Dans le cinquième volume de ses aventures, « Le Grimoire d’Elfie T5 : Les Reflets de Walpurgis », la jeune Elfie découvre le marais poitevin (entre La Rochelle et Niort) et des festivités réservées aux magiciens et sorcières depuis le temps de la mystérieuse fée Mélusine. Une nouvelle enquête pour la jeune adolescente, avec l’apport non négligeable de son grimoire magique, à l’issue de laquelle elle en aura appris beaucoup sur les dangers contemporains qui guettent cette zone humide remarquable et sa propre famille.
Lire la suite...Les Cahiers de la BD n° 7 : l’obsession du roman graphique…
« Pourquoi le roman graphique est à la mode ? » : accroche ronflante à la Une de cette nouvelle livraison des Cahier de la BD version Vincent Bernière. Pourquoi pas ? Bien qu’aujourd’hui un nouveau genre soit en train de lui tailler une croupière, la BD Reportage, absente des quatre thèmes évoqués dans son Édito, la BD franco belge, les comics, le manga et le roman graphique.
Roman graphique célébré tout au long du cahier Chronique mais pas que puisque l’on y parle aussi des décès de Denis Sire et d’Alex Barbier, de René Goscinny, de Siné et de Tezuka. Entretien décontracté avec le couple Jérôme Mulot et Florent Ruppert, ici en trio avec le belge Olivier Schrauwen. Rencontre avec l’anglaise Posy Simmonds qui vient de publier son troisième roman graphique chez Denoël et reprise d’un charmant conte de Noël : « La petite fille aux allumettes ». Roman graphique encore avec un copieux dossier animé par Roland Brethes intitulé « La BD est-elle compatible dans le roman graphique ? ». Philippe Ghielmetti, éditeur de graphic novels, Néjib, Tom Gauld, Nick Drnaso, Émilie Plateau et Brecht Evens participent à la discussion (où l’on dit des choses intéressantes mais aussi quelques bêtises) ,qui se termine avec la publication d’une belle nouvelle graphique de Jason Lutes : « Late Summer Sun ». Enfin, quelques bonnes feuilles d’un texte de Benoît Claude extraites de l’ouvrage « (A Suivre), archives d’une revue culte » dirigé par Sylvain Lesage (Presses Universitaires François-Rabelais) consacré à l’un des temples du roman graphique.
Passons aux articles moins pointus pour beaucoup passionnants. Avec « Amour, vilains flics et chauds lapins » Christophe Bier, réalisateur et historien du cinéma, consacre un article génial aux magazines édités au début des années cinquante par Roger Dermée fondateur des Presses mondiales. Une vingtaine de numéro des Grands romans Noirs dessinés tués par la censure en 1954 où travaillaient au lavis Forest, Mouminoux, Marculeta, Michel de Roisin, Dalmas… Jean-Paul Jennequin livre une étude intéressante sur les romance comics publiés après-guerre aux États-Unis, récits à l’eau de rose souvent réalisés par des maîtres du comicsUS. Bernard Joubert, spécialiste de la censure et des copieurs, revient sur quelques emprunts commis par nos dessinateurs au fil de « Je te pompe, tu me pompes, il me pompe ».
Nostalgie avec des entretiens en compagnie de Florence Cestac et Étienne Robial qui reviennent sur leur folle aventure éditoriale au sein du label Futuropolis. Nicolas Tellop profite de la publication du somptueux album dédié à François Walthéry pour évoquer les éditions Champaka et leur cofondateur Éric Verhoest, aujourd’hui éditeur de cet ouvrage aux éditions Dupuis. Sonia Deschamps rencontre à la campagne Jean-Yves Ferri, heureux scénariste d’ « Astérix » qui vient d’écrire le sixième opus de « Retour à la terre » pour Manu Larcenet. Dans un genre moins grand public, portrait d’un dessinateur américain chantre de l’underground, Guy Colwell dont les cinq numéros de « Inner City Romance » son comic book culte, viennent d’être publiés en France par les éditions Revival. Enfin, Vincent Bernière évoque « Sous-books collection », ouvrage inclassable que Laurent Lolmède vient de publier chez Alain Beaulet.
Il y en a pour tous les goûts, bien qu’une fois de plus il est regrettable de noter l’absence de l’actualité de la BD franco-belge. Ce trimestre a pourtant vu sortir quelques albums de qualité dans ce domaine qui auraient mérité de figurer dans les pages des Cahiers de la BD sans pour autant faite tache (196 pages, trimestriel, avril/juin 2019, 12,90 €, en kiosque).
Henri FILIPPINI
Voilà une revue -une entreprise commerciale- qui connait bien son public,bravo à eux. c’est la suite tout à fait logique ,commercialement,du féminisme de la génération spontanée qui fait fureur.
« Pourquoi le roman graphique est à la mode ? »
Parce que c’est simplement une BD dont le format imite une forme de livres pour mieux se retrouver au côté des romans et des essais,surtout en librairie généraliste, et non pas au milieu des bandes dessinées ce truc pour débiles aux dents jaunes – si bien assorties avec un gilet qui fait plouc et désargenté. Ce format permet ainsi d’aller à la rencontre de publics bien plus reluisant qui ne viendraient pas naturellement vers la bande dessinée.
Amusant,et on le répète pour le fun:le roman graphique n’est qu’un simple format,la BD n’a rien à voir avec la littérature, vraiment rien n’en déplaise à boboland et ses obligés.
Toujours pour le côté cocasse : » Car, à ce stade, le « Roman Graphique » n’est évidemment rien d’autre qu’une nouvelle appellation marketing… et est sur le point de devenir par là-même un nouveau standard »
MENU Jean-Christophe Plates-bandes 2005 ; p.37 .
- « La bande dessinée relève de l’art populaire. L’art populaire a toujours été refusé et parfois persécuté par la culture bourgeoise. Comme il s’adresse à la masse, il est jugé grossier.
Les hommes de gauche qui méprisent les bandes dessinées ne sont, pour employer le mot de Paul Nizan, que les chiens de garde d’une culture bourgeoise dont ils ont épousé les préjugés
et les tabous. »
Pierre Lacassin,
Les Lettres Françaises n°1138, 1966.
On pourrait continuer ce petit jeu sur des pages et des pages.
Par ailleurs,l’autre grand genre de la BD autre que le franco belge, les comics, le manga n’est pas le roman graphique mais bien la si belle BD latine,si souvent oubliée. Dont la plupart des immenses auteurs ont oeuvré ……dans les fascicules en petit format de la BD populaires.Ceci explique peut-être cela…!
Francis Lacassin ,
Les Lettres Françaises n°1138, 1966.
C’est un point de vue interessant de Monsieur clavier. Je ne suis pas 100% d’accord mais je peux comprendre le sentiment. De mon point de vue, le positionnement en librairie ne vient pas d’un certain snobisme, puisque les albums sont deja assez chers pour n’attirer que le public semi-riche qui peut se les offrir. Ce positionnement me semble emaner d’une tentative de survie, en se rapprochant des endroits ou vont ceux qui savent encore un peu lire. La BD populaire d’autrefois, periodiques, recits complets, petits formats, a pratiquement disparu, a part les productions Disney et le Manga. C’est la vie.
Maintenant la bd populaire c’est le manga avec à chaque fois des idées brillantes.
Pour le prix il y a les biblothéques ou l’occasion.
Pour l’appellation roman graphique mouais si ça les amusent pourquoi pas.
Je m’abstiens sur le journal pour le prix j’ai 3 bd d’occases.
Ce point de vue n’est pas seulement le mien,il est partagé par un certain nombre de figures du milieu de la BD,certaines majeures et parfois considérés à leurs corps défendant comme justement emblématiques du « roman graphique », appellation qu’il rejettent avec véhémence, chose assez peu sinon pas relayée par les médias et autres relais d’opinion. On dira que c’est de la distraction.
Pour le reste on est au delà du simple snobisme,bien au delà.
Le terme approprié est » la violence symbolique », une stratégie de domination – ici sous couvert de légitimation qui est de fait une récupération, à l’aide d’une réécriture des faits ,de mensonges par omission – pour imposer un système de pensée comme légitime à une population « dominée », par le biais de l’éducation ,des médias, selon le célèbre sociologue Pierre Bourdieu : https://benedictekibler.wordpress.com/2010/08/17/la-violence-symbolique-qu’est-ce-que-c’est/
L’éternel rapport de force entre bourgeois et populo; le mouvement des gilets jaunes que beaucoup ont dû mal à appréhender et qui refuse de se faire récupérer par une représentation officielle qui serait immanquablement issue de la classe sociale « d’en haut » pour faire couvercle ,n’est rien d’autre.
Les prescripteurs et relais d’opinions – formatés par l’éducation et issus le plus souvent d’ « en haut »ou soucieux de s’y reconnaître comme le signale Bourdieu – sont benoîtement l’huile qui graisse les rouages de cette belle mécanique. Ici encore, le « symbolique » Cahiers de la BD fort de son prestigieux passé, et plus encore de l’aura induite dans l’imaginaire collectif par les incontournables Cahiers du cinéma, sera repris « aveuglément » par ces mêmes relais .Et on ne parle même pas de la remise des prix honorifiques,aux intitulés ronflants qui excluent systématiquement les mêmes.
Tout cela laisse peu de place à la contradiction et sa crédibilité.
C’est ainsi que la BD de papa se trouve supplantée par la BD fils à papa, puisqu’on ne mélange pas les torchons et les serviettes.Clivage,hiérarchie et culte du classement.Sans compter que ce dont on ne parle pas n’existe pas.
De » l’autre BD » au début on est passé au roman graphique. Cheminement logique de la manoeuvre récupération .On appelle ça la gentrification.Mouvement dont la dynamique exclu les plus modestes,avant tout économiquement.
La surproduction à bon dos.
Hehe si j’etais mauvaise langue je dirais que c’est un discours qui fleure bon le Georges Marchais epoque Elkabbach
Plaisanterie mise a part, il ne faut pas voir le mal partout. La surproduction et la tentative de gentrification de la BD ne sont que des mecanismes economiques simples, du capitalisme qui tente d’aller chercher l’argent ou il est. C’est une tendance lourde de la societe occidentale moderne, dans tous les domaines de l’industrie et des service. Vous avez vu les pub de smartphones ? Si un bien est percu comme plus prestigieux, on peut en tirer davantage, c’est tout. Voir derriere ca une conspiration des illuminati pour l’asservissement des masses laborieuses me semble un brin excessif.
Ceci dit c’est une discussion interessante. Toujours agreable de pouvoir echanger de maniere civilisee avec quelqu’un meme si on n’est pas d’accord. Grace soit rendue au moderateur de BDzoom pour nous laisser utiliser cette plateforme.
Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron des illuminati,c’est un point de vue également………:-))
Il est vrai que les recherches de ces deux parmi les plus grands penseurs du 20 eme siècle sont contestées……devinez par qui?
Donc peu de place à la contradiction et sa crédibilité
Si on veut aller chercher l’argent où il est, on ne se confine pas dans des lieux réservés relativement rares et symboliques,à des prix prohibitifs ,sauf à vouloir flatter le goût pour l’exclusivité:on s’expose là où se trouve le plus grand nombre,avec un format ,une finition et un tarif qui convient :voilà les mécanismes économiques simples du capitalisme .
Comment se fait-il que la BD exposée comme jamais n’inonde pas les supermarchés et complexes cinématographiques avec des ouvrages destinés,vu le fric qu’il y a à se faire.Trop vulgaire? Pas bon pour la crédibilité et la légitimation?
C’est comme les ventes par ouvrages qui s’écroulent et les auteurs qui crèvent la dalle qui ne sont que complots et visions des illuminati…….alors que chacun sait que tout va très bien madame la marquise !
Non vous avez partiellement raison, la BD populaire se vend tres bien en France aupres du jeune public aux moyens restreints, mais c’est essentiellement du Manga, du Disney et pour une moindre mesure, des super-heros produits industriellement. Certains editeurs francais on pu tenter a une epoque d’entrer sur ce marche du gros volume pas cher, Glenat ou Dupuis par exemple, mais ce fut un echec, d’abord parce le contenu n’est pas au niveau, et que d’autre part aucun auteur/artiste francais ne peut humainement produire 200-250 pages de BD tous les trimestres. c’est bien le probleme de la balance commerciale francaise que nous fabriquons des biens dont le rapport qualite/prix ne tient pas la distance. Voir par exemple dans le secteur automobile Citroen vs BMW. Notre business model craint.
« auprès du jeune public »( ….. ) « des super-heros produits industriellement. »
Vous êtes en plein dedans,le discours dominant, surveillez-vous
En plein dedans avec le processus classique de légitimation de l’art populaire – par déconstruction initiale- refusé à la base par la culture bourgeoise ( les propos de Francis Lacassin dans le premier commentaire).
Donc le produit industriel,populaire par essence, grossier et stéréotypé,sans idée et sans saveur,infantile : face à l’art noble, légitime, empreint des représentations bourgeoises qui seraient les seules valables.
Cet art trivial est ainsi passé à la moulinette pour extraire le bon grain de l’ivraie,instaurer une hiérarchie ,un discours, souvent excluant , construction d’un historique qui conforte, avec entrée sur le marché de l’art, en institution,galeries , sous un un format prestigieux , avec des appellations qui font table rase et distinguent , promotion de la collectionnite ……
Bien sûr tout ça n’existe pas.
Pour la vente il faut croire que les responsables commerciaux de la BD sont des billes, avec pourtant à leur disposition un produit – pardon un art noble – aussi séduisant et porteur. Et aussi exposé.
Comme le sous-entend JC B , le problème est économique : seul le roman graphique peut être acheté si cher (et parfois pour si peu d’intérêt) par une petite catégorie sociale de lecteurs. Le marché français est trop petit pour cet artisanat qu’est la BD. J ‘ai déjà écrit souvent sur ce site combien les éditeurs sont decevants dans leur stratégie export, car ils n’ont pas la mentalité, la structure, et surtout les moyens humains pour s’ouvrir au monde (la Chine !! ..etc.) !
ha ! je vois que nous avons à faire à des prix nobel de sociologie et d’économie.
j’ai piscine ce soir …