Petit Paul… est bien ennuyé …

En cette rentrée, trois ouvrages signés Bastien Vivès sortent simultanément. Le premier est le onzième épisode de « Last Man » chez Casterman réalisé avec ses deux complices Balak et Sanlaville, un Manga à la française qui a conquis un large public dans les librairies comme sur le petit écran. Le second, « Le Chemisier » (1), toujours édité par Casterman, est un roman graphique classique comme la critique les apprécie. C’est le troisième, « Petit Paul », édité dans la nouvelle collection Porn’PoP des éditions Glénat, parodie pornographique des séries jeunesse d’antan, qui effraie quelques libraires. Devançant l’action d’éventuels censeurs « officiels » toujours silencieux, ces braves gens retournent courageusement les ouvrages à l’éditeur … Et Petit Paul est ennuyé !

Petit Paul vit à la campagne dans une ferme avec tout plein d’animaux auprès de sa grande sœur Magalie, de son papa qu’il aide lorsqu’il n’est pas à l’école et de sa maman qui s’occupe du potager. Magalie avec sa poitrine généreuse et son corps bien en chair émeut le petit garçon par ailleurs doté d’un attribut particulièrement volumineux qui ne demande qu’à fonctionner, d’autant plus que son propriétaire est précoce dans ce domaine. A la manière des albums de « Martine », Bastien Vivès propose en sept chapitres les aventures jouissives de son  jeune héros : Petit Paul récite une poésie, Petit Paul et l’anniversaire de Mohamed, Petit Paul fait du judo, Petit Paul à la station service, Petit Paul et la cérémonie du thé, Petit Paul et le phénomène paranormal et Petit Paul trouve un smartphone.

À travers ces histoires drôles et sans tabou mais jamais grossières, l’auteur évoque sans en avoir l’air bien des problèmes qui font notre quotidien. Les images, certes crues et sans concession, n’ont pas de quoi effrayer un censeur, sinon quelques mauvais coucheurs qui voient le mal partout. Notons que la préface de ce bouquin cartonné de 176 pages est signée Céline Tran.

Habituellement, pas vraiment fan du travail de Bastien Vivès que je ne connais pas, on ne peut pas me cataloguer de copinage, il me semble impératif de le soutenir dans cette pantalonnade qui prouve que la censure si elle n’a pas de visage est une ombre malfaisante toujours prête à sortir ses griffes. Et j’avoue avoir trouvé un réel plaisir à suivre les aventures champêtres coquines de ce gamin facétieux et attachant.

Et comme le signale l’éditeur en couverture, cet ouvrage à caractère pornographique ne doit pas être mis à disposition des mineurs.

Né en 1984, Bastien Vivès débute sur Internet sous le pseudonyme « Chanmax » avant de publier en 1997 son premier album, « Elle (s) pour le label KSTR des éditions Casterman. Le second, « Le Goût du chlore » lui vaut les Prix Révélation à Angoulême en 2009. On lui doit aussi la trilogie « Pour l’Empire » avec Merwan, « Polina » qui sera adapté au cinéma, « La Grande Odalisque » avec Ruppert et Mulot, la saga « Last Man », « Une soeur », des ouvrages pour la collection Shampooing chez Delcourt… Décidément porté sur la gaudriole, il a déjà sévi dans la pornographie avec « Les Melons de la colère », album de poche publié en 2011 dans la collection BDCul des Requins Marteaux.

Henri FILIPPINI

« Petit Paul » par Bastien Vivès

Éditions Glénat (12,90 €) _ ISBN : 978 2344 028971

 (1) : Lire « Le Chemisier » par Bastien Vivès

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