Pif Gadget : Grandeur et décadence…

Pour la génération des jeunes lecteurs des années 1970, Pif Gadget demeure un marqueur indélébile, une bouffée de souvenirs de lectures captivantes, de longues journées de patience hebdomadaires dans l’attente du nouveau gadget. Christophe Quillien, l’auteur du passionnant « Pif Gadget, 50 ans d’humour, d’aventures et de BD », fût de ceux-là. C’est peut-être pour ça qu’en plus de ses riches évocations, son bel ouvrage dégage un délicieux parfum de nostalgie.

Le lundi 24 février 1969 fût une journée pas comme les autres. Le vieux Vaillantdevenait Pif Gadgetgrâce à une équipe inspirée de rédacteurs conduite par Georges Rieux. Des gens qui avaient compris que si le gadget pouvait être un moyen d’attirer les lecteurs, il fallait aussi que le contenu soit à la hauteur de leurs ambitions de conquête du marché de la bande dessinée jeunesse, ce qu’ils s’ingénièrent à faire jusqu’à ce qu’une bande de politicards attirés par le magot que pouvait générer le journal débarque au 126 rue Lafayette. En introduisant les séries télé, en cherchant à rogner sur le budget pour faire encore plus de profits, ils ont lentement mais sûrement condamné Pif Gadgetà mourir un triste jour de 1993.

C’est cette aventure éditoriale hors norme qu’évoque Christophe Quillien dans son ouvrage de 272 pages au format 205 x 263 mm qui sort le 18 octobre. Ceux qui ont suivi le travail du regretté Richard Médioni tout au long des 25 épisodes de « Période rouge » sur Internet (pif-collection.com) où qui ont lu son excellent bouquin « Pif Gadget : la véritable histoire » (Vaillant collector) ont pu suivre l’histoire du journal à travers le regard de ses rédacteurs et de ses auteurs. Christophe Quillien, en lecteur nostalgique de Pif Gadget, opte pour les héros, véritable fil rouge d’une évocation qui vous tire la larme à l’œil. Classés par chapitres : « Pif le chien », « Les Justiciers », « Drôles de bêtes », « Un peu plus à l’Ouest », « Bandes de gosses », « L’Aventure, c’est l’aventure », « Prodigieux, inouï, fantastique », « Histoire, histoires », « Des lendemains qui chantent », tous les héros surgissent de leur glorieux passé accompagnés bien entendu par leurs illustres créateurs. Le gadget n’est pas oublié avec l’épatant chapitre « Mazette les gadgets », pas plus que les jeux qui ont beaucoup compté dans le succès du journal avec « Jouons avec Pif » où l’on retrouve le fameuses enquêtes policières de « Ludo » par Moallic. De « Rahan » à « Corto Maltese », d’« Arthur le fantôme » à « Supermatou », tous les personnages qui ont enchanté les jeunes lecteurs sont au rendez-vous au fil de textes riches en petits détails sans pour autant assommer le lecteur avec des considérations pseudo intellectuelles comme c’est trop souvent le cas dans les ouvrages de référence.

Un ultime chapitre, « Les Années Pif » invite à découvrir uniquement par l’image les bandes annonces, les séries avortées ou encore quelques couvertures de magazines de poche publiés par les éditions Vaillant. L’iconographie est importante et soignée, mêlant planches complètes et gros plans, privilégiant le dessin aux photos d’auteurs. Une bonne occasion  pour découvrir la richesse en créateurs talentueux de la bande dessinée française à une époque où les personnages franco-belges règnent encore sur la presse BD à travers Tintin, Spirouet même Pilote.

Auteur de plusieurs ouvrages dédiés à la bande dessinée : « Valérian/le guide des mille planètes », « Grandes aventurières et femmes fatales de la BD », « Le Guide des 100 BD incontournables »… Christophe Quillien évoque sans jamais ennuyer, au fil d’un récit passionné et passionnant, les grandes heures d’un hebdomadaire novateur né voici bientôt un demi siècle. Après l’expérience Super Pifconduite par l’Humanité,Pifdevrait renaître prochainement grâce au financement participatif dans une formule interactive sous forme d’un journal dépliable. Une raison de plus pour se pencher sur l’histoire de son passé glorieux et de sa lente descente aux enfers.

Henri FILIPPINI

« Pif Gadget, 50 ans d’humour, d’aventures et de BD » par Christophe Quillien

Hors Collection (29 €) – ISBN : 9 782 258 15260 1

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3 réponses à Pif Gadget : Grandeur et décadence…

  1. Capitaine Kérosène dit :

    Merci pour cet article. Une semaine après celui-ci sortira « Les années Pif gadget » qui m’a l’air principalement axé sur les gadgets. Pensez-vous pouvoir le chroniquer également ? Cela m’aiderait pour savoir lequel des deux je vais acheter (l’aspect gadget ne m’intéresse pas).

  2. milo dit :

    C’est dommage que l’ouvrage « Mon camarade, vaillant, Pif Gadget : L’histoire complète, 1901-1994″ ne soit plus disponible une souscription serait la bienvenue.
    On saluera l’intelligence des rédacteurs du journal pif ainsi que les valeurs humanistes que portait le journal.Hate de découvrir le nouveau pif qui m’a l’air d’être en phase avec les enfants d’aujourd’hui.
    quant aux séries télé ou vedettes de la variété française en 1973, le journal Tintin en faisait autant ce qui à causer beaucoup de tort au journal jusqu’a 1975 malgré la qualité des bds, d’ailleurs sur cette même période il valait mieux lire junior le supplément de chez nous qui avait le même contenu sans les vedettes. ce qui s’est passé également pour super as en 1980 apres un an d’existence, là c’etait la télé dans le salon et dans ton journal, ça n’a pas duré longtemps pour s’arrêter.

  3. frederic cristofaro dit :

    bonjour,

    et en plus , la sortie du nouveau numéro 1 est prévue?.

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