Dans le cinquième volume de ses aventures, « Le Grimoire d’Elfie T5 : Les Reflets de Walpurgis », la jeune Elfie découvre le marais poitevin (entre La Rochelle et Niort) et des festivités réservées aux magiciens et sorcières depuis le temps de la mystérieuse fée Mélusine. Une nouvelle enquête pour la jeune adolescente, avec l’apport non négligeable de son grimoire magique, à l’issue de laquelle elle en aura appris beaucoup sur les dangers contemporains qui guettent cette zone humide remarquable et sa propre famille.
Lire la suite...« Ninn T3 : Les Oubliés » par Johan Pilet et Jean-Michel Darlot
Des catacombes aux lignes oubliées du métropolitain, le sous-sol de Paris fascine encore et toujours. Dans cette saga, à la Belle époque, le percement des premières lignes du métro a permis de découvrir un monde fascinant, celui des Grands Lointains, un monde perdu sauf pour ceux qui peuvent emprunter la ligne noire, après la station Moloch. L’intrépide Ninn retourne vers ces territoires menaçants auxquels elle semble liée pour d’encore bien énigmatiques raisons.
Ninn, une préado parisienne de 11 ans a vécu des aventures troublantes dans les deux premiers volumes de la série éponyme. Découverte bébé dans le métro par deux ouvriers, l’enfant n’a jamais été réclamé par ses parents. De nos jours, elle vit avec ses deux papas qui l’ont adoptée. La collégienne se pose toujours mille questions sur ses origines mystérieuses. Quand elle prend le métro, elle ressent qu’une sourde menace la traque. Elle s’ouvre de ses angoisses à deux camarades de classe ainsi qu’à des adultes de confiance comme Irina, la gérante d’un kiosque qui la conduit à un spécialiste du rail : Fulgence Malvenüe. Le vieux misanthrope lui apporte un éclairage décisif sur une ligne fermée à la suite à de trop nombreux accidents : la ligne noire et son terminus, la station Moloch, là où justement fut trouvée Ninn dans ses langes.
Ninn, aidé d’un tigre de papier qui peut s’incarner en un animal bien vivant, a emprunté la ligne noire jusqu’à son terminus, la jungle des Grands Lointains. La découverte de ce monde étrange, ignoré de la population de la surface, a amené la jeune fille à se poser de nouvelles questions, toujours sans réponses, sur sa naissance.
Au début de ce troisième volume, l’intérêt de Ninn pour les Grands Lointains est ravivé par la découverte du journal de bord d’une aviatrice des années 1920. Éponine Malvenüe, arrière-grand-mère de Fulgence. A 27 ans, la jeune femme s’est évanouie dans ce monde énigmatique à la recherche de personnes oubliées. En janvier 1910, une rame spéciale affrétée pour un voyage inaugural disparaissait à tout jamais.
Les recherches sont abandonnées dès le lendemain du drame à cause de la pire crue que Paris ait connue depuis le 17e siècle. Hector Guimard, l’architecte des célèbres bouches de métro parisiennes, a érigé une colonne dans le cimetière de Montmartre pour que ne disparaisse pas la mémoire de ces oubliés. Sur cette colonne, une épitaphe à la : « Noire Indifférence de Notre Nation », un acrostiche : N.I.N.N., le prénom de notre héroïne !
Ninn retournera dans les Grands Lointains sur les traces du vol brisé d’Éponine. Elle y découvrira bien de choses troublantes ; des oubliés figés dans le temps, un grand hôtel aux chambres angoissantes, un inventeur génial mais neurasthénique et toujours cette femme élégante au visage caché par un voile noir dont s’échappent parfois d’étranges et ténébreux insectes. La quête de Ninn n’est pas terminée, elle n’a trouvé que de maigres réponses à toutes les questions qu’elle se posait.
La saga « Ninn » est un petit bijou dont nous vous avons déjà entretenu dans cet article. Le succès public et critique — le premier tome a reçu le Prix du conseil départemental de Loir-et-Cher au festival bd BOUM 2016, le second le prix des Collégiens au festival d’Angoulême 2017 —, est mérité, tant pour son scénario intelligent qui ménage rebondissements audacieux, dialogues amusants bien troussés, personnages attachants par leurs épaisseurs psychologiques ou éléments fantastiques originaux, que pour le dessin de Johan Pilet, réaliste et poétique pour le métro et le Paris d’aujourd’hui, verdoyant ou au contraire ténébreux dans de grandes compositions aérées pour les espaces intemporels et menaçants des Grands Lointains.
Nous écrivions à propos du tome 2 : « Nous sommes tombés sous le charme de cette balade initiatique qui nous conduit des entrailles de Paris vers un pays imaginaire ensoleillé, mais inquiétant.
Cette fable moderne joue avec subtilité du côté sombre et inquiétant des menaces bien réelles qui pèsent sur le jeune Ninn, tout comme la romancière J.K. Rowling a su créer un méchant vraiment cruel pour affronter son tendre Harry Potter.
Cette modernité se retrouve aussi dans le couple de deux papas qui élève tout à fait normalement leur fille adoptive. Normalité de la famille pour tous que l’on trouvait déjà dans « Hector », une précédente série pour la jeunesse. »
Le tome 3 est plus sombre, plus complexe aussi, tout en s’adressant à un public très large dès le collège. Les flashbacks du récit narré par l’aviatrice dans son journal et les aventures de la jeune fille finissent par se rejoindre dans une somptueuse séquence finale, une conclusion ouverte vers le tome 4 que nous attendons avec impatience.
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Laurent LESSOUS (l@bd)
« Ninn T3 : Les Oubliés » par Johan Pilet et Jean-Michel Darlot
Éditions Kennes (15,95 €) – ISBN : 978-2-8758-0421-1