme : il suffit pour s’en convaincre de découvrir son talent pour « moebiuser » les indésirables ! Par ailleurs, Mamada ayant ressuscité une jeune sans-abri, Sidonie, celle-ci devient son partenaire dans l’aventure et les tentatives pour retrouver la Namibie natale ! Qu’on soit en pays Himba ou à Paris, de toute façon, rien ne se passe comme prévu !  Pas même pour le commando de prétendus Chinois recherchant  la substance qui a donné à Mamada son pouvoir et à certains animaux des forces insoupçonnées : on peut ainsi apercevoir des vols d’hippopotames balancés haut et fort par un moineau multicolore…

On en était là, en 2015, quand David Ratte nous a laissés en plan et qu’on se demandait comment il allait tirer ses personnages de cet imbroglio farfelu.  Le moins qu’on puisse dire, c’est que le délire est au paroxysme ! L’humour ravageur de David Ratte en délocalisant les uns et les autres fait merveille. Certes, le procédé n’est pas nouveau : des Persans de Montesquieu à « Un indien dans la ville », il suffit d’ancrer des étrangers loin de chez eux pour tout déglinguer et remettre à plat toutes les certitudes, mais David Ratte sait composer des personnages pittoresques et attachants, le tout non sans émotion (cf. la petite suicidaire en fin d’album).  L’auteur de l’excellent « Toxic Planet » et des cycles savoureux du « Voyage des pères » ne déçoit jamais !

Didier QUELLA-GUYOT ; http://bdzoom.com/author/DidierQG/

[L@BD-> http://9990045v.esidoc.fr/] et sur Facebook.

« Mamada T3 : Abracadabrante errante » par David Ratte

Editions Paquet (14 €) – ISBN : 978-2-8889-0948-4

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