Un roman (bio)graphique sur Romy Schneider, cela devait arriver tôt ou tard, et notamment dans la collection 9 1/2 de l’éditeur, dédiée au cinéma… Le choix des auteurs s’est porté sur ses débuts, y compris son enfance — vite évoquée — avec la guerre en fond, et son entrée timide dans le cinéma, jusqu’aux premiers rôles. On croisera naturellement Alain Delon, presqu’inconnu alors que Romy est déjà célèbre après « Sissi » : la relation amoureuse et professionnelle avec le jeune acteur français est fondatrice, essentielle pour les deux. Un album à la mise en images sensible, juste, sans effets appuyés, mais aux couleurs très choisies selon les moments narrés. Un trait doux et bienveillant : connaissant sa fin tragique, ce n’est que justice.
Lire la suite...« Moi, René Tardi » T3 : les jeunes années de Jacques Tardi…
Après avoir évoqué la défaite de l’armée française en mai 1939 et le long séjour de cinq années de captivité effectuées par son père en Allemagne au Stalag II B dans un premier volume, puis son retour épique en France jusqu’à Saint Marcel lès Valence dans un second album, Jacques Tardi raconte les années d’après-guerre dans le troisième volet de cette trilogie. Une BD reportage aux images superbes inspirée par les nombreux carnets laissés par son père.
C’est en mai 1945 que, parmi plus de deux millions de compagnons d’infortune, René Tardi revient auprès de son épouse Zette. Le couple est hébergé par la mère de Zette, l’épicière du village où elle a séjourné pendant toute la guerre. Faute de trouver du travail, René va à plusieurs reprises prolonger son contrat avec l’armée française jusqu’en 1953. Entre temps, le 30 août 1946, un enfant est né au sein du couple, le futur Jacques Tardi. C’est la vie au quotidien de cette famille en province au fil de plusieurs déménagements, de séjours de Jacques auprès de ses grands-parents, mais aussi des années passées en Allemagne sous l’Occupation française, qu’évoque ce récit riche en nostalgie. Au fil des pages, un astucieux dialogue imaginaire poignant noué entre le père et le fils, revient sur les années de guerre, l’Occupation en France, le Paris de la Libération… Inutile de vous dire que politiciens et militaires en prennent pour leur grade alors que l’évocation du peuple laborieux mais aussi les séjours auprès de la famille proche ne manquent pas de tendre chaleur.
Les textes, que certains risquent de trouver parfois trop copieux, sont de bout en bout passionnants et pleins de verves. C’est avec une réelle nostalgie que le futur dessinateur parle de ses premiers jouets, de sa passion pour le dessin, des émissions proposées par la T.S.F., du cinéma (il adorait les films de pirates) et bien sûr de ses premières bandes dessinées. À cette époque lointaine, les BD populaires sont légion dans les kiosques et avec les fameux « Pieds nickelés », c’est « Tarou, le fils de la jungle », héros d’un fascicule publié par Artima que je jeune Jacques apprécie le plus, sans oublier « Flèche loyale » dans Prairie. Tarou est un sous-Tarzan au charme aujourd’hui désuet imaginé par Bob Dan (Robert Dansler) qui l’a animé de 1947 à 1973. Ce n’est qu’après qu’il découvrira avec gourmandise les hebdomadaires Tintin et Spirou.
Chaque image est un régal pour les yeux, truffée de petits détails qui en disent long sur la vie au quotidien d’une population enfin libérée de l’occupant. Aîné de Tardi de seulement une semaine, j’ai savouré son récit et nombreux seront les lecteurs de cette génération qui verseront une larme. Au-delà de son père René Tardi, inspirateur de cette trilogie, c’est le jeune Jacques qui est le véritable héros de ce troisième et ultime chapitre qui compte 150 pages. Remarquable !
Henri FILIPINI
« Moi René Tardi, prisonnier de guerre au Stalag II B T3 : Après la guerre » par Jacques Tardi
Éditions Casterman (26 €) – ISBN : 9 782203 097247
Tous les bouquins de Jacques sont à lire sans Tardi, celui là ne fait pas exception…
Comme toujours, Tardi est direct, et frappe juste ! Un détail que j’ai apprécié : il parle bien des Allemands, que ce soit lors des opérations militaires, ou quand il décrit les exactions commises par ce peuple. Alors que chez d’autres, où le politiquement correct est de mise, quand on parle bien des Allemands pour les opérations militaires, ceux-ci deviennent de manière subreptice des Nazis, quand il s’agit de montrer les atrocités (camps de concentration, massacres de civils) – voir par exemple le documentaire colorisé « la chute du Reich ».