« Dog End » T1 & T2 par Yurikawa

Un inspecteur chevronné, un tueur iconoclaste et une jeune fille à protéger : voilà le trio assez classique de ce début d’aventure. Polar d’action plutôt sanguinolent avec une bonne dose de surnaturel, « Dog End » fait tout pour attirer un public adolescent en quête d’adrénaline. Première œuvre d’un auteur prometteur qui accumule tous les clichés du genre pour enrichir son univers propre.

Kiichiro Hatori, un inspecteur chevronné de la police nationale va se voir confier une mission confidentielle de la plus haute importance. Il s’agit de protéger une jeune fille de 14 ans poursuivie par la ligue des assassins. Hatori, hautain, prend ça comme une plaisanterie, cela fait un peu trop scénario de manga (1). Ce qu’il ne sait pas encore, c’est qu’il va devoir collaborer avec un des plus terribles tueurs que le Japon ait jamais connu : Kuromaru Wakatsuki alias Black Dog.

« Dog End » reprend le principe des Buddy Movies dans lequel deux héros très différents sont obligés de collaborer en se partageant la vedette. Scénario typique des films policiers où un patrouilleur chevronné se voit affublé d’un collègue à problème. Ici, c’est pire puisque cet enquêteur exemplaire est secondé pour cette mission par un assassin repenti. Pour le côté mystérieux, depuis son arrestation, celui-ci est enfermé dans le sous-sol de l’agence nationale de la police, retenu par une cage en verre gardée en permanence par deux hommes armés. Cage qu’il fera éclater avec désinvolture d’un simple revers de la main pour une sortie théâtrale. En effet, la particularité de ce polar est d’avoir un florilège de personnages dotés de pouvoirs plus spectaculaires les uns que les autres. C’est notamment le cas des tueurs de la mafia. Le premier assassin envoyé pour éliminer la jeune et riche héritière est caricatural tellement il ressemble à un gymnaste bodybuildé. Insensible, il est capable d’encaisser les coups, voire de se faire trancher les doigts sans broncher. Ensuite, les exécuteurs vont s’enchaîner tel ce couple de lesbiennes, dont l’une, adepte des Chupa-Chups, exerce dans une tenue minimaliste alors que sa consœur, chimiste, est revêtue d’une blouse blanche traditionnelle. Le fan service est indéniablement là sans être extrêmement poussé !

Plus rocambolesques les uns que les autres, les ennemis seront évidemment défaits d’une manière tout aussi incongrue et, somme toute, assez amusante. En effet, l’histoire est loin d’adopter le ton sérieux qu’il est d’usage d’imaginer dans une vraie enquête policière. Ici, la cible, jeune, mais ayant un secret, est toute désignée et les ennemis surgissent sans qu’il y ait besoin de les chercher. Le caractère des héros est bien là pour détendre l’atmosphère. Hatori, qui nous est présenté comme droit et juste va se montrer particulièrement virulent dés le second tome alors que Wakatsuki, présenté comme un branleur adepte des jeux vidéo va se transformer en machine de guerre précise et implacable dés qu’il est en mode combat. Bien sûr, il n’est plus question pour lui de tuer, la morale est sauve et les méchants s’auto-élimineront ou seront coffrés après avoir perdu la bataille.

Assez classique dans son approche scénaristique ainsi que son graphisme, « Dog End » est un bon divertissement qui dévoile son potentiel au fil des chapitres. Ce sont les personnages et leurs personnalités diverses qui font avancer l’histoire. Celle-ci n’est pas aussi simple que l’on aurait pu l’imaginer dans les premières pages, mais met indéniablement du temps à se dévoiler.

La série est toujours en cours au Japon avec quatre volumes déjà disponibles.

Gwenaël JACQUET

« Dog End » T1 & T2 par Yurikawa
Éditions Kana (5,95 €) – ISBN  : 978-2505071488

(1) « La ligue des assassins », comme dans « Golgo 13 » s’exclame Hatori, croyant à une plaisanterie quand on lui annonce le nom de cette organisation mafieuse. C’est exactement le même nom qui est utilisé dans la série « Golgo 13 », un manga de référence ultra célèbre au Japon mettant en scène un tueur impitoyable créé en 1968 par Tako Saito. Ce polar est toujours publié aujourd’hui et avec ses 190 tomes fait partie des trois plus longues séries du japon avec « Dokaben » (205 tomes) un manga sur le baseball et « Kochira Katsushika-ku Kameari Kōen-mae Hashutsujo » (200 tomes) la série policière de Jump terminée en 2016.

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