Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...« Isabelle Eberhardt » par Annabel et Virginie Greiner et « Livingstone » par Paul Teng et Rodolphe
La collection « Explora » continue d’explorer… les explorateurs, leurs vies, leurs découvertes, leur postérité aussi. De Magellan à David-Neel, de Marco Polo à Jacques Cartier, de Fawcett à Darwin, en passant par Burton, Tenzing ou Rimbaud, en un ou plusieurs tomes selon les cas, c’est toute l’histoire de la cartographie mondiale que Christian Clot propose aux lecteurs. La dernière livraison réunit un colonisateur et une anticolonialiste, un homme et une femme, deux légendes…
Avec « Isabelle Eberhardt », surnommée en sous-titre « La Vagabonde des sables », c’est le destin exceptionnel d’une femme hors-normes que retracent Virginie Greiner et Annabel. Difficile de ne pas être touché par le caractère atypique de cette jeune femme née en Russie d’une culture aristocratique et anarchiste qui, finalement et contre toute attente, décide en 1897 de migrer d’Europe en Algérie, comme aimantée par l’Afrique du Nord.
Sur place, elle quitte vite le quartier Français pour s’installer dans le quartier Arabe, ce qui lui vaut très vite mauvaise réputation de la part des Français. Ne supportant pas « l’hypocrisie des hommes », leurs « préjugés idiots » ou leurs « lâches conventions », très vite, elle veut s’éloigner, aller plus loin, vers l’inconnu, l’Afrique, la vraie, afin d’écrire, de décrire, ce qu’elle voit, ce qu’elle découvre, ce qu’elle croit comprendre. L’appel du désert est irrésistible. « Mon héritage est Russo-suisse, mais mon cœur est Algérien » avoue-t-elle à Slimène Ehnni, un spahi dont elle s’est éprise et dont le destin tragique est précisé dans le dossier final.
Isabelle est une féministe qui ne joue pas la carte de la féminité. Elle se veut égale des hommes et, de fait, s’habille comme tel, jouant les bédouins dans un environnement musulman et traditionnel où, en tant que femme, elle ne pourrait guère prétendre profiter des libertés auxquelles elle est très attachée. Se convertissant à l’Islam, elle inquiète évidemment les autorités coloniales qui sont loin, au bout du compte, de comprendre « l’âme arabe » autant qu’elle, Isabelle Eberhardt rédigeant sans cesse pour plusieurs journaux ce qu’elle explore et ce qu’elle observe. Christian Clot revient dans le dossier sur cet aspect d’écrivaine car Isabelle a laissé derrière elle de nombreux textes dont  « Yasmina », une nouvelle écrite entre 1899 et 1902, parmi d’autres regroupées dans  « Yasmina et autres nouvelles algériennes  » (Liana Levi, 2002) et adaptée en bande dessinée par Damien May, cf. chronique sur BDzoom.
Cette vie d’aventure qui s’arrête brutalement, un funeste jour d’inondation où elle meurt à 27 ans, est évidemment très différente de celle du fameux Livingstone que racontent Rodophe et Teng.  Ce « missionnaire aventurier » est un adorateur de l’Afrique qui a su construire sa légende en la traversant d’est en ouest, découvrant au passage les chutes Victoria. Prêt à évangéliser et, plus généralement, à imposer notre civilisation à celles qu’il découvre, David Livingstone est cependant anti-esclavagiste notoire.
En 1869, décision est prise au New York Herald de retrouver cet homme disparu en Afrique depuis plusieurs années, peut-être même mort. Et c’est Stanley qui s’y attèle avec un budget illimité ! Non seulement, il le retrouvera au fil d’un voyage évidemment semé d’embûches, mais il l’accompagnera pour retrouver avec lui les mythiques sources du Nil. Au fil du canotage, Livingstone raconte à Stanley les expéditions qui ponctuent sa vie dès 1852 …
Alors, bons voyages !
Didier QUELLA-GUYOTÂ ([L@BD-> http://9990045v.esidoc.fr/] et sur Facebook).
http://bdzoom.com/author/didierqg/
« Isabelle Eberhardt » par Annabel et Virginie Greiner
Éditions Glénat (14, 95 €) – ISBN : 978-2-344-01934-4
 « Livingstone » par Paul Teng et Rodolphe
Éditions Glénat (14, 95 €) – ISBN : 978-2-344-02165-1
NB : Nous avons chroniqué plusieurs fois depuis 2012, sur BDzoom.com, les titres de la Collection « Explora » : David Neel, Marco Polo, Burton, Tenzing, Fawcett et Kingsley
Magnifiques planches à dessin. J’adore.
Je veut plus d’information sur Izabelle ebehardt et ça vie dans oued souf et ça relation avec cheikh de zawia KADIRIA de GUEMAR sidi Hussien ben Ibrahim.
Merci