Carali ferme sa petite entreprise : le Psikopat se saborde…

Nous avons évoqué à plusieurs reprises le travail formidable de Paul Carali, seul maître à bord du Psikopat, magazine indépendant de bande dessinée qui depuis 1982 fait fonctionner les zygomatiques de milliers de lecteurs. Débutée avec son épouse Gudule, l’aventure familiale s’est poursuivie avec son fils Olivier K et sa fille Mélaka. Au total 328 numéros de franche rigolade pour un Psi qui aujourd’hui nous laisse la larme à l’oeil.

L’aventure débute en mai 1982 avec la publication d’un petit magazine de 16 pages en noir et blanc et de petit format imprimé par les Imprimeurs libres, ça ne s’invente pas. Paul Karali, né en 1945 et Égypte, quitte le Liban au début des années 70 pour gagner le Canada, mais met un terme à son périple lors de son passage en France. Son trait alerte et joyeux déjà reconnaissable remplit de jeux loufoques les pages des fameux Pochesdes éditions Vaillant (Pif Poche, Placid et Muzo Poche, Pifou Poche, Arthur Poche…).

Dès le milieu des années 70 ses dessins sont publiés par l’Écho des Savanes, Charlie Mensuel, Hara-Kiri… C’est pour se marrer avec les copains qu’il devient éditeur de sa propre revue trimestrielle, le Petit Psikopat illustré. Willem, son frère Édouard qui signe Édika, Kamagurka, Topor et Gudule, pour les textes, remplissent les pages de ce « journal de charme édité par Carali grâce à son charme ». Ils seront rejoints par Pichon, Nicoulaud, Goossens, Léandri, Hugot, Gébé, Schlingo, Herlé, Gourio, Binet, Coucho, Wolinski, Thiriet… Du beau monde pour le modeste magazine des éditions Calva qui compte 44 pages. Publié en septembre 1984 le numéro 10 sera le dernier de la première série.

En janvier 1985, un Psikopat numéro 1 mensuel dopé à la sauce des éditions du Square, tiré à 80 000 exemplaires, voit le jour avec sa couverture couleur et ses 84 pages. Le Professeur Choron prend le jeune dessinateur éditeur sous son aile protectrice en l’entraînant dans une folle aventure qui ne durera hélas que le temps de quatre numéros. De nouvelles signatures rejoignent l’équipe, Dimitri, Got, Corcal, Maester, Lucques, Menu, Rémy, Jacovitti… Hélas, Choron a vu trop grand, les ventes ne suivent pas, et Carali dépassé par le rythme hebdomadaire abandonne.

Il lui faudra quatre ans pour retrouver l’envie de se lancer dans une nouvelle aventure éditoriale. Il crée les éditions du Zébu qui, en juin 1989, publient le premier numéro du nouveau Psikopat, un bimestriel de 68 pages qui dans un premier temps conserve le format initial. On retrouve autour de Carali les auteurs amis et quelques nouveaux venus, Gilbert Shelton, Pierre Ouin, Masse, Matt Konture, Philippe Coudray, Hunt Emerson, Lefred-Thouron, Kafka, Tronchet, Neidhardt, Killoffer, Caritte, Rifo, Ivars … Dès le numéro 9 le journal adopte le format actuel et devient rapidement mensuel. Si certains collaborateurs sont restés fidèles, beaucoup d’autres y ont débuté avant de voler ailleurs de leurs propres ailes. La passion de Carali, c’est de  dégotter parmi les dossiers qu’il reçoit  les auteurs de demain. Hélas, la gestion d’un journal génère bien d’autres contraintes qui aujourd’hui lui pèsent. D’où sa décision de mettre un terme à la vie du Psikopat en ce mois de janvier. Nous ne pouvons que féliciter et remercier l’ami Carali pour cette longue aventure éditoriale que nous avons suivi avec passion. (100 pages couleurs, 8 €, en kiosque). Ceux qui veulent découvrir les grands moments de sa vie peuvent savourer « Odeur de brûlé » deux ouvrage réunissant les pages publiées dans Siné Mensuel édités par Psikopat (48 pages couleurs, 24 €). Et l’aventure continue sur www.psikopat.com et peut-être bientôt sur le Net où Malaka prépare une sorte de suite. Notons que le numéro de 82 de Siné Mensuel publie un entretien passionnant avec Paul Carali (5,50 €, en kiosque jusqu’à la fin janvier).

Nous sommes d’autant plus attristés par cette disparition que le mois prochain ce sera au tour de Lanfeust Mag  de publier son dernier numéro. Sale temps pour la presse BD.

Henri FILIPPINI

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3 réponses à Carali ferme sa petite entreprise : le Psikopat se saborde…

  1. Michel Dartay dit :

    « Hélas, Choron a vu trop grand, les ventes ne suivent pas, et Carali dépassé par le rythme hebdomadaire abandonne. »
    Ah bon, je croyais que le Psikopat était mensuel…

  2. Oui dit :

    dommage… pas vu (pas pris) et donc pas (encore) acheté ce fameux dernier numéro… snif :(

  3. az dit :

    La B.D. pour boomers se casse la gueule ?

    Pas grave, les américains et les japonais n’ont pas tourné le dos à la jeunesse, eux.

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