Dix ans après la parution de « Résurrection », la première partie d’un diptyque accouché dans la douleur, voici enfin « Révélations » : conclusion du dernier récit du regretté Philippe Tome, décédé alors qu’il travaillait sur les dernières pages de son scénario. Les éditions Dupuis proposent, enfin, l’intégralité de cette aventure magistralement dessinée par Dan Verlinden, digne successeur de ses deux prédécesseurs : Luc Warnant et Bruno Gazzotti.
Lire la suite...« Moi, fou » par Keko et Antonio Altarriba
L’érudit aragonais Antonio Altarriba, ancien professeur de français à l’université de Vitora (ville où se situe « Moi, fou »), propose, toujours chez Denoël Graphic, le second volet de sa puissante trilogie sur le Moi : une réflexion politique sur la société contemporaine assortie d’un récit poignant flirtant avec le fantastique et la psychose, une nouvelle fois enluminée par le dessin noir et parsemé d’éclats jaunes du dessinateur madrilène Keko…
Après le remarquable polar « Moi, assassin » – qui s’attaquait à l’imposture morale, intellectuelle et artistique (1) -, récompensé par le Grand prix de la Critique ACBD 2015, voici l’histoire d’Angel Molinos : un docteur en psychologie et écrivain raté qui travaille pour un centre de recherches affilié à un laboratoire pharmacologique spécialisé dans les maladies mentales.
Violé par son père lorsqu’il était enfant, cet homme, qui reste traumatisé au point de faire de nombreux cauchemars, est chargé d’inventer des pathologies mentales pour justifier la conception et la vente de nouveaux médicaments : « l’industrie pharmaceutique ne vise pas à soigner mais à chroniquer les maladies… Nous rendre accros aux médicaments, c’est leur bizness… »
De retour dans son village natal, que des rumeurs d’homosexualité l’ont forcé à quitter à l’âge 16 ans, Angel retrouve son père atteint d’Alzheimer et renoue avec l’homme, devenu moine, qui l’a initié à l’homoérotisme. À son retour, il décide de rallier la cause d’un collègue qui veut dénoncer les pratiques du centre de recherches et dont il retrouve la main coupée devant sa porte. Cet inventeur de fausses folies serait-il, lui-même, en train de devenir fou ?
Nous sommes alors plongés au cœur d’un délire réellement crédible, car la maîtrise narrative de ces deux auteurs est impressionnante : les tonalités politiques du récit contribuant à réaliser un portrait sans fard de l’Espagne contemporaine.
(1) Voir « Moi, assassin » par Keko et Antonio Altarriba et « Moi, assassin » d’Antonio Altarriba et Keko : Grand Prix de la Critique ACBD 2015 !.
« Moi, fou » par Keko et Antonio Altarriba
Éditions Denoël Graphic (19,90 €) — ISBN 978-2-207-13634-8
Vous parlez de trilogie comme si c’était l’évidence, mais je ne crois pas qu’on faisait allusion à une trilogie dans « Moi assassin »? Pouvez-vous précisez ?
Préciser
Les auteurs préparent un troisième (et dernier) album dont le titre commencera par « Moi », après « Moi, assassin » et « Moi, fou » : c’est donc ce qu’on appelle une trilogie. Source : le service de presse de Denoël Graphic.
Bien cordialement
Gilles Ratier
OK merci ! Nous, pauvres lecteurs, n’avons pas accès au dossier de presse!
Après lecture de cet opus (par ailleurs parfaitement écrit et dessiné) je confirme bien que le lecteur n’est pas informé d’un quelconque triptyque en cours; comme d’habitude chez Denoël Graphic, il y en a plus pour les petits copains du « milieu » que pour le lecteur lambda!
Pas de parano inutile ! L’information a été donnée aux journalistes qui, c’est leur travail, la relaie !
Ping : - Antonio Altarriba
Excusez-moi d’apporter une précision dans votre discussion.
Le site internet de Denoel Graphic est accessible au grand public, et on peut y lire dans les commentaires de Moi, fou, le texte suivant qui ne laisse aucune ambiguïté :
« Cette histoire de Big Pharma découpant nos vies et nos psychés pour optimiser ses profits pourrait se dérouler partout, mais ses tonalités politiques ajoutent un volet au portrait sans fard de l’Espagne contemporaine qu’Altarriba trace de livre en livre. Et la mystérieuse ville basque de Vitoria, au centre de sa «Trilogie du Moi», devient pour lui ce que Dublin fut pour Joyce ou Providence pour Lovecraft, le lieu mythique d’où sourdent toutes les peurs, toutes les hantises qui habitent ses héros. »
Bonjour,
J’ai la chance d’avoir côtoyé récemment Antonio Altarriba. Il travaille actuellement au 3ème tome de la trilogie »moi ». Antonio Altarriba n’est pas basque mais aragonais, il a grandi dans la magnifique ville de Zaragoza. Il a été professeur de littérature française à l’université du Pays Basque, à Vitoria.
Bonjour Marianne et merci pour vos précision :, je corrige tout de suite. Sachez, cependant, qu’Antonio a lu ma chronique et m’avait même écrit personnellement pour me remercier, mais il n’avait pas fait allusion à cette inexactitude.
Bien cordialement
Gilles Ratier
Ping : "Moi, menteur" en bdzoom.com - Antonio Altarriba