« Fragrances » par Élisa Gandolfo et Élodie Font

Quand on voyage, il est bon de se mettre au parfum. Quoi de plus simple que d’aller du côté de Grasse pour humer l’air de ses fragrances et tenter d’en savoir un peu plus sur cette ville mythique et tout comprendre de « La création d’un parfum », sous-titre de l’album…

Grasse, à 20 kilomètres à peine de Cannes, était considérée comme la capitale mondiale du parfum et l’on estime que 10 °% de la population travaille dans cette industrie locale. Depuis le 16ème siècle, cette région unique qui fleure bon le jasmin, la rose ou la fleur d’oranger s’est construit une légende. La journaliste Élodie Font est allée enquêter, interviewer et en rapporte un album réunissant portraits et données techniques tout à fait intéressant.

De 120 parfumeries, la ville est passée à une quinzaine et les fleurs qui servent à l’industrie viennent à présent du monde entier mais il reste des gens comme Constant Viale pour continuer à planter les « restanques », les terrasses qui leurs sont réservées. Les parfumeurs, eux, parcourent le monde à la recherche de nouvelles senteurs et emploient des « chercheurs d’odeurs », des « nez », un métier rare et recherché.

Bien entendu, l’album ne fait pas l’impasse sur l’histoire de la parfumerie, à Grasse et ailleurs, ni sur les différentes techniques pour obtenir les odeurs : « l’enfleurage », la distillation, « l’extraction au solvant volatile », tout est expliqué et illustré. Une visite est même organisée au cœur de ces laboratoires ou des dizaines et des dizaines de flacons permettent de construire de nouveaux parfums en jouant sur « les notes de tête », « les notes de cœur » et les « notes de fond », rappelant au passage qu’un parfum c’est 5% de fleurs et 95 % de chimie !

Le parfum est partout : savons, lessives, détergents, déodorants, arômes alimentaires… pas seulement dans les flacons qui nécessitent des budgets phénoménaux pour le marketing (conception du flacon et publicité) à tel point qu’aujourd’hui « 2 euros sur 150 sont consacrés au parfum lui-même », confie Pierre Dinand, créateur de plus de 1000 flacons, dont certains célèbres !

Il reste à côté de cela  des parfumeurs « de niche », une sorte d’artisanat du parfum, jouant la carte du bio, qui n’est pas moins couteux pour l’utilisateur. Comme pour tout parfum, il reste après la lecture de cet album joliment dessiné, des effluves et l’envie d’aller plus loin, comme dit la postface, ce qui est le propre du voyage !

Pour compléter, cette lecture, rappelons que dans « Nouvelles du monde invisible » (Futuropolis, 2008), Jean-Claude Denis, se sachant l’odorat sensible et doté d’une excellente mémoire des situations olfactives (parfums de femmes, de villes, de forêts…), remontait sa mémoire au fil des odeurs, des senteurs et en restituait la puissance au gré de saynètes personnelles qui « sentaient bon » l’autobiographie, soulignant à quel point les odeurs peuvent dicter nos actes… ou les différer.

Didier QUELLA-GUYOT  ([L@BD-> http://9990045v.esidoc.fr/] et sur Facebook).

http://bdzoom.com/author/didierqg/

« Fragrances »  par Élisa Gandolfo et Élodie Font

Éditions Jungle (14, 95 €) – ISBN : 978-2-8222-2591-5

 

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