Gracias a la… Violeta !

Violeta, c’est Violeta Parra (1917–1967), chanteuse chilienne aujourd’hui adulée dans son pays puisque son œuvre protéiforme est à présent réunie dans un musée qui porte son nom à Santiago du Chili. Pourtant, sa vie fut un combat difficile, souvent incompris, par ses proches comme par son peuple, ce que retrace l’album « Violeta Corazon maldito »…

Ce sont deux Italiens, Virginia Tonfoni et Alessio Spataro, qui se sont emparé de l’hispanique Violeta. Au premier abord, les pages bicolores noires et rouge – d’un rouge assez violent contrairement aux reproductions ci-contre –  désorientent souvent le lecteur. Qui plus est, au vu du graphisme caricatural, mais souvent joliment expressif, on ne s’attend pas à ce que le sujet soit aussi sérieux. Fort heureusement, la quatrième de couverture est explicite : c’est la vie de  cette figure tutélaire de la chanson d’Amérique du sud qui va nous être contée.

Battante et combattante, Violeta Parra s’impose d’abord comme chanteuse dans sa famille, ensuite comme folkloriste en allant recueillir au plus près des habitants les chansons populaires. Si l’album évoque longuement son enfance et un milieu familial constamment en crise, c’est précisément pour montrer qu’elle est devenue ce qu’elle est devenue parce qu’elle l’a cherché et désiré de toutes ses forces.

Alors que « La tigresse » est en ville à chanter dans les bars, elle rencontre son futur mari, communiste, et là encore, ne comprend pas pourquoi les femmes sont écartées des instances politiques et pourquoi on sous-estime leur besoin de se réaliser, d’exister par elles-mêmes. En 1952, en guitariste et folkloriste affirmée, elle entreprend seule son tour du Chili pour récolter la mémoire de son peuple, ce qui la mènera les années suivantes en Europe, notamment en France où elle enregistre ses premiers disques et où elle séjourne finalement plusieurs années.

Femme libre, musicienne et chanteuse reconnue, elle ne se laisse pas enfermer, s’essayant à tout : peinture, sculpture, tapisserie… Merci à la vie qui lui a tant donné ? Non, puisqu’elle se suicide à l’âge de 49 ans ! Une dizaine d’extraits de ses chansons en espagnol accompagnent cette biographie au fil des chapitres et sont traduits en fin d’album, accompagnés d’une courte bibliographie, filmographie et sitographie. A noter que ses deux enfants nés d’un premier mariage, Isabel et Angel  Parra, s’orienteront eux aussi vers la chanson et la lutte politique. Angel sera arrété en 1973 lors de l’arrivée au pouvoir de Pinochet, mais n’aura pas le destin tragique de Victor Jara, autre chanteur et guitariste chilien, poussé par Violeta à devenir artiste, et célébré par Julos Beaucarne dans sa « Lettre à Kissinger »

Si cet album, avec ses raccourcis et ses imperfections, est loin d’évoquer tout ce qui fit la force et l’originalité de cette femme, il permet à sa façon de ne pas l’oublier et donne envie de la réécouter : c’est déjà beaucoup…

Didier QUELLA-GUYOT ; http://bdzoom.com/author/DidierQG/

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« Violeta Corazon maldito » par Virginia Tonfoni et Alessio Spataro

Editions Cambourakis (20 €) – ISBN : 978-2-36624-402-1

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