Dans le cinquième volume de ses aventures, « Le Grimoire d’Elfie T5 : Les Reflets de Walpurgis », la jeune Elfie découvre le marais poitevin (entre La Rochelle et Niort) et des festivités réservées aux magiciens et sorcières depuis le temps de la mystérieuse fée Mélusine. Une nouvelle enquête pour la jeune adolescente, avec l’apport non négligeable de son grimoire magique, à l’issue de laquelle elle en aura appris beaucoup sur les dangers contemporains qui guettent cette zone humide remarquable et sa propre famille.
Lire la suite...Plus de droits d’auteur : pourquoi mais surtout pour qui ?
Sous l’impulsion de Christophe Arleston, désormais directeur de la collection Drakoo chez Bamboo, les auteurs de la maison d’édition mâconnaise ont vu leurs conditions de rémunération revalorisées. « Faux semblant ! », s’insurge Henri Filippini, qui n’est pourtant pas le dernier à défendre le point de vue des auteurs, mais qui considère que cette réforme ne concerne que les plus riches. Il s’en explique ici…
Membre fondateur du syndicat SNAC BD, Christophe Arleston évoquant son nouveau label Drakoo chez Bamboo confie à Frédéric Bosser dans le numéro 130 (février 2019) de la revue dBD : « … Je souhaitais que les auteurs de ce label soient bien rémunérés, et aient au moins des contrats équivalents aux miens, avec en particulier des pourcentages montant à 14 %. J’en ai parlé à Oliver Sulpice (boss des éditions Bamboo, NDLR), qui était embêté parce que son système était différent : il démarrait moins bas mais finissait moins haut, et il ne voulait pas créer un déséquilibre avec les auteurs fidèles qui lui avaient permis de faire grandir Bamboo. Il a fait ses comptes et a été bien plus loin dans ce que je demandais, en décidant que pour tous les auteurs de ses maisons d’édition, les droits d’auteur commenceraient désormais à 12% au premier exemplaire vendu, ce qui est une révolution, puis 13 % à 20 000 exemplaires et 14 % à 40 000 exemplaires. D’habitude, les auteurs débutent à 8 % : 12 % c’est un tiers de plus, c’est une différence énorme, surtout pour les petits et moyens vendeurs, qui vont plus rapidement gagner leur vie… ». Révolution est le mot juste, mais surtout pour les gros vendeurs d’albums qui vont de plus en plus vite engranger les droits d’auteur.
Je m’explique : la publication presse qui permettait aux auteurs d’obtenir un règlement de leurs planches et de toucher des droits d’auteur au premier album vendu étant révolue, ils ne peuvent compter que sur les droits générés par les ventes de leurs albums pour vivre. Une avance sur droit, récupérable sur les droits d’auteur, leur est réglée au fil de la livraison de leurs planches afin de leur permettre de subsister pendant la réalisation de leur album.
Plus de la moitié d’entre eux ne parviennent jamais à rembourser la totalité de cette avance qui leur est acquise et ne touchent donc pas le moindre droit d’auteur. Certes, le passage de 8 % (quand ce n’est pas moins) à 12 % leur permettra un remboursement plus rapide de leur dette et pas toujours. Même si c’est le cas, le gain complémentaire avec des ventes majoritairement en dessous de 3 000 exemplaires sera minime. En revanche, les auteurs, comme Arleston qui vendent des dizaines de milliers d’albums rembourseront encore plus rapidement leurs avances et toucheront plein pot 12 puis 14 % de droits. Contrairement à ce que dit Arleston, probablement en toute bonne foi, ce ne sont pas les petits et moyens vendeurs qui seront les plus grands gagnants dans l’affaire mais les auteurs de best-sellers qui verront leur cagnotte grossir d’un tiers, ce qui n’est pas rien.
Ayant pendant plus de trente ans négocié des contrats avec les auteurs au sein des éditions Glénat, je ne vois pas comment un éditeur peut accepter ce bond en avant qui augmente le coût d’exploitation d’un album de 33 %. Ayant bataillé auprès de Jacques Glénat pour obtenir les meilleurs conditions possibles pour mes auteurs, je peux certifier qu’il n’aurait jamais accepté de passer au-dessus des 8 % de départ (sauf rares exceptions). Une partie des bénéfices obtenus permettant de financer les albums déficitaires ou tout juste rentables on peut se demander comment cet équilibre pourra être maintenu s’il faut régler 33 % de plus aux auteurs de séries qui se vendent. À moins de ne plus donner leur chance aux jeunes auteurs et à ceux qui travaillent sur des bandes dessinées moins performantes, ce qui ne veut pas dire mauvaises. Je parle ici des grandes maisons d’édition, pour les petites structures éditoriales qui équilibrent tout juste leurs budgets passer de 8 % à 12 % serait tout simplement suicidaire.
Olivier Sulpice lui-même va devoir s’interroger sur la manière de financer ce surplus à ses auteurs de premier plan (qui doivent se frotter les mains) et de continuer à faire vivre les séries moins vendeuses, je pense par exemple au label Grand Angle.
J’ai toujours défendu les auteurs, bataillé pour qu’ils aient les meilleurs contrats possibles, mais là je pense que le chemin proposé par Arleston risque d’être fatal à bien des auteurs qui n’ont pas la chance de produire des best-sellers. C’est avec impatience que j’attends les réactions du monde de l’édition BD qui doit maudire cette initiative. Les auteurs doivent vivre de leur travail, les éditeurs doivent se montrer plus généreux envers eux, mais pas en favorisant les plus aisés.
EXEMPLE
Premier cas : album vendu au prix de 15 € à 3 000 exemplaires avec une avance de 10 000 €
- À 8 % : 1,20 € de droits par album soit 3 600 € . Il reste à rembourser 6 400 € (qui ne les seront jamais, l’avance étant acquise par l’auteur)
- À 12 % : 1,80 € par album soit un gain de 5 400 € : gain pour l’auteur 0 €
Note : Il faudrait vendre près de 6 000 exemplaires pour rembourser l’avance et toucher le premier centime… et pas le moindre espoir de les atteindre au fil des années.
Deuxième cas : album vendu au prix de 15 € vendu à 50 000 exemplaires avec une avance de 20 000 €.
- À 8 % : jusqu’à 20 000 exemplaires à 1,20 € : 24 000 €, plus 10 % jusqu’à 50 000 exemplaires soit 30 000 ex à 1,50 : 45 000 € soit au total 69 000 € ; gain après remboursement de l’avance : 49 000 €
- À 12 % : jusqu’à 20 000 exemplaires à 1,80 € : 36 000 €, plus 14 % jusqu’à 50 000 exemplaires soit 30 000 ex ; à 2,10 € : 63 000 € soit un total de 99 000 €. Gain après remboursement de l’avance : 79 000 €
Soit un gain de 30 000 euros par rapport au système actuel qui ne rapportait que 49 000 €.
… Sans compter les réassorts réguliers qui assurent une rente sympathique.
Je ne vois pas comment Arleston peut dire que ce nouveau système privilégie les petits et moyens auteurs. Au contraire, il prive de trésorerie les éditeurs qui souhaiteraient améliorer leur sort.
Henri FILIPPINI
A 12 % les droits commencent à tomber à partir de 5555 albums au lieu de 9000 à 8 % pour une avance de 10000 euros.
Les droits sont acquis plus tôt donc amélioration des gains pour l’auteur.
Je comprends pas trop où est le problème.
Seulement 10 % pour les auteurs qui passent le plus de temps faire un album (1 année).
Le libraire 35 % qui pose le livre en rayon, aller 20 minutes en ouvrant le carton et la mise en rayon et ça chiale. Les charges ! les loyers ! Ouin Ouin . Pour info 40 millions d’albums vendus en 2018
Comme si les auteurs n’avaient pas eux même de loyer ou de cotisations à payer.
Monsieur Filippini se préocupe des éditeurs mais, mon dieu comment vont-ils faire et critique ceux qui propose d’améliorer la situation des auteurs.
Vu sa grande expérience il propose quoi de vraiment concret ?
Tout ça tend à confirmer que le monde de la BD est un champion quand il s’ agit de se tirer des balles dans le pied.
« Ayant pendant plus de trente ans négocié des contrats avec les auteurs au sein des éditions Glénat, je ne vois pas comment un éditeur peut accepter ce bond en avant qui augmente le coût d’exploitation d’un album de 33 %. »
Facile, vous êtes « hors service »!
Le raisonnement de Monsieur Filippini n’est certainement pas hors-service!
Les profits sont générés par le quantitatif. L’économie de l’industrie BD repose jusqu’ici,
sur une formidable main-d’œuvre abondante de pseudo auteurs à bas-prix … et sans délocalisation !!!
Pour les innombrables petits auteurs sous-traitants du moment à très faible tirage assurant la rentabilité
astronomique du volume de production et de diffusion, la situation financière restera inchangée.
Les perspectives de Bamboo permettent seulement de rêver encore un peu !!
La stratégie présentée est de stabiliser et de maintenir le plus longtemps possible tout ce petit monde
dans le cercle très fermé de l’édition culturelle traditionnelle face à l’explosion de l’offre bon marché
du téléchargement international des eBooks.
Les privilégiés à revenus confortables commencent à renifler le nivellement de la globalisation
vers le bas. Le livre papier est beaucoup trop cher!!
Le manga et le comics sont déjà proposés à des prix très attractifs en version ebooks.
Aujourd’hui, un jeune auteur peut se produire et se faire diffuser directement dans ce type d’exploitation
sans être obligé de se faire vampiriser et confisquer ses éventuels droits d’auteurs à vie,
et de plus assurer la « croisière paisible » des carriéristes.
Les éditeurs français vendant du manga, du comics, du Disney, etc… ne sont pas propriétaires
des licences.
À méditer…
Il suffit de jeter un coup d’œil sur le site infogreffe pour constater :
- que les gros éditeurs bd pur sucre comme Glénat et Delcourt ont une très grosse rentabilité
- que les grosses librairies se portent également très bien (ce sont surtout les grosses librairies généralistes qui publient leurs comptes ) ; 35% de la marge c’est complétement fou pour du commerce de base
En clair, les auteurs sont floués, mais ce n’est pas une raison pour aller pleurer auprès des pouvoirs publics, mais plutôt pour se prendre en main!
c’est quand même possible. je suis le travail d’Allan Barte qui est publié chez Ant Edition. Et j’ai appris que d’une part l’éditeur payait à la planche et d’autre part qu’il versait des droits d’auteur supérieur à 10% dès le premier exemplaire vendu.
il faut sortir des avances sur droit et offrir de vraies remunerations !