Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...William Blanc, historien médiéviste, signe avec « Super-héros une histoire politique » un des meilleurs ouvrages sur les comics…
Ce sont les éditions Libertalia, spécialisées dans l’Histoire, qui accueillent ce nouvel essai d’un auteur déjà à leur catalogue avec « Charles Martel et la bataille de Poitiers » (co signé avec Christophe Naudin) et « Le Roi Arthur ».
Sur plus de 340 pages et au long de dix-huit chapitres chronologiques, établis par ordre d’apparition des super-héros, William Blanc choisit d’étudier les relations qu’entretiennent ces différentes figures mythiques avec la politique. Pour cela, et après un chapitre introductif, il choisit ceux qu’ils jugeaient, dans un premier temps en tous cas, les plus pertinents (1).
Sont traités : Superman, Batman, Wonder Woman, Captain America, Namor, L’Escadron suprême, Black Panther, Luke Cage, Green Arrow, Red Sonja, Howard The Duck, The Punisher, Iron Man, et Logan, en intercalant cela dit, au milieu du livre, un chapitre sur leur évolution au mitan des années soixante, un autre sur le baseball dans les comics, et enfin, un dernier sur le mouvement LGBTQ.L’intérêt principal de ce nouvel ouvrage réside dans le traitement historique qu’apporte l’auteur, en situant les super-héros dans leur contexte de création tout en les confrontant à leur image moderne. Le ton employé et à la fois celui d’un connaisseur amateur, capable de citer des épisodes récents de comics, tout comme ceux de séries TV, et d’un universitaire. Les références médiévales, cinématographiques et romanesques fusent donc, et c’est un bonheur. Le rythme d’une suite de chapitres d’environ vingt pages chacun, bien étayés, est fluide, d’autant plus que ceux-ci sont aussi pertinemment illustrés, grâce à des cahiers en noir et blanc abondamment légendés, accompagnés d’un autre, central et en couleur, de 32 pages.
Si Xavier Fournier signe la préface et est cité dans la bibliographie, cela ne surprend pas, tant on peut associer l’érudition et surtout le style précis des deux auteurs sur le sujet. D’ailleurs, j’ajouterai que l’ouvrage de William Blanc est un pendant quasi incontournable et complémentaire à « Comics en guerre : la bande dessinée américaine pendant la Seconde guerre mondiale » (Xavier Fournier, chez Histoire et Collections, 2016), chacun d’eux apportant en effet une lecture informative et précise sur l’univers des super-héros et de leurs auteurs.
Un livre format poche absolument réjouissant, très instructif, et surtout écrit de manière très lisible, qui ravira autant les amateurs éclairés que les novices.
Franck GUIGUE
(1) William Blanc, dans son introduction, s’excuse de ne pas avoir traité certains super-héros, et laisse planer la possibilité de l’écriture d’un second volume.
« Super-héros une histoire politique » par William Blanc
Éditions Libertalia (17 €) – ISBN : 9782377290444
Merci Franck d’attirer notre attention sur ce livre.
La maquette de l’ouvrage ressemble beaucoup à celle de l’Overstreet, ou c’est mon imagination ?
Sur la page qui est reproduite pour cet article, il parle de Flash Gordon qui a commencé en 33 et pas en 34, et il écrit média au lieu de medium, ce qui donne en effet une idée de la culture de l’auteur.
J’ai arrêté la lecture à la deuxième ligne. J’essaie de ne pas avoir d’a priori sur les néophytes qui se mettent tout à coup à s’intéresser aux super-héros, sujet probablement plus vendeur que le moyen-âge, mais bon…
Je me contenterai de « citer » David Duchovny, acteur d’une célèbre série populaire d’un média audiovisuel : « La vérité est ailleurs ».
Un média est tout à correct en français courant. Libre à vous d’utiliser le latin mais c’est vraiment chercher la petite bête.
Flash Gordon est paru pour la première fois le 7 janvier 1934.
Merci Christophe
Héhé c’est hilarant.
Oui sûrement c’est correct en français d’aujourd’hui ou on accepte aussi des âneries comme « un espèce » ou « dangerosité » et où on n’accorde plus guère les participes ou les subjonctifs.
N’importe qui connaît un peu la BD américaine classique sait que FG a été créé début 33 et que le décalage de publication est dû aux magouilles de KFS avec la mafia new yorkaise sur la contrebande du papier. c’est une histoire autrement plus intéressante que ce qui nous est déroulé ici.
C’est à peu près aussi connu que les poncifs que ce monsieur nous assène sur la judaïté et l’allégorie du migrant utilisées par les créateurs de Superman sur le reste de cette page, tout cela déjà lu un million de fois dans des ouvrages bien plus légitimes et fouillés. Patrick Gaumer et Claude Moliterni doivent se retourner dans leur tombe Qu’il retourne donc analyser le degré de cuisson de Jeanne d’Arc et laisse la BD aux spécialistes et aux passionnés.
Claude, je ne sais pas, mais moi, jusqu’Ã preuve du contraire, je suis encore bien vivant.
Bien cordialement,
Patrick Gaumer
Je suppose que JC Lebourdais a voulu tenter un trait d’humour, il y a même un smiley pour le signaler! Vous ne l’avez pas vu, préoccupé par votre réputation?
Par ma réputation ? Sûrement pas. Juste interloqué par le fait que certains se cachent sous un faux-nez et se révèlent incapables de signer sous leur véritable nom.
P.G.
Oui c’était de l’humour; c’est risqué, je sais que ça n’est pas toujours bien compris ici sur ce site. Ni provoquer la discussion en ayant des avis divergeant de la bien-pensance.
C’était ma façon de faire remarquer que les grands anciens qui ont écrit de belles pages sur la bande dessinée et qui ont inspiré beaucoup d’entre nous à ne plus considérer notre passion comme une sous-culture se font maintenant manger la laine sur le dos par de pseudo-intellectuels qu’une mouche a piqué soudainement parce que c’est à la mode.
Pour votre participation, je vous remercie sincèrement monsieur Gaumer. N’hésitez pas à vous manifester davantage, l’érudition se perd.
C’est extrêmement gentil ! Et ça fait toujours plaisir à lire.
Bien cordialement,
P.G.
Une minute de silence, SVP! Le grand Stan Lee est mort!
Oui, il la mérite effectivement. Et les hommages depuis hier pleuvent sur les réseaux et sur le web en général. Nul doute que BDzoom s’en fera l’écho…
Stan Lee mérite amplement un hommage spécial sous la forme d’un « coin du patrimoine », qui lui sera dédié dans la semaine qui vient.
Ah, voilà un « coin » qui sera énormément visité, c’est certain !
(Y compris par le Grand Marvelleur en chef, car là où il est… « Stan lit » encore, n’en doutons pas ! ).
Sa personnalité et son talent sont contestés. Respectons une semaine de gentillesse pour son enterrement. On verra plus tard pour la suite (oui, il a tiré un peu la couverture à lui…)