Jean-Pierre Gibrat : l’artbook de la maturité…

S’il est un auteur dont le talent est incontestable auprès de toutes les catégories de lecteurs, c’est bien Jean-Pierre Gibrat. Quel chemin parcouru depuis ses premiers pas dans Pilote où il se cherchait à l’ombre de son idole Jean Giraud ! Initié par Daniel Maghen qui expose ses œuvres depuis vingt ans dans sa galerie parisienne (36, rue du Louvre, 75001 Paris), ce somptueux artbook est un ravissement pour les yeux, mais aussi une belle récompense pour une fidélité sans faille.

Arrivé dans les pages du mensuel Pilote avec la déferlante des auteurs de la « nouvelle BD », Jean-Pierre Gibrat s’est dans un premier temps contenté d’être un dessinateur prometteur parmi beaucoup d’autres. Né à Paris en 1954, après des études de graphisme publicitaire, il se dirige vers la bande dessinée en 1977 proposant des récits courts dans les pages de  Pilote réunis dans l’album de la Collection Pilote « Visions futées ». L’année suivante, il débute « Goudard » dans l’hebdomadaire B.D. sur scénario de Jackie Berroyer, série qui se poursuit dans Charlie Mensuel, puis dans Fluide Glacial. Toujours avec Berroyer, il dessine « La Parisienne »  pour Pilote. Pour gagner sa vie, il dessine « L’Empire sous la mer » dédié à Zaza le chien de Michel Drucker pour Télé-Poche, la série « Médecins sans frontières » avec Guy Vidal dans Okapi, mais aussi « Pinocchia » récit délicieusement érotique de Francis Leroi pour L’Écho des savanes et « Marée basse » avec Daniel Pecqueur pour les éditions Dargaud, tout en travaillant pour la presse magazine,  Bonheur, le Nouvel Observateur, Elle, le Figaro magazine…

C’est avec la valorisante collection Aire libre des éditions Dupuis qu’il se libère des carcans éditoriaux et scénaristiques en proposant en 1997 sur son propre scénario les diptyques « Le Sursis », puis « Le Vol du corbeau » en 2002. A partir de 2008, il écrit et dessine son œuvre la plus remarquable,  « Mattéo » aux  éditions Futuropolis.

Parallèlement à ce travail d’auteur de bandes dessinées, il réalise avec gourmandise dessins et illustrations en utilisant les personnages et les décors sortis tout droit de ses albums. La séduction de ses femmes (Jeanne, Cécile et Amélie) à la fois fragiles et superbes, le soin portée à ses décors, son sens de la lumière, la sensibilité de ses couleurs directes, séduisent les collectionneurs qui le hissent rapidement au niveau des auteurs les mieux côtés.

Sous le titre « L’Hiver en été », ce magnifique ouvrage de 180 pages au format 25 x 35 cm réunit une sélection de 180 dessins et croquis réalisés au cours de ces vingt dernières années. Un long entretien au ton chaleureux avec la journaliste de France Inter Rebecca Manzoni permet au dessinateur d’évoquer avec réalisme les étapes importantes de sa déjà longue carrière.  Notons qu’il existe un tirage de tête limité à 375 exemplaires proposé avec un cahier supplémentaire de 32 pages titré « Arrière saison ». La couverture est inédite, l’ouvrage au dos toilé offre une sérigraphie signée et un ex-libris. Il sera disponible chez l’éditeur  à partir du 7 mai au prix de 200 euros.

Henri FILIPPINI

« Gibrat : l’hiver en été » par Jean-Pierre Gibrat

Éditions Daniel Maghen (39 €) – ISBN : 978 235674 056 4

Galerie

7 réponses à Jean-Pierre Gibrat : l’artbook de la maturité…

  1. Pierre dit :

    Chaque illustration de Gibrat est une invitation au voyage, ce gars-là est un magicien !
    Ce livre est effectivement magnifique, MAIS…. c’est aussi une énorme arnaque : sur les 180 pages, je me suis « amusé » à compter les pages vierges : il y en a 23 ! ! Plus d’un dixième de ce livre est constitué de pages vides ! Si ça n’est pas du vol, qu’on me dise comment ça s’appelle….

  2. Vincent dit :

    Voilà une remarque digne d’un bibliophile accompli. Je me suis aussi amusé à calculer la proportion du blanc dans les bouquins de Sempé et je demande à être remboursé de 93,5 % du prix de vente !

    • Pierre dit :

      Vous avez l’ironie un peu facile…. Je n’ai jamais pensé que Chaval (ou Sempé, pour ne citer qu’eux) étaient des filous par rapport à Dubout. Je n’ai rien contre les dessins (ou les livres) aérés, mais là, c’est le grand courant d’air !

      • Capitaine Kérosène dit :

        Merci Pierre de cette précision concernant les pages vides. J’hésitais à acheter ce livre vendu à un prix que je trouve exagéré. Maintenant c’est sûr : je m’en passerai.

  3. Henri Khanan dit :

    Livre paru chez Maghen, qui s’y connait en courants d’air. Où sont passées les planches « disparues » de Jacobs?

  4. Captiaine Kérosène dit :

    La cote d’un auteur ne prend pas d’accent circonflexe sur le « o », contrairement à la côte de porc ou d’Azur.
    Je ne comprends pas ces erreurs avec les accents circonflexes qui se retrouvent maintenant même dans les textes imprimés (pas seulement sur « cote », mais sur plein d’autres mots : faites/faîte, tache/tâche, chapitre, etc).

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