Un roman (bio)graphique sur Romy Schneider, cela devait arriver tôt ou tard, et notamment dans la collection 9 1/2 de l’éditeur, dédiée au cinéma… Le choix des auteurs s’est porté sur ses débuts, y compris son enfance — vite évoquée — avec la guerre en fond, et son entrée timide dans le cinéma, jusqu’aux premiers rôles. On croisera naturellement Alain Delon, presqu’inconnu alors que Romy est déjà célèbre après « Sissi » : la relation amoureuse et professionnelle avec le jeune acteur français est fondatrice, essentielle pour les deux. Un album à la mise en images sensible, juste, sans effets appuyés, mais aux couleurs très choisies selon les moments narrés. Un trait doux et bienveillant : connaissant sa fin tragique, ce n’est que justice.
Lire la suite...Édouard Aidans : décès d’un touche-à-tout génial…
Le dessinateur Édouard Aidans nous a quittés, alors qu’il venait de fêter ses 88 ans. Il appartenait à la génération des Reding, Graton, Attanasio, Weinberg qui ont débuté dans les pages de l’hebdomadaire Spirou, avant de rejoindre Tintin pour y effectuer une brillante carrière. Touche à tout génial, il a œuvré dans tous les genres, en réalisme comme en humour.
Né le 13 août 1930 (et non le 30) à Andenne dans la région de Namur, Édouard Aidans fait ses débuts dans Spirou en dessinant quelques récits de la série des « Belles Histoires de l’Oncle Paul ». Il choisit, dans un premier temps, le pseudonyme Joke (utilisé pour un premier dessin paru quelques années plus tôt dans Spirou) pour publier, à partir de 1956, des récits authentiques dans le journal Tintin, la plupart écrits par Yves Duval. Dans Line, le journal des chic filles, lui aussi édité par le Lombard et Dargaud, il livre de nombreux récits complets historiques. En 1960, la rédaction de Tintin lui confie sa première histoire à suivre, « Le Dossier vert » écrit par Jacques et François Gall (« 13, rue de l’Espoir »).
La même année, dans un registre humoristique, il campe le journaliste Bob Binn imaginé par André-Paul Duchâteau, héros d’histoires à suivre, mais aussi animateur de pages de jeux. L’année suivante, bien avant « Rahan », il impose un héros préhistorique dont le succès sera grand : Tounga, suivi en 1963 par Marc Franval, un écrivain globe trotter voyageant avec sa famille, dont les scénarios sont écrits par Jacques Acar et Yves Duval.
En 1965, il campe brièvement « Alex Vainclair » dans Pilote, avec la complicité de Duchâteau au scénario. En 1971, lorsque les femmes ne sont plus bannies des journaux pour jeunes, il propose dans Tintin une histoire écrite par Greg : « Les Panthères ». Après avoir imaginé en 1974 « Brik Brak, Barik, Mescaline et les autres » dans Tintin, c’est l’année suivante, dans l’éphémère Achille Talon Magazine, qu’il dessine dans un style humoristique « Gour le Ba-Lourh », héros préhistorique lui aussi. En 1979, tenté par l’expérience allemande de la création d’un hebdomadaire européen, il livre « Tony Stark » : série d’aventure écrite anonymement par Jean Van Hamme dans Zak (Super As en France). Débordé par ses nombreuses collaborations, il crée un studio au milieu des années 1960 où travaillent de futurs grands auteurs : Magda, Chris Lamquet, Marc Hardy, Claude Laverdure, Bernard Linssen…
Le déclin de la bande dessinée pour jeunes au cours des années 1980 le contraint à réduire sa production. En 1986, il réalise, pour les éditions Dargaud, la trilogie inachevée « La Toile et la dague », avec Jean Dufaux alors scénariste débutant. Il reprend le personnage de Bernard Prince aux éditions Blanco, le temps de deux albums publiés en 1992 et 1993. En 1992, il publie l’unique album de la série « Arkan » (scénario Brice Tarvel) aux éditions du Vaisseau d’argent. En 1995, sous le pseudonyme Hardan, il signe les gags légèrement osés des « Saintes Nitouches » chez P & T Productions.Rob Harren les replacera dans ses magazines pour adultes Rooie Ortjes et Klein Deuil. Enfin, en 2007, il dessine, sur un scénario d’Yves Duval, « Justine, l’incroyable ascension » : un album à la gloire de Justine Hénin, offert par Ciné télé revue.
Adulé grâce à « Tounga » au cours des années 1960/1970, déçu par l’échec des tentatives de reprises de « Bernard Prince », puis de « Tounga » en 1995 et en 2004, contraint de se recycler auprès de petits éditeurs pour survivre, Édouard Aidans appartient à la génération de l’âge d’or de la bande dessinée franco-belge. Son trait dynamique, ses talents de touche à tout, sa puissance de travail, lui ont permis de faire vivre de nombreux personnages dont Tounga demeure le plus choyé par les lecteurs nostalgiques. Avec lui, c’est tout un pan de l’histoire de la bande dessinée d’après-guerre qui nous quitte.
Henri FILIPPINI
Salut,
Quelle tristesse de voir partir un à un tous ces merveilleux virtuoses du neuvième art ayant façonné les plus belles épopées du journal « Tintin » (notamment période « Greg »).
Edouard Aidans est un grand, un immense artisan dont la passion et la générosité explosaient dans ses planches généreuses.
« Tounga », « Les Franval », « Les panthères » en intégrales : quel bel hommage se serait pour ce grand homme !
J’apprends avec tristesse le départ de ce grand monsieur qu’était Edouard Aidans.Gentil et modeste,il faisait bon accueil à ceux qui lui demandait conseil.Son talent,qui était grand,n’a pas été mis en évidence suffisamment ces dernières années.Qu’il repose en paix.Ses lecteurs continueront,je l’espère,à perpétuer son souvenir.
Bien triste nouvelle.
Au tournant des années 70/80 Edouard Aidans,immense professionnel,avait atteint un sommet,une plénitude de style qui en faisait un des plus efficaces dessinateurs réalistes.Sa narration,aussi,avait suivi cette pente ascendante,même si globalement la charge de travail se faisait parfois ressentir, avec quelques ficelles bien senties pour aller plus vite.
Il était de ces rares auteurs qui vous embarquent immédiatement et vous donnent envie d’ouvrir ses livres.Une efficacité redoutable,on le répète.Les couleurs de sa femme Luce,un cran au dessus des standards de l’époque,bien pensées,participaient aussi .
Et que dire de son remarquable trait d’encre au pinceau,dense et généreux,malin comme tout.
La série Tony Stark est certainement emblématique de tout ça,un petit chef-d’oeuvre du genre.Son Tounga s’est arrêté au milieu des années 80 alors que la série prenait sa vraie dimension,véritable aventure humaine aux temps préhistoriques.Dommage,je n’ai jamais vraiment su pourquoi.C’était pourtant une série phare à l’époque.
La reprise une décennie plus tard n’était pas à la hauteur.
L’intégrale de Tounga existe : je l’ai achetée, en solde… je ne sais pas pourquoi cette excellente série qui avait su évoluer est tombée dans un certain oubli (je ne parle pas de la génération qui a lu le journal Tintin).
Bravo Monsieur AIDANS!
Les panthères aussi, il y a quelques années au Lombard, dans la collection Millésimes.
Les « panthères » est une série qui plait aux jeunes génération élevées aux mangas ; comme quoi, certaines BD de ce bel auteur n’ont pas vieilli!
c’est sûre les ventes ont explosés au rayon jeunesse : n’importe quoi !!!
L’éditeur pourrais rééditer les « panthères » car j’ai constaté que cette série plaisait aux adolescentes d’aujourd’hui: ma remarque vaut toujours plus que tes sarcasmes (avec fautes de français intégrées)
Excusez-moi mais vous parlez peu avec votre libraire et à mon avis vous n’en avez pas (plus du style à acheter en ligne), si c’était le cas vous vous apercevriez que les ventes en patrimoine sont minimes dans une librairie. Vu la production et le manque de place, ce n’est certainement pas le genre d’ouvrage qui va retenir l’attention du libraire si ce n’est que de faire un retour et un pilonnage de l’ouvrage au final et l’éditeur l »a bien compris. Quant à mes « photes d’ortografes et de francè » en aucun cas elles ne déforment mon propos.
Ps: Merci de ne plus me tutoyer
Je relis du Aidans,un peu désolé d’avoir éloigné le regard de ce très grand monsieur de la BD et du dessin réaliste.
Remis dans son contexte, c’est très chouette, d’une efficacité redoutable.Fluide,plein de petites trouvailles au service de la dynamique et de la narration.Un monsieur.
Le scénariste aussi prenait de l’ampleur,élégant,plein de promesses.Un élan coupé au milieu des années 80,hélas pour les lecteurs.
Il y a ces deux albums de la série Tounga,dans lesquels il avait changé sa technique d’encrage au pinceau pour utiliser des pointes fines et des feutres,avec lesquels il etait moins efficace et qui ont pu ternir l’ampleur de son succès auprès du public.Il y avait pourtant de belles choses.
La couverture d’un de ces deux albums »La dernière épreuve » compte parmi mes préférées de la BD,c’est pour moi une de ses plus belles.
Dans ces deux albums apparaissent les deux inoubliables soeurs jumelles de la tribu Hap’poï,Ilcha et Ulcha,au design très réussi et qui apportent beaucoup au récit,qui à ce moment s’ humanise dans une ambiance où l’incertitude et le danger permanent liés à cette époque sont palpables,ainsi que l’atmosphère perpétuellement humide et froide ,en opposition certainement recherchée à celle « tropicale » de Rahan, le célébrissime concurrent de Tounga.Du grand art.
Oui Edouard Aidans était quelqu’un, un vrai auteur de BD.Emblématique de son époque,pas encore tout à fait décomplexée et toujours sous l’emprise,même inconsciemment, de la censure qui avait si souvent tendu un doigt réprobateur.
Merci à lui pour tout.
La voilà la splendide couverture de Tounga ,chef-d’oeuvre d’évocation et d’ambiance.
Aquarelle et rehauts de gouache pour ce petit bijou d’un véritable auteur de BD:
https://www.2dgalleries.com/art/tounga-couverture-67830
Juste en passant;comme ça,joli témoignage de l’esprit du temps et explication s’il en était encore besoin de pas mal de choses:en ce moment je regarde sur le Net le travail de ce grand monsieur de la bande dessinée qu’est Edouard Aidans,une vraie redécouverte,un talent redoutable.
Quand on voit la côte quasi ridicule des ses planches originales en comparaison de la dimension et de la qualité de ce remarquable artiste de la BD,mise en regard,la côte, avec celle de bricoleurs de l’art séquentiel qui ont pignon sur média, malgré la multiplication des approximations concernant la précise et très fine grammaire de l’art de l »écriture BD,on tombe à la renverse.
Bah!!
Kamoulox
Un terme de culture populaire (quoique un peu branchouille,mais on ne se refait pas)vous n’êtes donc pas totalement perdu pour la cause!
Restez sur la brèche et focus,le roman graphique -un simple format- ne vous a pas encore totalement ramolli la comprenante.
Haut les coeurs.
J’ai eu le plaisir de rencontrer Aidans à plusieurs reprises.
C’était quelqu’un d’inoubliable, gentil, drôle sympathique..
Adieu ami!!!
C’est avec une grande tristesse que j’apprends tardivement le décès d’Edouard.
Je l’ai rencontré en vacances à Nerja en Andalousie en 1968 où 69 je ne sais plus.
Nous avons pendant trois semaines partagés des moments inoubliables dont un périple à Grenade dans sa nouvelle Toyota. Je garde de ces moments un souvenir merveilleux d’ambiance, d’amitié et de joie dans le décor somptueux de l’Alhambra. Cela restera dans ma mémoire jusqu’au bout de ma vie.
Nous nous sommes revus plusieurs fois à sa maison de Godinne. Mes activités à l’étranger ne nous ont pas permis de nous revoir par la suite.
Si un membre de sa famille ou quelqu’un peut me dire où est sa sépulture je ne manquerais pas d’aller lui dire adieu. Repose en paix mon très cher ami et qu’en haut tu ressentes les mêmes bonheurs que ces jours lointains.
Comme d’habitude, une petite inexactitude : « Les Saintes Nitouches » (c’est moi qui avais trouvé ce titre) était produit par P&T Production et étaient replacées chez Rob Harren pour ses magazines ROOIE OORTJES et KLEIN DEUIL (ce jeu de mot m’a toujours laissé pantois).
Merci JC de nous faire part de ta grande érudition dans le domaine de la BD flamande et de contribuer – avec ton apport – à faire de BDzoom.com un site de référence.
La petite erreur d’Henri Filippini (reprise dans de nombreux ouvrages sur la BD) est corrigée…
La bise et l’amitié
Gilles RATIER